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[Info Public Sénat] Groupe LR du Sénat : Roger Karoutchi « candidat » à la succession de Bruno Retailleau

A la suite de la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, le sénateur LR des Hauts-de-Seine et ex-ministre des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, est candidat à la présidence du groupe LR du Sénat. Un vote aura lieu mardi 1er octobre. Tous les sénateurs LR devenus ministres, dont Bruno Retailleau, sont venus à la réunion de groupe.
François Vignal

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C’est pour l’heure le seul candidat déclaré. Le sénateur LR des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, se présente pour prendre la succession du patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, nommé ministre de l’Intérieur. Son nom circulait depuis plusieurs jours, comme publicsenat.fr l’évoquait le 9 septembre.

« Je suis candidat », a annoncé à Public Sénat et à l’AFP l’ancien ministre des Relations avec le Parlement, à la sortie de la réunion de groupe hebdomadaire. Cette dernière a été présidée par Bruno Retailleau, encore sénateur durant un mois, une fois nommé ministre. Le vote aura lieu mardi 1er octobre, à la veille du discours de politique générale du Sénat, prévu le mercredi 2.

« Tsunami »

Les autres sénateurs LR nommés ministres étaient également présents, comme Sophie Primas (Commerce extérieur), François-Noël Buffet (Outre-mer), Agnès Canayer (Famille et de la Petite enfance), Laurence Garnier (Consommation) et Marie-Claire Carrère-Gée (Coordination gouvernementale). Chacun a présenté auprès des sénateurs du groupe, qui compte 131 membres, le périmètre de son maroquin.

Depuis l’annonce officielle, samedi dernier, tout s’enchaîne pour ces néo-ministres. « C’est le tsunami » depuis sa nomination, glisse en arrivant l’un des nouveaux membres du gouvernement. « Un peu sous l’eau », un autre a pour « objectif » de terminer la constitution de son cabinet d’ici 48 heures, avant de se plonger réellement dans ses dossiers.

« Dans cette aventure gouvernementale, hautement risquée, je dois beaucoup à mon groupe », affirme Bruno Retailleau

Mais celui qui a fait un peu office de star, auprès des sénateurs LR, c’est Bruno Retailleau, applaudi dès son arrivée. En se présentant devant ses collègues sénateurs ce mardi matin, Bruno Retailleau a déjà voulu « leur dire merci ». « Dans cette aventure gouvernementale, hautement risquée, j’en ai bien conscience, je dois beaucoup à mon groupe, aux sénateurs, depuis 10 ans », rappelle à Public Sénat le nouveau ministre de l’Intérieur. Bruno Retailleau souligne au passage que « le Sénat s’est imposé. Jamais, dans aucun gouvernement de la Ve République, il y a eu une proportion telle de sénateurs. Je pense que le poids qu’a acquis le Sénat au sein de la République est très important. Et je le dois à mon groupe ». Regardez (images de Cécile Sixou) :

Un groupe qu’il pourra toujours retrouver, si d’aventure les choses se passent mal au gouvernement, entre risque du vote d’une motion de censure ou débuts déjà complexes avec le ministre de la Justice, Didier Migaud. Selon plusieurs sénateurs du groupe, « ce sera une solution d’intérim », en cas de départ du gouvernement de Bruno Retailleau. « C’est l’état d’esprit », confirme un autre membre du groupe LR. « Ça ne peut être qu’un intérim car on ne sait pas combien de temps durera le gouvernement… » glisse un sénateur LR.

« Il est important que le groupe marque aussi une certaine indépendance », selon Dominique Estrosi Sassone

L’idée d’un intérim pose cependant question pour certains. « Je pense qu’il ne faut pas que ce soit une solution intérimaire. Je pense qu’il est important d’avoir une véritable élection. Le président en tirera sa légitimité », a avancé, avant la réunion, la présidente de la commission des affaires économiques, la sénatrice LR Dominique Estrosi Sassone, qui n’est « pas candidate » à la présidence du groupe (voir la vidéo ci-dessous, images de Flora Sauvage). « On n’a pas le droit de laisser penser quelque part qu’il y aurait un intérim et qu’on continuerait à être “sous la tutelle de”, ce qui n’enlève rien à ce qu’a fait Bruno Retailleau. Mais vu ses fonctions, il est important que le groupe marque aussi une certaine indépendance, une autonomie », avance celle qui a « pendant 6 ans » été vice-présidente du groupe auprès de Bruno Retailleau. « L’idée d’un intérim, ça voudrait dire qu’on acte que le gouvernement ne durera que quelque temps », pointe par ailleurs un autre sénateur.

