« Attal Président ». Ce dimanche 6 avril, le parti Renaissance organisait un grand rassemblement à Saint-Denis, à la Cité du Cinéma. L’occasion pour son secrétaire général, Gabriel Attal, de se positionner à deux ans de l’élection présidentielle. Devant les militants du parti, l’ancien Premier ministre s’est attaqué à Marine Le Pen après sa condamnation pour détournement de fonds publics, mais a également présenté les premières lignes d’un « changement profond » qu’il entend porter pour les deux prochaines années, avant 2027. Une « façon d’installer sa propre candidature », estime le journaliste.
Ecole, travail, défense européenne…
« Changement profond ». L’ancien Premier ministre n’a cessé de répéter ces mots en présentant le projet de Renaissance aux militants présents à la Cité du Cinéma, comme un slogan de pré-campagne. Au programme ? Une « zone euro-défense » à la manière de la zone euro pour « mener à bien des projets industriels communs » avec certains pays de l’Union, mais également des pays non-membres comme le Royaume-Uni, ou encore la proposition d’un « référendum pour détaxer massivement le travail » et lutter contre le chômage. Il a aussi lancé des chantiers au sein de son parti, sur le retour à l’autorité, mais également en matière d’économie et d’environnement. Elan qu’il souhaite poursuivre en proposant de nouvelles conventions thématiques d’ici la fin du mois d’avril.
Mais si Gabriel Attal n’a employé que le « nous » lors du discours, la question du « je » se pose aujourd’hui. Pour le journaliste politique des Echos Grégoire Poussielgue, « c’est un nous qui veut forcément dire « je » ». Ce rassemblement était une façon « d’installer sa propre candidature », et cette stratégie est « assez classique », selon lui. Après plusieurs mois comme secrétaire général de Renaissance, Gabriel Attal pose les premières lignes de son projet, notamment dans les domaines régaliens, afin d’annoncer « sa candidature d’ici un an et demi » à l’élection présidentielle de 2027, soupçonne-t-il.
« Tout le monde fait semblant d’oublier qu’il y a Edouard Philippe »
Cependant, ce discours intervient alors qu’Edouard Philippe, ancien Premier ministre également, s’est d’ores et déjà porté candidat à l’élection présidentielle. Et dans les sondages, c’est bien le fondateur d’Horizons qui remporte la manche au sein du bloc central. En effet, selon le sondage Elabe pour BFMTV-La Tribune Dimanche publié samedi 5 avril, Edouard Philippe se hisse devant Gabriel Attal, en obtenant 20,5 à 24 % des voix, contre 18 % pour le député EPR, selon les différentes hypothèses. Si lors de son discours, Attal a déclaré ne pas vouloir « s’embourber dans des luttes intestines », taclant au passage les partis de gauche, qu’en pense le maire du Havre, présent lors de cette journée de rassemblement ?
« Tout le monde fait semblant d’oublier qu’il y a Edouard Philippe », affirme Grégoire Poussielgue. Les ténors du bloc central ne souhaiteraient pas, aujourd’hui, aborder la question de l’incarnation pour 2027. Mais en se positionnant ce dimanche, Gabriel Attal veut se poser en « candidat naturel », mettant ainsi de côté la suggestion de Gérald Darmanin, d’une primaire du centre et de la droite. Gabriel Attal souhaiterait « éviter une primaire », selon le journaliste : Renaissance considère cette pratique comme une « machine à perdre » : « Macron s’est imposé sans en 2017 », il faudrait alors faire de même.
Le rassemblement en soutien à Marine Le Pen a « redonné du tonus » au meeting de Renaissance, selon Grégoire Poussielgue
En parallèle se déroulait le rassemblement en soutien à Marine Le Pen, après sa condamnation lundi 31 mars dernier dans le cadre du procès des assistants parlementaires européens du FN (ex-RN). Gabriel Attal en a donc profité pour répondre à la candidate déchue : « Tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique » a-t-il clamé sous les applaudissements des sympathisants Renaissance.
Ce meeting, visant la « démonstration de force », a aussi permis au parti Renaissance de s’imposer comme « la force politique la plus anti-Le Pen », selon les mots Grégoire Poussielgue. Une « belle opportunité » pour le camp d’Attal, qui n’est pas sans rappeler la stratégie d’Emmanuel Macron lors des deux dernières élections présidentielles. Ce duel virtuel entre la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, et Gabriel Attal a finalement « redonné du tonus » au rassemblement de Renaissance. Néanmoins, aujourd’hui Marine Le Pen se maintient entre 32 et 36 % au premier tour de l’élection présidentielle, selon le dernier sondage Elabe, faisant figure de favorite.