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Gabriel Attal : bébé Macron ou nouveau Sarkozy, quel est le style du nouveau Premier ministre ?
Par Simon Barbarit
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A peine nommé à Matignon, Gabriel Attal faisait son premier déplacement à la rencontre des sinistrés des inondations dans le Pas-de-Calais. La mine grave de circonstance, le Premier ministre fait part à une commerçante de la sollicitude du gouvernement. « Vous êtes l’incarnation de cette France qui travaille, laborieuse, qui se lève tôt le matin […] On est avec vous et je vais suivre évidemment tout ça de très près ».
« La France qui se lève tôt », la référence est trop flagrante pour ne pas être relevée par les commentateurs. Pour son premier déplacement sur le terrain au contact des classes moyennes silencieuses, le jeune et ambitieux Gabriel Attal vient de placer Nicolas Sarkozy parmi ses références. « Il a l’énergie. Il s’exprime très clairement en essayant d’être au plus près des préoccupations des Français. Il a une ambition à toute épreuve pour son pays et surtout l’audace. C’est le point commun entre Gabriel Attal, Nicolas Sarkozy et même Emmanuel Macron », relève sobrement Franck Louvrier, maire de La Baule, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.
« C’est un jeune qui parle à un électorat âgé »
Au-delà de la petite phrase, la proximité des parcours et des traits de caractère de l’ancien chef d’Etat et du nouveau Premier ministre ne saute effectivement pas aux yeux. « Il n’a pas cette agressivité ou ce côté franchement chaleureux. C’est plutôt un double d’Emmanuel Macron. Un bébé Macron qui comme lui n’a pas eu le temps de grandir dans le sérail politique tout en étant l’incarnation de la réussite. Il vient aussi de la gauche, il est jeune donc en ce sens, il présente une forme de modernité tout en se positionnant sur des idées de droite, conservatrices. Il est d’ailleurs très populaire auprès des électeurs de droite. C’est un jeune qui parle à un électorat âgé, celui d’Emmanuel Macron », observe Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences-Po et président de MCBG Conseil.
Sur X (anciennement Twitter), commence à fleurir les comparaisons de Unes de presse décrivant, le jeune ministre Emmanuel Macron de 2016 et le jeune Premier ministre, dans les mêmes termes : « prodige », « ascension fulgurante », « bon élève », « homme pressé » …
Comme Emmanuel Macron lui, Gabriel Attal bénéfice d’une forte couverture médiatique et d’une bonne cote de popularité. Le baromètre politique Odoxa de novembre, réalisé par Mascaret pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale, le plaçait second des personnalités politiques suscitant le plus de soutien ou de sympathie (35 %) à égalité avec Marine Le Pen, derrière Edouard Philippe (40 %)
« Il vaut mieux pour le Président, une Attalmania qu’une multiplication d’Attalistes »
Ses adversaires pointent le « vide politique » du locataire de Matignon dissimulé derrière de brillants coups de com. Ses passages dans différents ministères – les deux derniers étant le Budget et l’Education nationale, en l’espace d’un an et demi – ont été trop courts pour qu’un bilan tangible se dégage. « Il n’a pas forcément l’envergure pour mener des grands chantiers ni pour rassembler la majorité. Mais il n’a pas été nommé pour ça. C’est un profil tactique destiné à affronter les échéances électorales, éviter le désastre aux Européennes et aux municipales. Il n’a pas le profil techno d’Élisabeth Borne ou Jean Castex, c’est un Premier ministre de combat qui est là pour raviver la flamme de 2017 en renouant avec une partie de l’électorat de gauche que le Président a perdu avec la loi immigration », analyse Philippe Moreau Chevrolet.
« Je ne crois pas qu’il ait été nommé dans l’optique des Européennes mais plutôt pour lutter contre les extrêmes et réussir la deuxième partie du quinquennat. Et pour ça, rien de mieux que de nommer un Premier ministre populaire. Mais l’objectif d’Emmanuel Macron n’est pas de préparer un présidentiable. Il vaut mieux pour le Président, une Attalmania qu’une multiplication d’Attalistes », tempère de son côté, Franck Louvrier.
Mis à part son cercle rapproché de collaborateurs, Gabriel Attal ne dispose pas de troupes de réseaux, ou d’appareil à l’inverse de Nicolas Sarkozy ou d’Emmanuel Macron en leurs temps. Mais il a fait preuve d’un très bon sens tactique pour freiner les ambitions de successeurs potentiels d’Emmanuel Macron. « Ses déclarations sur l’Abaya ont complètement torpillé la rentrée politique de Gérald Darmanin. En ce sens il est très utile à Emmanuel Macron. Reste à savoir s’il est en capacité d’être utile à lui-même », note Philippe Moreau Chevrolet.
« Il est même plus Brigitien que Macronien »
De par ses idées conservatrices, Gabriel Attal n’est que peu attaqué sur sa droite et l’extrême droite. Sa popularité fait que ses opposants n’ont pas d’intérêt à s’en prendre à lui frontalement. Le Premier ministre est également un homme prudent et évite soigneusement certains sujets, comme la loi immigration, tout en ménageant ses adversaires, se montrant bien moins cinglant que Gérald Darmanin dans les hémicycles. Il se met momentanément dans la poche bon nombre de sénateurs en annonçant son plan de lutte contre la fraude fiscale et sociale avec la promesse de s’inspirer des travaux de la Haute assemblée. « On progresse tous. On évolue tous. Passez du temps au Sénat, ça forge un homme », flattera-t-il en n’hésitant pas à parler de « superprofits » lors de l’examen du budget 2023, un terme pourtant honni par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.
Quelques mois plus tard, lors de la réforme impopulaire des retraites, le ministre délégué du budget, n’hésite pourtant pas à monter au front, malgré les réticences de son entourage. « Taxer les plus riches, taxer les grands groupes, cela peut toujours être séduisant mais l’impôt de trop, ça commence par taxer ceux qui sont en haut et ça finit par frapper ceux qui sont en bas », déclare-t-il à l’adresse des sénateurs de gauche qui préconisaient cette solution pour équilibrer le système de retraites. Au 20h de TF1, il vient vanter une réforme en faveur des « Français de classe moyenne qui se lèvent le matin pour aller travailler ». La France qui se lève tôt, déjà.
« Gabriel Attal choisit quand même des combats consensuels : la sécurité, l’autorité, la République laïque, l’éducation, la lutte contre le harcèlement scolaire, l’uniforme à l’école… En ce sens, avec cette ligne conservatrice, laïque et Républicaine, il est même plus Brigitien que Macronien », relève Philippe Moreau Chevrolet.
Brigitte Macron a d’ailleurs adoubé le jeune Premier ministre ce mercredi sur TF1. « Il est courageux, audacieux, c’est un homme d’action », a-t-elle loué affirmant ne pas avoir encore repéré des défauts ». Des propos laudateurs qui ne sont pas sans rappeler ceux qu’elle tenait à propos de son mari en octobre 2016 jugeant qu’Emmanuel Macron avait « une forme d’intelligence qui embrasse tout ».
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