Une réunion pour préparer la réunion. Il ne s’agit pas de la vie d’une entreprise mais de la vie de la Nation. Les chefs des partis de gauche, ainsi que les présidents des groupes de l’Assemblée et du Sénat, reçus par Emmanuel Macron, ce mardi à 14 heures, se voient pour une réunion de calage, avant le grand raout collectif, a appris publicsenat.fr de sources parlementaires.
Cette réunion, prévue à l’heure du déjeuner, rassemble les responsables du Parti socialiste, du parti Les Ecologistes et du PCF… mais sans LFI. « Ce n’est pas notre volonté mais de fait, c’est une réunion avec les participants à la réunion de l’Elysée, donc à trois », explique, presque gêné, un responsable socialiste. L’objectif est de se caler « pour tenir le même discours. Chacun peut avoir des choses un peu différentes à dire, à la marge, mais on est bien alignés depuis plusieurs jours », soutient-on au PS. « L’objectif est de s’accorder sur la parole que les groupes de gauche et écologistes auront cet après-midi lors de la réunion », confirme un conseiller écologiste, qui résume : « On va accorder les violons ».
« On demande la nomination d’un premier ministre de gauche »
De quoi « avancer unis, dans ce rapport de force », résume un hiérarque socialiste. Car la gauche entend rappeler à Emmanuel Macron et aux autres partis présents ses exigences, que le PS a couché sur papier, hier soir, dans une lettre adressée au chef de l’Etat : « Avant de rentrer dans le détail de contenus programmatiques ou des discussions, c’est la question de la méthode. On demande la nomination d’un premier ministre de gauche, qui soit en capacité de construire des compromis » et ainsi « reconnaître la réalité du scrutin du 7 juillet », résume ce responsable du PS. Soit les mêmes débats que l’été dernier.
La gauche, et le PS en l’occurrence, pousse donc toujours pour obtenir Matignon, alors que tous les sons de cloches qui viennent du camp macroniste contredisent cette hypothèse. Emmanuel Macron ne prendrait pas le chemin d’une nomination d’un homme ou d’une femme de gauche. « Ils ont déjà testé l’hypothèse d’un gouvernement, mis en minorité au bout de trois mois, et qui a été censuré. Ils peuvent être dans le déni, mais à un moment, dans la vie, il faut sortir du déni. Ou ils seront responsables du blocage. Si à la fin Emmanuel Macron décidait de nommer un Barnier bis, il aura la même fin que Michel Barnier », « mêmes causes, mêmes effets », lâche un haut gradé socialiste, qui prévient : « Nous ne sommes pas là pour servir de faire valoir au Président ».
A défaut d’être entendu sur Matignon, discuter a minima d’un pacte de non-censure ne viendrait que « dans un deuxième temps, et pas cet après-midi. Ce serait le rôle d’un premier ministre de défendre cela », soutient ce socialiste.
« Il n’y a aucune compromission à aller dans la même pièce à discuter avec des gens qui ne pensent pas la même chose »
Quant à la forte tension entre le PS et LFI, qui place le Nouveau Front Populaire en zone de forte turbulence, notre responsable PS appelle à « ne pas rester dans des formes de posture politique. Il n’y a aucune compromission à aller dans la même pièce à discuter avec des gens qui ne pensent pas la même chose que nous ». Surtout qu’à la fin, il n’est pas impossible que tout cela ne débouche sur rien, ou plutôt le constat d’un désaccord devant des lignes rouges respectives irréconciliables.