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FN: de l’avortement, Marion Maréchal-Le Pen déporte le conflit sur sa gouvernance
Par Guillaume DAUDIN
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Le conflit au sein du FN sur l'avortement s'est déporté dimanche sur la gouvernance du parti avec une violente charge de Marion Maréchal-Le Pen contre Florian Philippot mais aussi, de manière plus feutrée, contre Marine Le Pen, qui tente de calmer le jeu.
Tout est parti de l'IVG. Marion Maréchal-Le Pen a remis lundi en cause son remboursement "intégral et illimité". Après un recadrage immédiat de Marine Le Pen, Florian Philippot, son bras droit, a qualifié sur BFMTV la députée du Vaucluse de "seule et isolée" sur cette question, déclenchant en retour un mouvement de soutien de certains cadres locaux envers la benjamine de la famille Le Pen.
"Les choses n'en resteront pas là", promettait un soutien de la députée. Chose faite dimanche, avec un entretien dans le JDD au ton courroucé.
Les propos de Florian Philippot ? "Une agression". La ligne du FN ne se définit pas "tout seul sur BFMTV", attaque la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui retourne l'accusation de M. Philippot en disant qu'il a été lui-même "minoritaire" sur des positions récentes.
Mais "Marion", comme tous l'appellent en interne, n'épargne pas non plus "Marine", et pour la première fois s'en prend à sa manière de diriger le FN: "Il n'y a pas eu de débat en interne" sur l'IVG. "Je découvre sa position", a assuré la députée, différente de celle de 2012 "défendue avec beaucoup de courage et de talent".
A l'époque, Marine Le Pen s'en prenait aux "avortements de confort" et prônait le déremboursement de l'avortement "en cas de besoins budgétaires". En 2011, elle disait même sans ambiguïté qu'il fallait "cesser de rembourser l'avortement".
Dimanche, la candidate à la présidentielle a expliqué cela par des "concessions" accordées à l'époque aux partisans de son rival pour la présidence du FN en 2011, Bruno Gollnisch.
Alors que la nièce s'inquiète d'une "banalisation" de l'avortement, Marine Le Pen a appelé à éviter les "chicayas" sur ce sujet "lunaire", y compris pour les "patriotes", au moment où la France affronte une situation "grave".
"Lunaire", un mot qui fait écho à celui de Florian Philippot en avril, qui s'était fait reprocher d'avoir dit que l'abrogation du mariage gay, réclamée ouvertement par Mme Maréchal-Le Pen, intéressait aussi peu que "la culture du bonsaï".
Elue présidente du FN en 2011, réélue à 100% en 2014, Marine Le Pen juge le débat définitivement "tranché. Je n'ai pas de concession à faire, enfin plus", a-t-elle tenté de clore, appelant aussi, dans une phrase semblant viser M. Philippot, à "avoir des propos bienveillants les uns à l'égard des autres".
- 'Ras-le-bol général' -
Mais il n'est pas sûr qu'elle éteigne ainsi l'incendie, au moment où sa nièce, tout en assurant de sa "loyauté", exprime pour la première fois aussi franchement ses désaccords et promet de "s'exprimer" prochainement.
L'entourage de la députée décryptait récemment: "Marion ne se dit pas qu'elle va être présidente à 32 ans", c'est-à-dire en 2022. Mais elle s'agace du fonctionnement interne, car "chaque intervention télé de Philippot, c'est une nouvelle position" du FN qui ne serait pas débattue.
Pour un responsable local FN, "le cautionnement absolu que donne Marine Le Pen à Philippot commence à lui rejaillir dessus, elle se met à découvert". Le chef d'orchestre de la stratégie électorale, qui cristallise l'hostilité de certains cadres frontistes, "n'a pas d'équivalent en termes d'impunité", abonde un conseiller régional, pour qui il y a "un ras-le-bol général" à son égard.
Pour un "mariniste", au contraire, la députée est en tort, même si "la phrase de +Florian+ est peut-être maladroite...". Marine Le Pen s'était elle-même inquiétée au printemps devant des proches que sa nièce "s'enferme dans une image de catholique conservatrice."
Mais pour un autre "mariniste", la personnalité de Marine Le Pen pose aussi problème à l'approche de la présidentielle : "Sa spécialité? C'est de ne pas trancher. Elle n'est pas autoritaire". Elle a pourtant, en août 2015, fait exclure un autre Le Pen: son père.