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Gouvernement Attal : la nomination surprise de Rachida Dati au ministère de la Culture

L’arrivée de Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy (2007-2009), au très convoité ministère de la Culture est la principale surprise de ce remaniement. Les Républicains, menacés de disparitions après une longue série d’échecs électoraux, perdent du même coup l’une de leurs principales figures.
Romain David

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Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux et actuelle maire LR du VIIe arrondissement de Paris, a été nommée ministre de la Culture ce jeudi 11 avril. Une nomination surprise, véritable coup de théâtre de ce remaniement, qui parachève un peu plus le phagocytage de la droite par le camp présidentiel. À la tête d’un ministère prestigieux et très convoité, elle succède à Rima Abdul-Malak, recadrée publiquement en décembre par Emmanuel Macron pour avoir évoqué le retrait de la légion d’honneur à l’acteur Gérard Depardieu, visé par des accusations d’agression sexuelles.

« Emmanuel Macron, c’est pas mon pote ! »

Réputée pour son franc-parler, se voyant régulièrement attacher une réputation de sniper politique, cette sarkozyste historique a pourtant régulièrement multiplié les attaques à l’égard de la majorité. « Emmanuel Macron n’a pas de cap, pas de projet, pas de direction », avait-elle estimé sur LCI au lendemain de la présidentielle. « Emmanuel Macron, c’est pas mon pote ! », lâche-t-elle encore quelques mois plus tard sur TMC. Durant la bataille des retraites, en revanche, son discours s’est montré plus nuancé, elle se dit notamment favorable à un accord de gouvernement, alors que sa famille politique n’a cessé de s’étioler depuis la défaite de François Fillon en 2017.

Interrogée en juillet dernier au micro de RTL quant à une possible nomination à Matignon, alors que les rumeurs sur le départ d’Élisabeth Borne allaient bon train, Rachida Dati avait répondu « non », assurant vouloir se concentrer sur la mairie de Paris, pour laquelle elle a déjà été candidate deux fois.

Garde des Sceaux

Deuxième d’une famille modeste de onze enfants d’origine algéro-marocaine, elle suit des études d’économie après avoir échoué à faire médecine. Elle intègre en 1997 l’Ecole nationale de la magistrature. Conseillère technique au ministère de l’Education nationale sous l’ère François Bayrou, elle participe notamment à une mission de médiation sur l’épineuse question du port du voile.

Devenue conseillère de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était au ministère de l’Intérieur, elle récupère le portefeuille de la Justice en 2007. Rachida Dati est la troisième femme à accéder à ce poste après les socialistes Élisabeth Guigou et Marylise Lebranchu. Durant son passage place Vendôme, elle est notamment chargée d’orchestrer le virage sécuritaire promu par le candidat Sarkozy pendant sa campagne électorale. Elle fait introduire dans le droit français le principe de la « rétention de sûreté » – que d’aucuns responsables politiques voudraient désormais renforcer face à la menace terroriste -, et adopter la loi du 10 août 2007 qui instaure les peines plancher. Elle quitte son portefeuille après avoir été élue au Parlement européen en 2009, où elle effectue deux mandats.

Figure de proue de la droite parisienne

Devenue maire du VIIe arrondissement en 2008, Rachida Dati s’impose comme le fer de lance de l’opposition de droite dans la capitale. Ses nombreuses piques et saillies lors des séances du Conseil de Paris à l’égard d’Anne Hidalgo, dont elle fustige régulièrement le bilan financier, ont été abondamment commentés et relayés sur les réseaux sociaux. Sa nomination au gouvernement pourrait annoncer la fusion de la droite parisienne et de la macronie, qui peine à s’implanter dans la capitale, avant les municipales de 2026.

Reste à savoir si le camp présidentiel et le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, s’accommoderont de son franc-parler. « Rachida, c’est du caractère ! », a relevé ce jeudi après-midi sur BFM TV l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

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