Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Haut-Karabagh : « La France n’a pas été à la hauteur de ce qu’elle devrait être », affirme Christian Cambon
Par Héléna Berkaoui
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Depuis le tout début du XXe siècle, le Haut-Karabagh est le théâtre d’un conflit opposant l’Arménie, à majorité chrétienne, et l’Azerbaïdjan, à majorité chiite. Le conflit gelé depuis 1994 s’est embrasé en juillet dernier et plus sérieusement le 27 septembre sur ce territoire montagneux de 440 kilomètres carrés. Soutenu par la Turquie, l’Azerbaïdjan s’est retrouvé en position de supériorité face aux Arméniens qui peuplent à 95 % le Haut-Karabagh.
La Russie est intervenue auprès de ces deux anciennes républiques de l’Union soviétique. Le 10 novembre, elle déployait 2 000 soldats pour enrayer la reconquête militaire de l’enclave disputée. Un accord tripartite a été signé entre les présidents russe, azerbaïdjanais et arménien, imposant la cessation immédiate des combats et l’instauration d’une force d’interposition. L’accord de cessez-le-feu total est depuis respecté scellant la défaite de l’Arménie qui perd le contrôle militaire du Haut-Karabagh.
La commission des Affaires étrangères du Sénat a auditionné à huis clos, ce mardi, les ambassadeurs d’Azerbaïdjan et d’Arménie. Alors que le Sénat va débattre ce mercredi d’une proposition de résolution portant sur la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh, le président de la commission, Christian Cambon souligne l’importance de cette résolution.
« Cinq groupes politiques portent cette résolution, ce n’est pas rien. Cela va influer sur nos relations avec l’Arménie, un pays ami », appuie Christian Cambon. En effet, cette proposition de résolution est soutenue par les principaux présidents de groupe : Bruno Retailleau (LR), Patrick Kanner (PS), Hervé Marseille (UC), Éliane Assassi (CRCE) et Guillaume Gontard (groupe écologiste).
Si elle est votée, ce qui risque fort d’être le cas, cette résolution aura seulement une portée symbolique. « C’est important parce que la France n’a pas été à la hauteur de ce qu’elle devrait être », affirme Christian Cambon. Malgré sa qualité de coprésidente - aux côtés de la Russie et des États-Unis - du « Groupe de Minsk », la France n’a pas été consultée dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Le président de la commission des Affaires étrangères soutient un engagement plus poussé notamment en ce qui concerne l’aide humanitaire à destination de l’Arménie.
Paris a d’ores et déjà envoyé un avion-cargo chargé de 20 tonnes d’aides gouvernementales, un autre de 50 tonnes doit partir le 27 novembre, incluant du matériel rassemblé par la communauté arménienne de France (tentes, couvertures, groupes électrogènes, médicaments). Les Arméniens ayant fui le Haut-Karabagh ont parfois brûlé leur maison de peur que leurs ennemis ne la récupèrent.
Sur le plan diplomatique, Christian Cambon appelle le gouvernement à s’appuyer sur les relations franco-russes, le Kremlin ayant une influence historique et forte dans le Caucase du Sud. « Il faut réactiver le groupe de Minsk », plaide-t-il encore. Le rôle de la Turquie « qui anime cette crise et veut étendre son influence » est par ailleurs fustigé.
Rapportant en substance, les auditions qui se sont tenues au Sénat, Christian Cambon souligne la qualité de l’intervention de l’ambassadrice d’Arménie venue avec des éléments sur les exactions présumées commises par l’Azerbaïdjan. L’homme de Bakou était plus évasif, selon Christian Cambon, niant par ailleurs la présence de mercenaires syriens envoyés par la Turquie aux côtés des forces azerbaïdjanaises. Ce dossier reste d’ailleurs un des points de crispation qui va être cité dans les négociations à venir.
Ce mercredi, la Haute assemblée débattra en séance publique de la proposition de résolution portant sur la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh.