L’ancien maire de Lyon Gérard Collomb, ancien sénateur, ex-ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Macron, s’est « éteint paisiblement auprès des siens » samedi soir à l’âge de 76 ans, selon les mots de son épouse Caroline, et le décès du baron lyonnais a suscité une pluie d’hommage.
Le président de la République et son épouse ont salué dans un communiqué samedi sa mémoire. « Un ami cher », « un maire qui voua ses talents exceptionnels de dialogue et d’imagination pour bâtir une ville à son image », un « homme d’Etat qui incarnait l’ascension et l’autorité républicaines », lui ont-ils rendu hommage.
Trop à gauche pour certains, trop à droite pour d’autres, Gérard Collomb n’aura tout au long de sa vie suivi qu’une seule boussole, celle de l’attachement à sa ville de Lyon et la volonté de dépasser les clivages politiques. Pragmatique, l’homme au cuir épais a toujours cherché à sortir des idéologies, tout en assumant ses choix et ses prises de position.
Fils d’ouvrier
Issu de l’aile droite du Parti socialiste, Gérard Collomb, est le fils d’un ouvrier métallurgiste et d’une femme de ménage. Né à Chalon-sur-Saône, il grandit dans le quartier de la Part Dieu de Lyon, et intègre le prestigieux lycée du Parc grâce à ses facilités en latin et en grec, avant de suivre des études de lettres classiques pour devenir professeur agrégé. Membre de l’UNEF, il adhère au Parti socialiste en 1971. Candidat malheureux aux élections législatives de 1973, Gérard Collomb est élu conseiller municipal de Lyon à 30 ans en 1977 et député à 34 ans.
Traversée du désert
Une carrière politique qui connaît un départ fulgurant avant une longue traversée du désert. Elu député en 1981, il est battu aux législatives de 1989. S’il reste conseiller municipal, il devra patienter 25 ans dans l’opposition avant de ravir la mairie à la droite qui régnait en maître sur la capitale des Gaules depuis les prémices de la Ve République. Le successeur de Raymond Barre va être réélu triomphalement en 2008 et en 2011 faisant de sa ville le laboratoire de la gauche « plurielle », rassemblant des communistes, des écologistes et des centristes. Au cours de ses trois mandats de maire, il va multiplier les chantiers pour transformer la ville. Son cheval de bataille, la sécurité, va le conduire à développer la vidéo surveillance et à augmenter les effectifs de police, tout en rapprochant police municipale et police nationale.
Opposé au non-cumul des mandats
En 1999, Gérard Collomb devient sénateur après la démission de Franck Sérusclat. Réélu en 2004 puis en 2014 à la Chambre Haute, il devient membre de la commission des lois. Sénateur du Rhône et maire de Lyon, Gérard Collomb est farouchement opposé à l’interdiction du cumul des mandats. Selon lui, « l’expérience locale est extrêmement importante pour faire la loi ». Mais avec la loi de 2014 sur le non-cumul des mandats, qui interdit de détenir en même temps un mandat de parlementaire tout en étant à la tête d’un exécutif local, il doit abandonner son fauteuil de sénateur.
Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron
Malgré la victoire de François Hollande en 2012, sa stature de baron socialiste, sénateur maire de la troisième ville de France, ne va pas lui ouvrir les portes d’un quelconque ministère parisien. Il lui faudra attendre encore quelques années avec la création du mouvement En marche en 2016. Cette fois Gérard Collomb choisit de soutenir Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie de l’industrie est des finances, qu’il voit comme un fils spirituel. C’est l’un des premiers élus de poids à soutenir Emmanuel Macron. Un soutien qui va le conduire à quitter le Parti socialiste pour adhérer à la République en marche.
Lyon le « laboratoire du macronisme »
« Lyon a été le laboratoire du macronisme », rappelait-il avec fierté. En repérant le jeune candidat à la présidentielle, il lui ouvre ses réseaux, l’accompagne dans sa conquête du pouvoir, et gagne par là même une stature nationale. Snobé par ses amis socialistes, c’est finalement Emmanuel Macron qui lui offrira un portefeuille ministériel. Et pas n’importe lequel, celui de ministre de l’Intérieur, un ministère d’Etat. Il porte le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme visant à transposer dans le droit commun certaines mesures de l’état d’urgence. Il défend ensuite le projet de loi sur l’asile et l’immigration qui va susciter des tensions. Puis dans le cadre de l’affaire Benalla, Gérard Collomb est accusé par ses opposants d’avoir menti par « omission » en s’abstenant de porter à la connaissance du procureur de la République les délits présumés commis par le chargé de mission responsable de la sécurité du président de la République.
Ministre de l’intérieur, une expérience en demi-teinte
Une expérience Place Beauvau en demi-teinte et de courte durée puisqu’il abandonne son ministère 18 mois plus tard en posant sa démission pour rentrer à Lyon et s’occuper de « sa » ville. De retour dans son fief, battu à la métropole, et après 19 ans passés à la tête de la mairie de Lyon, Gérard Collomb quitte la vie politique par la petite porte.