Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.
« Il faut assumer les traditions, il y aura du foie gras à ma table » assure Julien Denormandie
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« Le drame en politique, c’est de sombrer dans le détail et d’oublier l’essentiel. » En ces temps de fêtes de fin d’année, Julien Denormandie préfère les citations de ministres gaullistes aux chants de Noël. Le ministre de l’Agriculture se place dans la lignée de son illustre prédécesseur, mais pas sûr qu’Edgard Pisani avait l’antispécisme en tête quand il avait prononcé ce bon mot. Parce que pour Julien Denormandie, « une vision politique qui repose sur la suppression des sapins ou du foie gras est un très bon exemple » de moment où « l’on sombre dans le détail. » Le point de départ de cette polémique de Noël, c’est la décision de certaines mairies écologistes de ne pas servir de foie gras dans des réceptions officielles au nom du bien-être animal.
« Cela pose une vraie question d’anthropologie »
« Personnellement j’ai la chance d’avoir un sapin chez moi, dont profitent mes quatre enfants, et je compte bien manger du foie gras à Noël » répond le ministre de l’Agriculture. On « sombre » effectivement assez loin dans le détail. Julien Denormandie y voit pourtant un élément essentiel de notre identité : « Est-ce que le foie gras fait partie de notre identité ? Oui. Mais est-ce que le débat se résume à dire qu’au titre du bien-être animal on va arrêter nos traditions du territoire et remettre en cause des éléments élémentaires de notre composition de femmes et d’hommes ? »
Le ministre de l’Agriculture va même plus loin et y voit un enjeu « anthropologique » : « Pour manger de la viande, il faut tuer un animal, et la fin est potentiellement assez tragique. Aujourd’hui on tombe dans une société où l’on va en arriver à dire qu’il faut arrêter de tuer les animaux pour les manger. Cela pose une vraie question d’anthropologie : l’acte de tuer l’animal ne serait plus acceptable. » C’est effectivement le raisonnement des défenseurs de la cause animale, mais pour Julien Denormandie, « il faut assumer que l’on a des traditions. » D’ailleurs, le ministre assume : « Il y aura du foie gras à ma table, à côté d’un beau sapin. » Repose en paix, Egard Pisani.