C’est une parole rare en France. Au lendemain du sommet de la « coalition des pays volontaires » qui a réuni, le 27 mars dernier, 31 pays à Paris pour imaginer une force de réassurance dans le cadre d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, le président finlandais rappelle dans l’émission Ici l’Europe que si le déploiement de 20 à 30 000 soldats peut « aider un peu, ce n’est pas pour aller en première ligne ». Il dit miser davantage sur le renseignement, la « situation dans les airs, dans les mers » et que la protection apportée l’Ukraine « n’est pas une question de soldats », qui est assez « symbolique ». Pour le dirigeant scandinave, l’Ukraine dispose de « 400 000 soldats » entraînés et formés, qui sont déjà en première ligne.
La Finlande occupe une position particulière en Europe. Seul État nordique à avoir adopté l’euro, ce pays de 5,6 millions d’habitants membre de l’Union européenne depuis 1995, a adhéré à l’OTAN en 2023 sur fond de guerre en Ukraine et partage 1300 kilomètres de frontière avec la Russie.
« Je voudrais bien voir l’Ukraine dans l’OTAN un jour » affirme Alexander Stubb
Interrogé sur la possibilité d’un cessez-le-feu partiel de 30 jours limité aux infrastructures énergétiques et civiles, il défend la nécessité d’un cessez-le-feu complet : « C’est la seule possibilité ». Pour le chef de l’État finlandais, « les Ukrainiens veulent un cessez-le-feu complet, les Européens veulent un cessez-le-feu complet, les Américains veulent un cessez-le-feu complet, mais qu’est-ce que font les Russes ? Ils proposent un cessez-le-feu partiel et en plus demandent d’autres conditions. C’est une stratégie de négociation de Poutine, donc il ne veut pas de cessez-le-feu », poursuit-il. Afin d’éviter un nouveau conflit à l’avenir, le Finlandais explique vouloir « voir l’Ukraine dans l’OTAN un jour ».
Vers une « Union européenne à la carte » ?
Partisan d’une Europe de la défense, l’ancien premier ministre finlandais plaide pour le réarmement du continent. « Nous sommes une Union de paix, c’est clair », selon Alexander Stubb, cependant, « on a toujours eu des grands projets », assure-t-il. « Avant, c’était le marché intérieur, c’était l’euro, maintenant, ce sera la défense ».
Garder l’allié américain
Mais l’Europe aura du mal à se passer totalement des États-Unis, admet-il. Alors, à la question de savoir si le gouvernement de Donald Trump est encore notre allié, le président finlandais répond : « J’espère que oui. Ce sera très important de continuer notre dialogue avec l’administration américaine et le président français Emmanuel Macron fait un très bon travail », avance-t-il. Si « ce n’est pas une situation facile maintenant », il souhaite « continuer de travailler avec les Américains ».
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