Gabriel Attal : « Il y a une frustration à quitter mes fonctions au bout de huit mois seulement »

Dans son discours de passation, le Premier ministre sortant n’a pas caché sa déception de voir ses fonctions s’achever si tôt. Il assure toutefois quitter Matignon avec « le sentiment du devoir accompli », listant les nombreux chantiers à venir pour Michel Barnier.
Rose Amélie Becel

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Après un court entretien en privé avec Michel Barnier, Gabriel Attal a débuté son discours de passation de pouvoir en saluant l’expérience « quasiment inégalée du service de l’État » de son successeur. « Quelqu’un qui a mené à bon port des négociations aussi dures que celles sur le Brexit doit savoir manœuvrer dans le paysage politique français que nous connaissons aujourd’hui », a fait remarquer l’ancien Premier ministre.

« Huit mois, c’est court. C’est trop court. »

Des propos consensuels, avant une prise de parole bien plus politique. Si Gabriel Attal a évidemment tenu à remercier « chaleureusement » le président de la République, il s’est ensuite montré à plusieurs reprises en parfait désaccord avec sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. « Huit mois, c’est court. C’est trop court. Et, je ne le cache pas, il y a évidemment une frustration à quitter mes fonctions au bout de huit mois seulement », a-t-il souligné.

La frustration, c’est encore le sentiment qui semble dominer lorsque Gabriel Attal évoque le bilan de son court passage à Matignon. « Il y a le sentiment du devoir accompli dans le temps qui m’a été imparti », a-t-il estimé, avant d’affirmer que « dans d’autres circonstances » son gouvernement aurait « permis à des Français de vivre mieux, aux classes moyennes de retrouver pleinement leur place dans la société et à la France d’être plus forte encore ». Critique à peine voilée à l’encontre de la dissolution prononcée par le chef de l’État.

De nombreux chantiers laissés sur la table de Michel Barnier

En énumérant les chantiers auxquels il s’est attelé, Gabriel Attal a donc surtout listé les dossiers inachevés, qu’il espère voir repris par son successeur. Sur la santé, l’ex-Premier ministre indique avoir « travaillé ces derniers mois pour doubler le nombre d’étudiants en médecine d’ici 2027 » : « Ce travail devait être présenté cet été, il est sur votre bureau Monsieur le Premier ministre. »

Gabriel Attal laisse également sur le bureau de son successeur un « plan d’adaptation au changement climatique », des mesures pour œuvrer à la « désmicardisation » de la France et un projet de loi pour « répondre à l’aspiration des Français à l’autorité à tous les étages ». L’ex-Premier ministre a également appelé le futur gouvernement à « faire prospérer » les textes dont l’examen au Parlement a été interrompu par la dissolution, notamment sur les sujets de l’agriculture et du logement.

« La politique française est malade, mais je crois en sa guérison »

Mais c’est avec une note d’optimisme que l’ancien locataire de Matignon a tenu à poursuivre son discours : « La politique française est malade, mais je crois à sa guérison. La guérison est possible, à condition que nous acceptions de tous sortir du sectarisme, de sortir des coups politiques, d’arrêter de tout voir en noir. »

En quittant Matignon, Gabriel Attal va désormais occuper pleinement ses fonctions de président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale. Un rôle qui l’amènera certainement à échanger régulièrement avec Michel Barnier, qui doit désormais éviter la censure des députés. « Pas de censure automatique », mais « pas de chèque en blanc », a déjà promis le parti présidentiel Renaissance après sa nomination. De son côté, Gabriel Attal donne en tout cas le ton : « La liberté sera au cœur des valeurs qui m’animeront dans les mois et les années à venir. »

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