Paris: Manifestation contre extreme droite

« Il s’agit de s’unir contre le fascisme » : au Sénat, les écologistes défendent le nouveau « front populaire »

Après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, l’ensemble des partis de gauche ont annoncé avoir conclu une alliance pour les législatives. Alors que les conditions de cet accord ne semblent pas satisfaire Raphaël Glucksmann, le président du groupe écologiste au Sénat appelle l’eurodéputé Place publique à « se ressaisir ».
Rose Amélie Becel

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Que s’est-il passé ce 10 juin, au QG des Écologistes ? L’ensemble des partis de gauche sont-ils parvenus à un accord pour former « un nouveau front populaire », comme le laisse penser le communiqué commun partagé ce lundi dans la soirée ? S’agit-il simplement d’une « ouverture de discussion », comme l’affirme au contraire la co-présidente de Place publique Aurore Lalucq, dans un tweet publié quelques heures après ?

« C’est un accord pour travailler à un front populaire écologique et social, dont les termes précis restent à négocier », résume de son côté le sénateur écologiste Yannick Jadot. Au lendemain de la rencontre entre les chefs de file des partis de gauche, l’heure est donc toujours aux discussions pour convenir d’un programme commun.

« Il ne faut pas penser que les électorats sont irréconciliables à gauche »

Des discussions qui semblent se tendre heure après heure. « Il est irresponsable de refuser de discuter du rassemblement. Mais l’union ne peut pas se faire au prix du renoncement aux principes », affirme Raphaël Glucksmann sur Twitter. La veille, l’eurodéputé Place publique martelait sur le plateau du 20 heures de France 2 les cinq conditions fixées par son parti pour une union de la gauche : soutien « indéfectible » à la construction européenne, aide militaire à l’Ukraine, suppression de la réforme des retraites et de l’assurance chômage, accélération de la transition écologique, refus de « la brutalisation du débat public ».

Alors que l’heure est à l’union, le président du groupe écologiste au Sénat Guillaume Gontard refuse de croire à une défection de l’eurodéputé : « J’espère qu’il va vite se ressaisir. Il ne peut pas faire autrement, dans la situation actuelle nous n’avons plus trois blocs mais seulement deux : l’extrême droite d’un côté et la gauche et les écologistes de l’autre ». « Raphaël Glucksmann fait valoir ses arguments, mais il ne faut pas que ce soit un obstacle à une dynamique, il ne faut pas penser que les électorats sont irréconciliables à gauche », ajoute de son côté Yannick Jadot.

« Nous n’avons pas besoin d’être d’accord sur tout »

En position de force à gauche après avoir atteint près de 14 % des suffrages aux élections européennes, la tête de liste PS – Place publique tente d’imposer ses propres conditions, refusant implicitement de s’aligner avec les positions de La France insoumise, à l’image de l’accord conclu avant les élections législatives de 2022. Pour Yannick Jadot, « impossible » de renouer une alliance à l’image de la Nupes : « Nous n’avons pas le temps de formuler un accord de 400 pages comme en 2022, nous n’avons pas besoin d’être d’accord sur tout. Sur la question des retraites, par exemple, le sujet c’est de défendre l’abrogation de la réforme, pas de décider maintenant de quel régime de retraite nous voulons pour les dix prochaines années. »

Alors qu’aucun programme clair n’a pour le moment été défini, un mot d’ordre semble se détacher pour les écologistes du Sénat : organiser un front commun à gauche, malgré les divergences partisanes. « Il y aura toujours des choses qui nous différencieront, mais il faut réussir à exister ensemble. Il ne s’agit pas de faire en deux jours ce que nous avons fait en 2022, de définir les mêmes positions sur tout et entre tout le monde, mais de s’unir contre le fascisme », tranche la sénatrice Mélanie Vogel.

Après l’enjeu du programme, l’épineuse question des circonscriptions

Selon le communiqué signé ce 10 juin par les partis de gauche, le programme du « nouveau front populaire » se concentrera sur « les 100 premiers du gouvernement ». Une manière de limiter l’émergence de points de désaccords. Reste tout de même l’épineuse question des circonscriptions. Alors que le délai limite pour déclarer sa candidature pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet a été fixé au 16 juin, il reste en effet peu de temps à l’ensemble des partis de gauche pour s’accorder sur une répartition commune des candidats.

Si l’idée d’une reconduction des députés sortants paraît probable, le Parti socialiste demande à présenter plus de candidats qu’en 2022, où il ne figurait que dans 70 des 577 circonscriptions du pays. « Il y aura un rééquilibrage [en faveur du PS], tout le monde est d’accord là-dessus », annonce déjà le premier secrétaire du parti Olivier Faure au micro de Public Sénat.

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