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Futur Premier ministre : les personnalités de gauche qui pourraient faire consensus  

Emmanuel Macron poursuit ses consultations sur le futur Premier ministre. Si l’hypothèse Lucie Castets à la tête d’un gouvernement NFP a été écartée, les noms d’autres personnalités de gauche circulent pour occuper l’Hôtel de Matignon.
Alexandre Poussart

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Alors que le président de la République continue de consulter la classe politique sur la nomination du futur Premier ministre, et après avoir balayé l’idée d’un gouvernement du Nouveau Front populaire dirigé par Lucie Castets, les profils d’autres personnalités de gauche sont évoqués pour occuper le poste.

Bernard Cazeneuve, l’homme de gauche qui plaît au centre-droit

Le profil de Bernard Cazeneuve se démarque le plus parmi les différentes hypothèses. Premier ministre durant les 6 derniers mois du quinquennat de François Hollande, ministre de l’Intérieur ayant fait face aux attentats terroristes de 2015 et 2016, Bernard Cazeneuve bénéficie de l’expérience requise pour le poste. « C’est un homme d’Etat, avec une hauteur de vue, une connaissance des dossiers. On oublie aussi qu’il a été aussi ministre du Budget : il saura redresser les finances publiques mal gérées par Bruno Le Maire depuis 7 ans », estime Rachid Temal, président délégué du groupe socialiste au Sénat.

Politiquement, Bernard Cazeneuve semble pouvoir aller chercher des voix du côté du bloc central macroniste, voire même de la droite. « Bernard Cazeneuve est un parfait républicain avec qui on peut travailler », juge le sénateur LR Roger Karoutchi. « Le message à retenir des élections législatives, c’est le front républicain anti RN. Et Bernard Cazeneuve est au barycentre politique de ce front républicain », analyse Bernard Jomier, sénateur Place publique de Paris.

En revanche, s’il peut obtenir le soutien d’une partie des députés socialistes, divisés dans cette période de consultations d’Emmanuel Macron (lire notre article), ce fidèle de François Hollande devrait s’attirer les foudres des autres partis de gauche et notamment de La France insoumise qu’il combat politiquement depuis des années. En 2022, Bernard Cazeneuve avait quitté le Parti socialiste, opposé à l’alliance de la NUPES, et en juin dernier, il avait vivement critiqué « l’attelage surréaliste du Nouveau Front populaire toujours sous l’hégémonie de LFI. » Les écologistes semblent aussi hostiles à ce profil. « Quel programme de gauche Bernard Cazeneuve a-t-il proposé aux Français aux législatives ? », interroge Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat. « Il est très isolé, il n’a personne derrière lui à part quelques députés socialistes. Même François Hollande est derrière Lucie Castets et le NFP. »

Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouen qui appelle « au compromis » avec les autres forces républicaines

Saint-Ouen: Karim Bouamrane Mayor of Saint-Ouen
Crédits photo : Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen.

Autre personnalité de gauche qui a le vent en poupe dans cette période de consultations pour Matignon, Karim Bouamrane, le maire socialiste de Saint-Ouen sur Seine, en Seine-Saint-Denis. L’élu local de 51 ans a réalisé une percée médiatique fulgurante, bénéficiant de l’effet des Jeux Olympiques, qui se sont déroulés en partie dans sa commune, avec notamment un long portrait louangeur dans le New York Times. Une lumière qu’il pourrait transformer en capital politique dans la course à Matignon. « Karim est un militant de gauche de longue date, un très bon maire qui se bat pour l’excellence des services publics pour tous dans sa commune », estime Rachid Temal.

Il y a dix jours, dans une interview au journal La Voix du Nord, Karim Bouamrane n’excluait pas d’accepter une nomination en tant que Premier ministre : “Si jamais le président de la République me faisait l’honneur de me proposer Matignon, je me retournerais vers ma famille politique car on ne peut accepter cette fonction sans disposer d’une dynamique pour construire un chemin vers les mesures nécessaires en faveur des bas salaires, des services publics, de la santé, du logement et de la sécurité”, indiquait-t-il. L’élu socialiste estime que le “le futur gouvernement doit être représentatif du poids de chacune des formations républicaines” et appelle à « un compromis global qui permettra à la gauche d’éviter l’instabilité institutionnelle”.

« Karim Bouamrane fait ce que n’a pas fait le Nouveau Front populaire, c’est-à-dire s’adresser aux autres formations politiques pour leur dire que conscients que la gauche n’a qu’une majorité relative, nous sommes prêts à faire évoluer notre programme », explique Bernard Jomier. « Lucie Castets a été aussi très claire sur sa volonté de travailler avec les autres formations politiques que la gauche pour trouver des majorités au Parlement », lui répond Guillaume Gontard qui ne croit pas à une personnalité de gauche qui rassemblerait davantage de députés que ne pourrait le faire Lucie Castets.

Pierre Moscovici, l’expert des finances publiques

Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes
Crédits photo : Credit:Clement Tissot/SIPA/2304131231

Alors que l’examen du budget 2025 au Parlement approche à grands pas, dans un contexte d’aggravation du déficit public et de la dette, le profil de Pierre Moscovici, actuel Premier président de la Cour des Comptes, ancien ministre de l’Economie de François Hollande, est également cité pour diriger le gouvernement. Ses anciennes fonctions de Commissaire européen lui permettraient de dialoguer plus facilement avec Bruxelles qui vient de placer la France en procédure de déficit excessif. « Il pourrait montrer qu’on peut redresser nos finances publiques, sans forcément faire des coupes sombres dans les dépenses mais en augmentant aussi nos recettes fiscales qui ont été drastiquement baissées par Emmanuel Macron depuis 7 ans », juge Rachid Temal. « Pierre Moscovici s’est quand même retiré de la vie politicienne depuis dix ans pour servir l’Etat », rappelle néanmoins Bernard Jomier. « Sa nomination abaisserait le niveau d’engagement politique du Premier ministre. Attention à ne pas former un gouvernement de technocrates sans orientation politique, ce serait une erreur. » (lire notre article sur un éventuel gouvernement technique)

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