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Immigration, économie, institutions : que propose le Rassemblement national dans son programme pour les élections européennes ?

Largement en tête des sondages, le parti de Jordan Bardella ne prône plus officiellement une sortie de l’Union européenne, pierre angulaire du programme présidentiel de Marine Le Pen jusqu’en 2017. Mais, avec un slogan plus consensuel, la feuille de route du Rassemblement national s’oppose toujours à bon nombre des compétences de Bruxelles, au nom de la souveraineté nationale.
Rose Amélie Becel

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« Les élections européennes du 9 juin prochain sont l’occasion d’un basculement historique : soit la marche forcée vers un super-État européen centralisé, soit le retour des peuples à Bruxelles et à Strasbourg », expliquent, dans un avant-propos de leur programme européen écrit à quatre mains, Jordan Bardella et Marine Le Pen.

En une quarantaine de propositions, réparties en trois thèmes, le programme du Rassemblement national revendique ainsi une feuille de route européenne axée sur la priorisation des intérêts de la France.

Une Commission européenne « sans pouvoir décisionnaire, ni initiative législative »

Sans rupture radicale avec les institutions européennes, le parti prône une « stratégie tricolore », sorte de construction européenne à la carte. Feu vert pour une coopération « de bon sens » entre États membres sur l’intelligence artificielle, la protection civile, ou encore Erasmus. Feu orange pour soutenir certains projets européens « sous de nouvelles conditions », comme l’agence Frontex « à condition qu’elle soit autorisée à renvoyer les migrants illégaux », ou encore le marché unique « à condition de rétablir une concurrence loyale ». Le Rassemblement national affiche enfin plusieurs lignes rouges : « la gestion par l’UE de l’immigration », « toute forme d’élargissement de l’UE », « l’émission de dettes et la création d’impôts par Bruxelles ».

En campagne, Jordan Bardella a multiplié les attaques du bilan de l’actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Dans le troisième volet de son programme, qui rassemble plusieurs propositions pour « rendre le pouvoir aux peuples », le RN demande ainsi la transformation de la Commission en un « secrétariat général », « sans pouvoir décisionnaire, ni initiative législative ». Le parti souhaite également élargir le droit de véto des États membres au domaine du commerce, réduisant ainsi le périmètre des décisions pouvant être adoptées à la majorité qualifiée par le Conseil de l’Union européenne.

Opposé au pacte asile et migration, le RN défend le principe d’une « double frontière »

Parmi les vives critiques formulées par Jordan Bardella sur le bilan d’Ursula von der Leyen, le chef de file du RN fustige notamment l’adoption d’un pacte asile et migration. Le texte introduit notamment un principe de répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États membres, les pays qui s’y opposent devront s’acquitter de 20 000 euros d’amende par personne refusée.

Dans son programme, le RN défend ainsi le principe d’une « double frontière » : une première frontière européenne assurant « le refoulement des bateaux de migrants et le renvoi des personnes dans leur pays de départ », avait défendu Jordan Bardella à l’occasion de son débat contre Gabriel Attal, et une seconde frontière nationale limitant la libre circulation dans l’espace Schengen aux seuls ressortissants européens.

Une « pause règlementaire » pour les entreprises européennes

Consacrant le premier volet de son programme à la question des frontières, le Rassemblement national formule ensuite un certain nombre de propositions sur le plan économique et industriel. En matière énergétique, d’abord, la liste de Jordan Bardella s’oppose à la réforme des règles du marché européen de l’électricité et assure vouloir « baisser de 30 % à 40 % la facture d’électricité en rétablissant un prix français (…), proche des coûts de production sur le sol national ». Le RN rejette par ailleurs l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs d’ici 2035, préférant insister sur la promotion du « redéploiement massif du transport ferroviaire ». Sur le plan écologique, le parti s’oppose aux différents textes du Pacte vert européen, dénonçant une « écologie punitive (…) qui aggrave l’inflation des prix du quotidien ».

Ce second volet du programme, intitulé « L’Europe qui produit », formule également plusieurs propositions en direction des entreprises. Le Rassemblement national entend ainsi décréter « une pause réglementaire » et simplifier les règles appliquées aux entreprises européennes. Le parti souhaite, par exemple, l’abrogation de la directive sur le devoir de vigilance, qui engage la responsabilité des multinationales et de leurs filières en matière de respect des droits humains et environnementaux.

Enfin, sur les questions agricoles, le RN souhaite imposer « le respect des normes environnementales et sociales européennes » dans les importations. Un principe largement défendu par les listes concurrentes, alors que la crise agricole s’est imposé comme sujet majeur dans ce scrutin. Enfin, c’est aussi au nom de la défense de l’agriculture, face à une concurrence jugée déloyale, que la liste de Jordan Bardella entend s’opposer à tout élargissement de l’Union européenne aux pays des Balkans et à l’Ukraine.

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