Darnaud

[Info Public Sénat] Groupe LR du Sénat : Mathieu Darnaud pourrait s’opposer à Roger Karoutchi pour succéder à Bruno Retailleau

Cela semble en très bonne voie, voire presque fait. Le sénateur LR de l’Ardèche, Mathieu Darnaud, se prépare à être candidat à la présidence du groupe LR du Sénat, après le départ de Bruno Retailleau pour l’Intérieur. Ses soutiens défendent une candidature de « renouvellement ». Mais d’autres pointent un mauvais « timing », avec un groupe qui risque de paraître divisé.
François Vignal

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L’histoire était écrite un peu trop vite. Roger Karoutchi ne devrait pas être le seul à briguer la succession de Bruno Retailleau à la tête du groupe LR du Sénat. Pour remplacer le sénateur de Vendée, nommé ministre de l’Intérieur, un autre candidat devrait se lancer : c’est Mathieu Darnaud, sénateur LR de l’Ardèche, selon les informations de publicsenat.fr. Plusieurs sénateurs du groupe confirment que le premier vice-président du Sénat va candidater. Contacté, Mathieu Darnaud n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de publier ces lignes.

« Il est en train d’appeler les uns les autres. Il m’a dit qu’il était candidat »

Les choses ont évolué durant la journée, l’hypothèse Darnaud passant d’une possibilité à une candidature qui semblait quasi officielle. « Beaucoup de gens le sollicitent. On parle de plus en plus d’une candidature Darnaud », confie d’abord un cadre du groupe. « Contrairement à Roger Karoutchi, qui nous a envoyé un mail de candidature, il n’a pas encore envoyé de mail. Mais j’ai eu confirmation qu’il avait été sollicité par certains collègues et qu’il allait se lancer », soutient un sénateur du groupe LR. « C’est possible, c’est une réflexion », glisse un autre. « J’ai cru comprendre que ce serait le cas », corrobore un sénateur, « c’est fort possible ». « Mathieu Darnaud est candidat a priori, même s’il n’a pas officialisé », va jusqu’à s’avancer un troisième. « Mathieu Darnaud, il a envie », ajoute encore un autre, qui « pense qu’il y aura quelque chose de plus officiel dans la journée ». Mais en fin d’après-midi, la boîte mail des sénateurs était toujours vide. « Il doit tâter le terrain pour voir ce qu’il en est », pense un de ses collègues, qui a été « sondé » par le sénateur de l’Ardèche. « Je lui ai dit : tu es taillé pour » », lance ce membre des LR.

Mathieu Darnaud s’est visiblement décidé. Un membre du groupe nous rappelle en fin de journée : « Il est en train d’appeler les uns les autres. Il m’a dit qu’il était candidat », confie ce sénateur LR. Un mail devrait « officialiser sa candidature demain », date limite pour se présenter. Ce sénateur, qui connaît bien le groupe, ajoute :

 Les choses sont très largement ouvertes. S’il se présente, c’est qu’il y va pour gagner. 

Un sénateur LR.

« On connaît la proximité de Mathieu Darnaud avec Gérard Larcher mais c’est plus compliqué que ça »

Mathieu Darnaud est connu pour être proche du président LR du Sénat, Gérard Larcher. Ce dernier a même poussé son nom, lors de la composition du gouvernement Barnier. De là à y voir un candidat soutenu par la présidence… Des sénateurs s’interrogent. « Certains disent qu’il serait poussé par Gérard Larcher. Que Roger serait le candidat de Bruno, contre le candidat de Gérard. Si c’est le cas, c’est dommage d’aller à l’affrontement. Mais ça me paraît étonnant », avance un sénateur LR. « On connaît la proximité de Mathieu Darnaud avec Gérard Larcher mais c’est plus compliqué que ça », tempère un de ses collègues, selon qui Bruno Retailleau et Gérard Larcher auraient vu l’intéressé hier soir pour discuter, ce qui n’a pas pu être confirmé.

En réalité, la grille de lecture serait différente. « C’est une candidature de renouveau », selon un sénateur. « C’est une candidature de renouvellement », confirme un autre, qui voit d’un œil favorable que l’élu de l’Ardèche se lance. Le même insiste : « Il ne faut vraiment pas opposer Bruno et Gérard là-dessus. La question, c’est le renouvellement ». « Je pense qu’il se lance sans l’accord du Président du Sénat », avance encore un autre.

