Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est défendu jeudi de mener une politique "socialement injuste", assurant que la suppression de l'"exit tax", annoncée par Emmanuel Macron, visait à "créer de l'emploi pour tous les Francais".
"Cette +exit tax+" (littéralement taxe de sortie), mise en place par Nicolas Sarkozy en 2011 afin de freiner l'exil fiscal des chefs d'entreprise, "n'a pas lieu d'être", a déclaré M. Le Maire, invité de l'émission Les 4 vérités, sur la chaîne de télévision France 2.
"Cette taxe ne rapporte quasiment rien", a poursuivi le ministre, évoquant un rendement de moins de 15 millions d'euros par an, "mais elle a un effet repoussoir pour les investisseurs et pour les entrepreneurs".
Sa suppression va "inciter les investisseurs à venir. Ils savent que s'ils viennent, ils ne seront pas piégés avec une +exit tax+ qui les empêcherait à un moment ou à l'autre, s'ils le souhaitent, de repartir de France", a-t-il ajouté.
La fin de cet impôt, qui s'applique aux "plus-values latentes" réalisées par les contribuables décidant de transférer leur domicile à l'étranger, a été annoncée mardi par Emmanuel Macron, dans un entretien au magazine Forbes.
Elle sera effective dès l"année prochaine", a précisé M. Macron au magazine américain, en estimant que les entrepreneurs et les contribuables devaient être "libres d'investir comme ils le souhaitent".
Cette annonce, qui ne figurait pas dans le programme présidentiel de M. Macron, a suscité une salve de critiques contre la politique économique du gouvernement, accusé de faire un nouveau "cadeau fiscal" aux "très riches".
"C'est un cadeau pour l'attractivité de la France", a rétorqué M. Le Maire, ministre de Nicolas Sarkozy lorsque cette taxe avait été instaurée. "L'objectif, c'est avoir des emplois pour tous les Français", a-t-il ajouté.
Selon un sondage Odoxa pour BFM Business, Challenges et Aviva Assurances publié jeudi, 72% des Français jugent la politique économique d'Emmanuel Macron "injuste", 58% des personnes interrogées en ayant par ailleurs une mauvaise opinion.
"Ce qui est socialement injuste, c'est le chômage", a estimé de son côté M. Le Maire. "On a acheté pendant des années la bienveillance des Français à force de dépenses publiques et de redistribution. Et le résultat, c'est trois millions de chômeurs" et "c'est le déficit", a-t-il conclu.