La fusion entre TF1 et M6 devra aboutir avant le printemps 2023, ou l’opération tombera à l’eau. Pour le groupe Bouygues, actionnaire principal de TF1, le temps presse. Auditionné au Sénat, son directeur général Olivier Roussat a insisté : « Il est absolument nécessaire que les actionnaires de TF1 et M6 soient connus au plus tard au mois de novembre 2022 », afin que le CSA dispose d’un délai d’analyse suffisant avant le renouvellement de l’autorisation d’émettre des chaînes, prévu pour mai 2023.
L’avis de l’Autorité de la concurrence sur le dossier est aussi attendu de pied ferme. L’institution a entamé à la rentrée les tests de marché destinés à sonder les acteurs de l’audiovisuel et de la publicité sur le rapprochement entre les deux poids lourds de la télévision française. A n’en pas douter, des inquiétudes poindront quant à la position dominante du géant à naître : « La fusion envisagée ferait naître un groupe d’un chiffre d’affaires de pratiquement 3,5 milliards d’euros […]. Il regrouperait dix chaînes de télévision et un tiers de l’audience totale », a resitué Sophie Primas, sénatrice LR et présidente de la commission des affaires économiques. « Il disposerait surtout de 75 % du marché publicitaire de la télévision française. »
« Le statu quo n’est pas possible »
Face à la concurrence de plus en plus féroce des plateformes de streaming, Netflix en tête, le rapprochement entre TF1 et M6 apparaîtrait pourtant indispensable, a justifié Olivier Roussat. « D’un côté, on a des contenus de plus en plus chers, de l’autre des revenus publicitaires qui sont plutôt en train de baisser. […] Le statu quo n’est pas possible et nous devons bouger », a-t-il martelé, évoquant une baisse de 40 % du temps passé devant la télévision linéaire à l’horizon 2024.
Fusion TF/M6: face, au streaming; "le statu quo n'est pas possible", prévient Olivier Roussat
Interrogé par le sénateur communiste Jérémy Bacchi sur l’éventualité d’une vente de chaînes, le directeur général du groupe Bouygues a confirmé que la fusion n’ira pas sans des ajustements structurels, notamment liés au respect de la législation anti-concentration des médias : « La loi prévoit un nombre maximum d’autorisations pour un groupe audiovisuel de sept chaînes diffusées […]. Quand on regroupe les deux groupes, on a dix autorisations, il y en a donc trois de trop […]. Sur le choix de vendre des chaînes ou de rendre des canaux, ce sera directement lié à l’existence d’acquéreurs potentiels. »
TF1/M: "Cette fusion interroge sur sa faisabilité", selon Jérémy Bacchy
Si aucun nom de chaîne n’a été évoqué devant les commissions du Sénat, Les Echos révélaient en septembre dernier que Gulli, TFX, TF1 Séries Films ou 6Ter pourraient être dans le viseur. « Tout cela va être discuté avec l’Autorité de la concurrence. On est tout au début du processus […]. La discussion autour de ces engagements n’aura pas lieu avant une phase avancée du printemps », a tenu à tempérer Didier Casas, secrétaire général du groupe TF1, invité aux côtés d’Olivier Roussat. Alain Weill, propriétaire de l’hebdomadaire L’Express, s’est d’ores et déjà déclaré intéressé par le rachat d’une chaîne des groupes TF1-M6, en vue de créer L’Express TV.
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