« Volonté d’émancipation ou de prendre date »

Un membre du groupe rappelle que l’idée du renouvellement avait déjà été motrice, lors des votes internes pour les postes à responsabilité, après les sénatoriales de 2023. « Philippe Bas, Christian Cambon et Roger Karoutchi avaient perdu. Ce dernier avait eu 19 voix, lors du vote pour la présidence de la commission des affaires étrangères », souligne au passage ce sénateur LR. « Mathieu Darnaud, c’est plus la volonté d’émancipation ou de prendre date, avec un nouveau mode de gouvernance des sénateurs LR, une autre dynamique », analyse encore un sénateur, qui a préféré garder l’anonymat sur ce sujet, comme tous les sénateurs contactés.

La candidature de Roger Karoutchi a été plus ou moins explicitement présentée ou comprise comme un « intérim », qui permettrait à Bruno Retailleau de retrouver la place, s’il quittait le gouvernement, ou en cas de censure. C’est aussi ce point qui passe mal, pour une partie des collègues. « Peut-être que certains n’aiment pas cette perspective », dit pudiquement un élu. « L’intérim, c’est le sujet », confirme un autre. « Ça ne doit pas être une candidature d’intérim. Ce serait une faute politique », va jusqu’à dire un sénateur, qui ne veut pas rentrer dans « la logique de considérer que le gouvernement va sauter rapidement ». Face caméra, Dominique Estrosi Sassone, présidente LR de la commission des affaires économiques, affirmait elle-même mardi, à Public Sénat, préférer « une véritable élection » à « une solution intérimaire », souhaitant que « le groupe marque aussi une certaine indépendance ».

« Ce n’est pas le moment, franchement »

Mais à l’inverse, d’autres aimeraient voir Mathieu Darnaud renoncer. « Le principal frein, c’est de se dire, est-ce opportun ? », demande un sénateur LR, qui « trouve que ce n’est pas le moment, ce n’est pas le bon timing. Les circonstances sont exceptionnelles ». « Ce n’est pas le moment, franchement. Dans la tempête, la continuité est nécessaire », tance un autre. « On ne doit pas donner l’image d’un groupe coupé en deux, avec des divisions qui n’ont pas lieu d’être », glisse un troisième, qui « espère que d’ici le vote, prévu mardi, on n’aura qu’un candidat ».

Un sénateur se dit « surpris de la candidature probable de Mathieu Darnaud, car le poste de président de groupe est très politique. Et il n’a pas un positionnement politique, mais plus technique et territorial. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas capable de l’assumer. Mais je trouve que c’est un parfait 1er vice-président du Sénat ».

« Rampe de lancement vers le Plateau » ?

Faut-il voit aussi la présidence de groupe comme une possible rampe de lancement pour, un jour, viser le Plateau, soit la présidence du Sénat ? « Certains ont ce raisonnement, que ce sera une rampe de lancement vers le Plateau », confirme un membre du groupe, qui pense cependant « que ce ne serait pas un bon calcul. Être 1er vice-président, se singulariser sur des dossiers et ne pas être dans une démarche trop partisane est le meilleur moyen d’atteindre le Plateau ». « Je constate que Gérard Larcher n’a jamais été président de groupe », ajoute un autre.

Certains y ont vu la marque du Hibou, ce club informel de jeunes sénateurs, ou élus plus récemment, qui se retrouvent au restaurant du même nom, à deux pas du Sénat. « Les sénateurs que j’ai eus ne sont ni du Hibou, ni des Editeurs, qui est un autre club », balaie un élu contacté.

« En interne, on dit que c’est l’élection où l’électeur ment plus que le candidat »

Difficile de dire qui pourrait prendre le dessus dans ce vote à bulletin secret. « Mathieu connaît ses dossiers, il a de la repartie. Il est capable de mener. Je pense que ça ferait un bon candidat. Et c’est plutôt sain, ça fait de l’émulation », le soutient un sénateur LR. Pour certains, le choix sera difficile. « J’ai de l’amitié et de l’estime pour les deux. Les deux sont des personnalités fortes », salue-t-on. Reste à voir si des consignes seront données. « Celui qui tient le groupe, c’est Bruno. S’il tient clairement position pour Roger, Roger l’emportera », prédit un sénateur.

« La campagne est lancée », résume un membre du groupe, qui n’exprime pas sa préférence. Et pour cause. « En interne, on dit que c’est l’élection où l’électeur ment plus que le candidat, dans l’expression de son soutien… » glisse le même avec le sourire, avant de conclure : « Mardi soir, après le vote, nous avons un cocktail Place Beauvau, avec Bruno Retailleau. Ça va être une ambiance particulière ». On ne sait pas encore pour qui les sénateurs lèveront leur verre.

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