« Nous considérons qu’à un moment il faut avancer, qu’il faut proposer, qu’il faut chercher des solutions. Et je regrette que LFI n’en soit pas ». Les tensions entre les socialistes et les insoumis vont-elles faire éclater le Nouveau Front populaire ? Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS semble avoir pris le leadership à gauche ces derniers jours, cherchant à obtenir la nomination d’un Premier ministre de gauche, sur la base d’un accord de non-censure à l’Assemblée nationale.
« Par égard pour les Français, on ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner. Visiblement, il ne veut pas le faire », commente le socialiste auprès de Public Sénat, en marge d’une réunion organisée au Palais du Luxembourg entre les parlementaires PS, alors qu’Emmanuel Macron devrait annoncer un nouveau Premier ministre d’ici demain soir.
« On avisera selon ce que sera la décision du président »
« Nous sommes sur une position très simple : nous voulons un Premier ministre de gauche. Après, on avisera selon ce que sera la décision du président », explique Olivier Faure. Alors que le nom de François Bayrou circule pour Matignon, le patron du PS rejette cette hypothèse. « L’évidence, c’est qu’Emmanuel Macron ne peut pas ou ne devrait pas reconduire quelqu’un qui a accompagné sa politique pendant sept ans. Les Français veulent le changement et Bayrou c’est la continuité », martèle le député de Seine-et-Marne.
« Il est clair que pour nous, notre participation au gouvernement, c’est un Premier ministre de gauche et rien d’autre », appuie Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat.
« Nous ne sommes pas retombés dans le piège de cet été »
Les principaux dirigeants du NFP, reçus à l’Elysée mardi à l’exception de LFI, ont proposé au chef de l’Etat de gouverner sans avoir recours au 49.3, en échange de quoi les oppositions s’engageraient à ne pas déposer de motion de censure. De leur côté, les insoumis, Jean-Luc Mélenchon en tête, veulent pousser Emmanuel Macron à la démission et déclencher une présidentielle anticipée, car ils estiment que le chef de l’Etat est la cause principale de la crise politique qui paralyse les institutions depuis la dissolution.
« Si nous n’obtenons pas un Premier ministre de gauche, la négociation se déportera sur les conditions d’une non-censure », glisse un poids lourd de la gauche sénatoriale. « Nous ne sommes pas retombés dans le piège de cet été, où nous étions tous rangés derrière un nom, celui de Lucie Castets, et il avait suffi au président de le refuser pour écarter la gauche », explique cet élu qui estime que l’exécutif est désormais contraint de négocier avec la gauche au nom de la stabilité.
« En échange de la recherche du compromis, on peut faire l’effort de ne pas censurer, mais ça veut dire qu’il faut qu’il y ait des compromis, qu’il faut qu’il y ait des victoires, qu’il faut qu’il y ait des changements, il faut qu’il y ait la possibilité de dire aux Français que non, nous ne sommes pas condamnés à vivre et revivre pendant les trois prochaines années ce que nous avons déjà vécu pendant sept ans », avertit Olivier Faure. Des compromis qui pourraient potentiellement sceller une rupture définitive avec LFI. « Nous, on avance ! », balaye Patrick Kanner. Et l’un de ses collègues de conclure : « Grand bien nous fasse ! »
Avec Quentin Calmet