Industrie : Jordan Bardella veut « brader la France », accuse Roland Lescure
Publié le
Faire de la politique industrielle de la France un angle d’attaque pour contrer le Rassemblement national à l’approche des élections européennes : c’est le parti pris du ministre délégué chargé de l’industrie et de l’énergie, Roland Lescure. Tandis que la candidate de la liste Renaissance, Valérie Hayer, traverse une campagne morose, distancée plus de 15 points derrière Jordan Bardella dans la plupart des enquêtes d’opinion, Roland Lescure choisit son terrain pour attaquer le candidat d’extrême droite : « Ce que propose Jordan Bardella, c’est de brader la France », s’indigne le ministre de l’Industrie. En cause, la proposition du poulain de Marine Le Pen de remettre en cause les règles du marché européen de l’électricité.
Le marché unique, « une force » pour l’Europe
L’argument du Rassemblement national est le suivant : la France étant exportatrice d’électricité, pourquoi ne pas rétablir un prix français de l’électricité, uniquement basé sur les coûts de production d’EDF ? « La France exporte, sauf quand elle n’exporte pas. Il y a un an et demi on a manqué d’électricité : on était bien content d’être dans ce marché qui nous permettait d’avoir accès à des électrons », rétorque Roland Lescure. « Jordan Bardella, le Front national puis le Rassemblement national, ça fait 25 ans qu’ils ont une bataille de retard sur l’Europe et qu’ils les perdent toutes : ils étaient contre l’Europe, ils étaient contre l’Euro, ils étaient contre l’attractivité. Et sur l’énergie, une fois de plus, ils ont encore une bataille de retard ». A rebours du Rassemblement national, Roland Lescure prêche l’avantage que confère selon lui « le marché unique » européen, « la force de l’Europe ».
L’industrie automobile, instrument de campagne
Un marché unique où se joue une concurrence féroce entre ce qu’il reste d’industrie européenne et les exportations chinoises et américaines. Le secteur automobile est le dernier théâtre en date de cette lutte de l’industrie européenne. Et là encore, le clivage entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national est saillant. Face à l’interdiction de la vente des véhicules thermiques en Union européenne après 2035, certains craignent que l’industrie automobile du Vieux continent, pas encore prête à produire exclusivement des véhicules électriques ne soit noyée sous l’abondance de voitures produites en Chine. Raison pour laquelle Jordan Bardella propose de revenir sur cette interdiction. Une hérésie selon Roland Lescure : « Aujourd’hui, vous avez toute une filière qui s’organise, on crée 20 000 emplois à Dunkerque pour fabriquer des voitures électriques. Stellantis s’organise, Renault s’organise », assure le ministre. « Et lui [Bardella] il dit non non, on va attendre ». Les propositions du président du Rassemblement national trouvent pourtant l’oreille de bon nombre d’électeurs, inquiets de voir l’un des derniers bastions industriels européens s’effondrer face à la concurrence chinoise.
Le RN, marchand de peur ?
« C’est tellement typique de Jordan Bardella et ses troupes : on sent une inquiétude, on souffle dessus, on met le feu », tance Roland Lescure, qui assure au contraire chercher des solutions pour « faire de cette crise une opportunité ». « Ça fait 7 ans qu’on crée de l’emploi industriel en France, notamment dans les territoires dont le FN puis le RN se sont nourris du fait du désespoir, de l’inquiétude, de la désindustrialisation ». Le ministre promet « un million de véhicule assemblés en France » à court terme. « C’est pas grâce à Monsieur Bardella », pour qui « les obligations on verra plus tard », tacle Roland Lescure, considérant que le choix de repousser les contraintes revient à rester dépendant « vis-à-vis de la Russie, du Moyen-Orient, de la Chine ». « Evidemment, les véhicules électriques, si on les achète pas chez nous, ils viendront de Chine », assure le ministre. « A Dunkerque on a détruit 10 000 jobs depuis 15 ans, on va en créer 20 000 dans les dix ans qui viennent du fait de la vallée de la batterie. Je leur dis quoi moi à ces 20 000 personnes ? Oh bah non, vos jobs vous les aurez plus tard parce que Monsieur Bardella a considéré que le réchauffement climatique et la transition industrielle on verrait plus tard ? Non ! », martèle Roland Lescure.
Pour aller plus loin