Photo illustration d un titre de voyage pour refugie

Immigration : en commission le Sénat rejette le budget

Comme l’année dernière, la commission des finances a décidé de ne pas adopter les crédits de la mission immigration asile et intégration du budget 2024. Le rapport de la sénatrice LR Marie-Carole Ciuntu pointe un budget « incomplet » privilégiant les dépenses d’asile au détriment de « l’intégration ».
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est désormais une constante au Sénat à l’approche de l’examen du budget. La commission des finances a rejeté les crédits de la mission « Immigration asile et intégration » du budget 2024. La commission avait fait de même les deux années précédentes. Alors que le président de LR, Éric Ciotti, a proposé de réduire de moitié les subventions accordées à certaines associations d’aide aux migrants, la majorité sénatoriale de droite juge que le budget fait la part belle aux dépenses liées à l’exercice du droit d’asile au détriment de la lutte contre l’immigration irrégulière et l’intégration.

Si le coût global de la politique française de l’immigration s’élève à 7,9 milliards en 2024 (contre 7,1 en 2023), il est important de préciser que l’ensemble de ces crédits ne figurent pas tous dans cette mission budgétée à 2,16 milliards de crédits de paiement (limite supérieure des dépenses pouvant être payées pendant l’année), soit une hausse de 147 millions d’euros par rapport à l’année dernière.

Or, le rapport de la sénatrice LR Marie-Carole Ciuntu, adopté par la commission ce mercredi, rappelle le contexte migratoire, avec pas moins de 160 000 demandes d’asile en 2024. Le record jusqu’ici était de 132 826 demandes déposées en 2019.

Deux tiers des crédits de la mission sont liés à l’exercice du droit d’asile. L’hébergement des demandeurs d’asile est chiffré à 995,7 millions de crédits de paiement. A ce titre, 1 500 places supplémentaires d’hébergement pour les demandeurs d’asile et réfugiés vulnérables sont créées. Le parc pourrait atteindre 122 582 places en 2024. Mais, la rapporteure spéciale a jugé la réduction de la dotation pour l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) de 6,6 % (- 21 millions d’euros) par rapport à 2023, « trop optimiste ». En effet, le gouvernement table sur le raccourcissement des délais de traitement des demandes par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (l’Ofpra), dont l’objectif est fixé à 60 jours en 2024 contre 120 jours en début d’année 2023. Des délais « difficilement atteignables, a fortiori dans un contexte de forte hausse des demandes d’asile », note le rapport.

Si les dépenses en lien avec la lutte contre l’immigration irrégulière augmentent de 54 % en 2024, pour s’établir à 261 millions d’euros, elles restent « limitées face à l’ampleur des enjeux en matière d’immigration irrégulière en France ». « D’ailleurs, ces dépenses ne représentent qu’un peu plus d’un dixième des crédits de la mission en 2024 », relève la rapporteure spéciale. Ces crédits visent à répondre à l’objectif fixé par la LOPMI, porter à 3 000 places contre 1 800 actuellement, la capacité d’accueil des centres de rétention administratif (CRA).

Le rapport déplore, en outre, « des résultats insatisfaisants » en matière de lutte contre l’immigration irrégulière depuis quelques années. « Les retours forcés exécutés n’ont ainsi augmenté que de 13,1 % en 2022 (pour s’établir à 11 410 retours) par rapport à 2021 […] Ils restent inférieurs de 40 % au nombre de retours forcés constatés en 2019 ».

Enfin, pour les sénateurs, les 175 millions d’euros crédits en faveur de l’intégration des étrangers primo-arrivants, en hausse de 39 %, restent insuffisants. « Les dépenses en faveur de l’intégration, pourtant essentielle à une politique d’immigration réussie, ne représentent qu’environ un cinquième des crédits », déplore le rapport.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Immigration : en commission le Sénat rejette le budget
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Immigration : en commission le Sénat rejette le budget
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le