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Ils quittent le Sénat : Valérie Létard, le terrain chevillé au corps
Par Steve Jourdin
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Ministre, vice-présidente du Sénat, conseillère municipale, conseillère départementale, Valérie Létard a mis au cœur de ses mandats le souci des plus fragiles et le combat pour l’émancipation des femmes. Sa recette ? La connaissance du terrain et la proximité avec les élus.
Valenciennes for ever
Pas facile de se faire un nom. Fille biologique de Francis Decourrière, élu européen et patron du club de foot, et fille spirituelle de Jean-Louis Barloo, député du Nord et maire de Valenciennes, Valérie Létard a dû cravacher pour prouver sa valeur. Mais elle n’oublie pas d’où elle vient, ni ce qu’elle doit à cette région violentée. « J’ai vécu le Valenciennois au moment où ce territoire a connu une énorme fracture. En dix ans, dans les années 1980, tout s’est écroulé. Dans le contexte de la désindustrialisation, tout un pan de territoire et de sa culture ont disparu. Il a fallu réinventer un nouvel avenir à la région » explique-t-elle au micro de Public Sénat.
C’est dans les années 1990 que cette jeune assistante sociale est repérée par Jean-Louis Borloo, maire de Valenciennes. « Il cherchait à recruter une nouvelle équipe, alors j’ai déposé ma candidature ! ». Coup de foudre immédiat. En 1991, Valérie Létard devient directrice de la politique de la ville.
La lutte pour l’émancipation des femmes
Son amour du terrain et sa proximité avec les élus lui ouvrent les portes de la Chambre haute en 2001. Elle bénéficie alors de la première application de la loi sur la parité, qui impose le principe de la parité à l’élection des sénateurs au scrutin de liste à la proportionnelle, dans les départements où sont élus trois sénateurs et plus. « Lors de mon premier mandat, j’ai mis un point d’honneur à travailler deux à trois fois plus les sujets. Je voulais montrer que les femmes étaient capables de faire au moins aussi bien que les collègues hommes ! ».
La lutte pour l’émancipation des femmes lui tient particulièrement à cœur. Quand on lui propose en 2008 de monter sur scène pour participer à une représentation de la pièce féministe « Les Monologues du vagin », elle n’hésite pas une seconde. « Je me suis retrouvé au milieu de femmes formidables ! (…) C’était un moment militant, on commençait alors à mettre en avant quelque chose qui n’a eu de cesse de revenir dans le paysage de notre société. Aujourd’hui encore, l’égalité entre les femmes et les hommes est la grande cause du quinquennat » rappelle-t-elle.
Du Sénat au gouvernement… avant le Parlement européen ?
Travailleuse acharnée, Valérie Létard s’impose en quelques années comme une personnalité incontournable du Sénat. Elle contribue à faire avancer des dossiers comme le revenu minimum d’activité ou encore l’harmonisation des prestations sociales. Elle participe aussi à de nombreux clubs et groupes de réfléxion : automobile, chasse, pêche, cheval. La panoplie de la sénatrice parfaite ? « C’est juste la traduction de ce que je suis ! (…) Je viens d’un village rural, c’est le fruit de mon histoire et de ma famille ».
La renommée nationale arrive en 2007. « C’est Nicolas Sarkozy qui m’appelle directement. J’étais dans Valenciennes en train de me balader. (…) Il me propose de m’occuper des politiques de solidarité au sein du gouvernement ». Jeune secrétaire d’Etat à la solidarité dans l’équipe de François Fillon, Valérie Létard est en charge des personnes âgées et de la parité hommes-femmes. « Ils cherchaient des élus qui avaient un profil social et qui soient reconnus dans le paysage » explique-t-elle.
Un passage au gouvernement qui s’inscrit dans le prolongement de son engagement politique. « Je suis libérale, car on est dans un monde libéral. Mais je suis aussi profondément sociale, car sans solidarité nous ne sommes pas un pays moderne. On ne doit pas laisser des gens sur le bord de la route ! » insiste-t-elle. A l’heure de quitter le Palais du Luxembourg, Valérie Létard assure que son combat politique n’est pas terminé. Certains l’imaginent déjà candidate aux européennes. Et elle ? « Je vais prendre le temps de retrouver les miens, on verra le reste ensuite ».
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