A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
Guerre en Ukraine : « La proposition de dialogue montre que tout ne se passe pas comme prévu pour Vladimir Poutine »
Par Steve Jourdin
Publié le
La Russie a affirmé ce jeudi être ouverte à un dialogue avec l’Ukraine à condition que celle-ci accepte les « nouvelles réalités territoriales ». Est-ce un pas dans la bonne direction de la part de Vladimir Poutine ?
Il s’agit d’une formule habile, mais qui ne peut pas être acceptée du côté ukrainien. Il faut certes accueillir favorablement tout ce qui mène sur le chemin des négociations, mais il est impossible de le faire sur les bases fixées par Vladimir Poutine car le conflit actuel vise précisément coté ukrainien à reconquérir ce qui lui a été volé.
Imaginez que l’Espagne et l’Italie décident d’incorporer les régions Auvergne-Rhône-Alpes ou Aquitaine, avant de nous proposer de négocier ? Accepter ces termes, cela reviendrait à créer un précédent dangereux. La Chine se sentirait ensuite en position de force pour envahir Taïwan. La proposition russe montre en fait que tout ne se passe pas comme prévu pour Vladimir Poutine.
Ce mercredi, pour la première fois, la France a annoncé qu’elle allait livrer à l’Ukraine des chars de combat de facture occidentale. Est-ce que vous saluez cette décision ?
C’est une décision qui s’inscrit dans le droit fil de l’engagement que nous avons pris pour aider l’Ukraine face à l’agression russe. La France tient sa place, au même titre que d’autres pays occidentaux.
Il s’agit là d’un nouveau cap, que la Russie nous a fait passer en s’attaquant ces dernières semaines à des objectifs civils, notamment des cibles énergétiques. Nous intensifions donc notre réponse et l’adaptons à l’agression russe.
Emmanuel Macron a parfois été critiqué pour la tiédeur du soutien français à l’Ukraine. Est-ce que cette annonce est un moyen de faire taire les critiques ?
Je suis sceptique vis-à-vis des critiques et des déclarations émises par certains pays européens à notre encontre, car elles ne correspondent pas toujours aux faits. La France a raison d’être discrète sur ces sujets. Nous remplissons parfaitement notre rôle de soutien à Kiev, et pour des raisons de sécurité la France ne doit pas donner tous les détails de ce qu’elle fait pour l’Ukraine. Il existe des appuis plus discrets dont on ne fait pas la publicité.
En décembre, un classement du Kiel Institute for the World economy, un think-tank allemand, plaçait la France en 10e position pour son soutien militaire à Kiev. En fait-on suffisamment pour l’Ukraine ?
Il faut prendre en compte toute l’aide que la France apporte aux voisins de l’Ukraine. Nous sommes par exemple mobilisés en Roumanie dans le cadre de la mission Lynx, nous effectuons des opérations de surveillance de l’espace aérien en Pologne et dans les pays baltes avec l’envoi d’avions Rafale.
Certains pays font des annonces tonitruantes, mais les faits sur le terrain ne corroborent pas ces annonces. De notre côté, nous remplissons notre rôle, et il ne faut pas perdre de vue que nous sommes encore mobilisés au Sahel. Il nous faut tenir nos engagements, sans se départir de nos moyens militaires, de nos armes et de nos munitions.
Précisément, avons-nous vraiment les moyens de nos ambitions ? Le général Bruno Clermont, auditionné au Sénat début décembre, estime que nous manquons d’équipements militaires…
Délivrer des chars de combat AMX-10 ne nous met pas en danger, car nous avons en notre possession des chars Leclerc qui sont à la pointe de ce qui se fait en matière d’artillerie. Nous faisons un choix politique : défendre l’Ukraine. Et ce choix exige de mettre les moyens, en acceptant de faire des efforts pour venir en soutien à nos alliés. Il faut comprendre qu’aider l’Ukraine participe très largement à la défense de l’Europe et de la France.
La loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 sera examinée dans les mois qui viennent, quelles sont les exigences du Sénat en la matière ?
Le texte sera examiné au Parlement au mois de juin, et nous en discuterons avant cela en commission. Pour l’heure, les arbitrages au niveau de l’exécutif n’ont pas été rendus, donc nous attendons de connaître la teneur des choix du gouvernement avant d’émettre un avis. Ce qui est certain c’est qu’il convient de renforcer nos moyens afin de répondre à nos ambitions. Cette loi doit porter un souffle et un projet, tout en tenant compte du contexte budgétaire compliqué. Le Sénat a d’ores et déjà mis en place des groupes de travail afin d’éclairer nos positions et, éventuellement, d’amender la loi qui sera présentée.
Il ne s’agit pas de demander des moyens pour le plaisir d’en demander, mais de faire en sorte que ces demandes correspondent aux risques de conflictualité pour les années à venir. On voit notamment que l’irruption de l’espace dans la problématique militaire est à prendre en considération. L’utilisation de drones mérite également d’être mieux soutenue, ainsi que le renseignement qui est devenu une partie importante de la prise de décision.