Incendie à la mairie de Bordeaux : les sénateurs choqués par ce « vandalisme délibéré »

Incendie à la mairie de Bordeaux : les sénateurs choqués par ce « vandalisme délibéré »

Après le rassemblement contre la réforme des retraites, ce jeudi 23 mars, le porche de la mairie de Bordeaux a été incendié. Les soutiens et les condamnations affluent de toutes parts, tandis que la responsabilité de cet incident interroge. 
Henri Clavier

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Les images sont impressionnantes, vers 20 heures après la dispersion du cortège bordelais près de la place de la Victoire, le porche du Palais Rohan, qui abrite la mairie, brûle. Les flammes se propagent rapidement sur la devanture du portail qui donne sur la cour intérieure de la mairie, le bâtiment municipal a proprement parlé se trouvant après cette cour. Pierre Hurmic, maire Europe écologie les Verts (EELV) de Bordeaux, s’est dit « choqué et attristé ». Il a ensuite exprimé son « indignation par rapport à une telle violence contre la maison des Bordelais ». Interrogé sur l’identité des auteurs de l’incendie, Pierre Hurmic a affirmé qu’il n’est « pas adepte des déclarations prématurées ». Le préfet de Gironde, Etienne Guyot, affirme qu’un homme a été interpellé hier soir. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, pointe clairement, sur CNews, la responsabilité de l’extrême-gauche. Des déclarations hâtives alors que la police judiciaire mène une enquête et que Rue89 Bordeaux, en se basant sur des vidéos des incidents, indique que des individus d’extrême droite seraient à l’origine de l’incendie.

« La manifestation est passée devant la mairie, il n’y a pas eu de problème »

A Bordeaux, hier, les syndicats ont annoncé une mobilisation record de 110 000 personnes. « Je n’ai pas souvenir d’une manifestation aussi importante à Bordeaux », lance Monique de Marco, sénatrice écologiste de Gironde. Présente à la manifestation, la sénatrice décrit un cortège très calme pendant la journée. « Je n’ai pas vu, dans la manifestation, de gens qui pouvaient être des Black Block, il y avait beaucoup de jeunes mais ils étaient tout à fait pacifiques. » Dans ce contexte, la mairie avait été protégée pour le passage du cortège aux abords de la place Pey-Berland sans que l’on redoute une attaque des bâtiments municipaux. « La manifestation est passée une première fois devant la mairie vers 15 heures et il n’y a eu absolument aucun problème », précise Monique de Marco. L’attaque est d’autant plus choquante que les précédents rassemblements n’avaient pas laissé penser que de tels événements pourraient se produire. « C’est du vandalisme délibéré », considère Florence Lassarade, sénatrice Les Républicains de la Gironde. Une émotion partagée par Monique de Marco qui se dit « très choquée que l’on s’attaque comme ça à une mairie », et « ne s’explique pas la raison de cette violence ».

A Bordeaux, l’incendie du portail de l’Hôtel de ville rappelle très clairement les manifestations, très tendues des Gilets Jaunes pendant lesquelles la mairie était systématiquement ciblée. « Pendant les Gilets Jaunes il y avait, à chaque fois, des protections au niveau de l’Hôtel de ville et c’était une cible », note Monique de Marco. De son côté, Florence Lassarade constate que « peu importe la couleur politique de l’endroit, la mairie est visée, et c’est extrêmement grave ».

La question de la responsabilité ?

Si le ministre de l’intérieur n’a pas hésité à tenir l’extrême gauche comme responsable de l’incendie, une enquête doit encore établir l’identité et la motivation des auteurs. « Accuser l’extrême gauche de ces actes-là, je pense que c’est une grave erreur, rien ne justifie de s’avancer là-dessus », tempère Monique de Marco. La sénatrice écologiste note d’ailleurs, comme Rue89 Bordeaux, un renouveau de l’extrême droite à Bordeaux. « Il y a un regain d’agressivité et d’activité des groupuscules d’extrême droite sur Bordeaux qui profitent de la situation pour mener des actions sans rapport avec la réforme des retraites », considère Monique de Marco. Une référence aux récentes attaques contre le planning familial de Gironde.

« Je n’admets pas qu’on méprise les Français ou qu’on puisse se défouler comme ça avec des actes de violence »

Sans se prononcer sur l’identité des responsables, Florence Lassarade considère également que ces violences dépassent le mouvement de contestation de la réforme des retraites : « Je pense qu’il y a un climat d’insurrection qui remonte dans le pays, pas à cause de la réforme des retraites mais à cause de la désinvolture du chef de l’Etat ». Une situation de crise où le dialogue semble complètement rompu. Pour la sénatrice Lassarade, la réforme des retraites est devenue un « prétexte » pour le recours à la violence. « Je n’admets pas qu’on méprise les Français ou qu’on puisse se défouler comme ça avec des actes de violence », déclare la sénatrice LR qui a soutenu et voté la réforme des retraites mais déplore le comportement d’Emmanuel Macron. « Il y a absolument besoin de calmer le jeu, il faut désamorcer le sujet retraite », lance Florence Lassarade qui s’inquiète des tensions grandissantes dans toute la France.

 

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