FN: de l’avortement, Marion Maréchal-Le Pen déporte le conflit sur sa gouvernance

FN: de l’avortement, Marion Maréchal-Le Pen déporte le conflit sur sa gouvernance

Le conflit au sein du FN sur l'avortement s'est déporté dimanche sur la gouvernance du parti avec une violente charge de Marion Maréchal-Le Pen...
Public Sénat

Par Guillaume DAUDIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le conflit au sein du FN sur l'avortement s'est déporté dimanche sur la gouvernance du parti avec une violente charge de Marion Maréchal-Le Pen contre Florian Philippot mais aussi, de manière plus feutrée, contre Marine Le Pen, qui tente de calmer le jeu.

Tout est parti de l'IVG. Marion Maréchal-Le Pen a remis lundi en cause son remboursement "intégral et illimité". Après un recadrage immédiat de Marine Le Pen, Florian Philippot, son bras droit, a qualifié sur BFMTV la députée du Vaucluse de "seule et isolée" sur cette question, déclenchant en retour un mouvement de soutien de certains cadres locaux envers la benjamine de la famille Le Pen.

"Les choses n'en resteront pas là", promettait un soutien de la députée. Chose faite dimanche, avec un entretien dans le JDD au ton courroucé.

Marion Maréchal-Le Pen (2eD) et Florian Philippot(C) lors du 1er mai 2013 à Paris
Marion Maréchal-Le Pen (2eD) et Florian Philippot(C) lors du 1er mai 2013 à Paris
AFP/Archives

Les propos de Florian Philippot ? "Une agression". La ligne du FN ne se définit pas "tout seul sur BFMTV", attaque la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui retourne l'accusation de M. Philippot en disant qu'il a été lui-même "minoritaire" sur des positions récentes.

Mais "Marion", comme tous l'appellent en interne, n'épargne pas non plus "Marine", et pour la première fois s'en prend à sa manière de diriger le FN: "Il n'y a pas eu de débat en interne" sur l'IVG. "Je découvre sa position", a assuré la députée, différente de celle de 2012 "défendue avec beaucoup de courage et de talent".

A l'époque, Marine Le Pen s'en prenait aux "avortements de confort" et prônait le déremboursement de l'avortement "en cas de besoins budgétaires". En 2011, elle disait même sans ambiguïté qu'il fallait "cesser de rembourser l'avortement".

Dimanche, la candidate à la présidentielle a expliqué cela par des "concessions" accordées à l'époque aux partisans de son rival pour la présidence du FN en 2011, Bruno Gollnisch.

Alors que la nièce s'inquiète d'une "banalisation" de l'avortement, Marine Le Pen a appelé à éviter les "chicayas" sur ce sujet "lunaire", y compris pour les "patriotes", au moment où la France affronte une situation "grave".

Marine Le Pen discute avec deux soutiens à Saint-louis, sur l'Ile de la Réunion, le 27 novembre
Marine Le Pen discute avec deux soutiens à Saint-louis, sur l'Ile de la Réunion, le 27 novembre
AFP

"Lunaire", un mot qui fait écho à celui de Florian Philippot en avril, qui s'était fait reprocher d'avoir dit que l'abrogation du mariage gay, réclamée ouvertement par Mme Maréchal-Le Pen, intéressait aussi peu que "la culture du bonsaï".

Elue présidente du FN en 2011, réélue à 100% en 2014, Marine Le Pen juge le débat définitivement "tranché. Je n'ai pas de concession à faire, enfin plus", a-t-elle tenté de clore, appelant aussi, dans une phrase semblant viser M. Philippot, à "avoir des propos bienveillants les uns à l'égard des autres".

- 'Ras-le-bol général' -

Mais il n'est pas sûr qu'elle éteigne ainsi l'incendie, au moment où sa nièce, tout en assurant de sa "loyauté", exprime pour la première fois aussi franchement ses désaccords et promet de "s'exprimer" prochainement.

L'entourage de la députée décryptait récemment: "Marion ne se dit pas qu'elle va être présidente à 32 ans", c'est-à-dire en 2022. Mais elle s'agace du fonctionnement interne, car "chaque intervention télé de Philippot, c'est une nouvelle position" du FN qui ne serait pas débattue.

Pour un responsable local FN, "le cautionnement absolu que donne Marine Le Pen à Philippot commence à lui rejaillir dessus, elle se met à découvert". Le chef d'orchestre de la stratégie électorale, qui cristallise l'hostilité de certains cadres frontistes, "n'a pas d'équivalent en termes d'impunité", abonde un conseiller régional, pour qui il y a "un ras-le-bol général" à son égard.

Pour un "mariniste", au contraire, la députée est en tort, même si "la phrase de +Florian+ est peut-être maladroite...". Marine Le Pen s'était elle-même inquiétée au printemps devant des proches que sa nièce "s'enferme dans une image de catholique conservatrice."

Mais pour un autre "mariniste", la personnalité de Marine Le Pen pose aussi problème à l'approche de la présidentielle : "Sa spécialité? C'est de ne pas trancher. Elle n'est pas autoritaire". Elle a pourtant, en août 2015, fait exclure un autre Le Pen: son père.

Dans la même thématique

FN: de l’avortement, Marion Maréchal-Le Pen déporte le conflit sur sa gouvernance
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

FN: de l’avortement, Marion Maréchal-Le Pen déporte le conflit sur sa gouvernance
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le