Avant la réunion, la question d’un vote semblait incertaine. « Mais Bruno Retailleau a été très clair : il ne faut pas que les gens se sentent obligé d’adouber quelqu’un qui aurait été coopté. Donc toutes les candidatures sont légitimes et bienvenues », explique un participant à la réunion.

Soutien « total au gouvernement Barnier, mais en gardant l’identité du Sénat »

Si Roger Karoutchi est élu, ce sera dans « la continuité, forcément un peu différente, du fait que Bruno Retailleau a été pendant 10 ans un président de groupe où on était dans l’opposition nationale. Là, c’est un peu différent, par définition. Mais c’est le même état d’esprit, la même forme de respect de toutes les options, de toutes les opinions », soutient le sénateur des Hauts-de-Seine. Une présidence qu’il mènerait « en soutenant totalement le gouvernement Barnier, mais en gardant l’identité du Sénat ». « On a défendu avec le groupe beaucoup de solutions fiscales, sur les retraites, l’immigration. Forcément, on attend de voir venir et on verra bien s’il faut redonner les positions du groupe », ajoute le sénateur LR, qui entend aussi préparer les prochains scrutins. « Beaucoup on fait des observations ce matin. Il y aura des municipales, des sénatoriales difficiles en 2026, donc le Sénat aura un rôle essentiel », avance l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy.

Roger Karoutchi est pour l’heure le seul candidat, avec à ses côtés les vice-présidents sortants du groupe, Frédérique Puissat et Laurent Somon, et le trésorier, Jean-Pierre Vogel. « Il faut, dans le moment, que le groupe montre une unité complète », glisse un sénateur qui a pu exprimer des critiques en interne, par le passé. Mais le sénateur des Hauts-de-Seine « pense qu’il y aura d’autres candidats ». « Quand Bruno était candidat pour la première fois, il y avait quatre candidats », rappelle Roger Karoutchi, « c’est assez normal qu’il y ait plusieurs candidats. C’est la démocratie, puis il y a un vote ».

Un autre vote interne devra avoir lieu pour remplacer Sophie Primas à la vice-présidence du Sénat et François-Noël Buffet à la présidence de la commission des lois. Pour ce dernier poste, la sénatrice LR Muriel Jourda pourrait se présenter. Le nom du sénateur LR de Paris, Francis Szpiner, circule aussi, selon certains. Le vote interne n’aura pas lieu avant trois semaines.

« C’est un malin Roger, il a une certaine expérience »

Le nom de l’ancien ministre semble largement salué par ses collègues. « Roger a été ministre des Relations avec le Parlement, il compte beaucoup », selon la sénatrice LR Pascale Gruny. « C’est une personnalité expérimentée. Je le soutiendrai », ajoute l’ancien ministre et sénateur LR du Nord, Marc-Philippe Daubresse.

« Il faut quelqu’un qui connaît très bien les rouages du Sénat. Et qui peut tenir le groupe », ajoute un sénateur LR. « C’est un malin Roger, il a une certaine expérience », confirme un autre, qui ajoute qu’« il a du caractère, mais on a du mal à se fâcher avec lui, il est assez consensuel ». Autre avantage, aux yeux du même : « Il sera capable d’incarner quelque chose dans les médias. Il est suffisamment identifié ».

« Ce ne sera pas facile de remplacer Bruno Retailleau »

Reste que succéder au sénateur de Vendée, qui a marqué de son empreinte le groupe, après près de 10 années passées à sa tête, ne sera pas forcément évident. « C’est quand même pas rien, le départ de Bruno Retailleau », avance une sénatrice, qui s’interrogeait la semaine dernière sur les conséquences possibles sur la cohésion du groupe, où les tendances sont en réalité diverses.

« Tout le monde apprécie Bruno Retailleau comme président de groupe car il a mis beaucoup d’huile dans les rouages, il est attentif aux autres. Il n’a jamais été un président de groupe dictateur, bien au contraire. C’est un leader attentionné. On est heureux de le voir à Beauvau, mais ce ne sera pas facile de le remplacer. Quelqu’un a dit durant la réunion, “tu as mis la barre très haut, Bruno” », rapporte un sénateur LR. Charge à son successeur de prendre la relève. En attendant le vote la semaine prochaine, les sénateurs ont prolongé leurs retrouvailles par un déjeuner, à l’Orangerie du Sénat. Avant que les nouveaux ministres ne s’éclipsent rapidement.

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