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Géographie du vote aux européennes : Le RN en tête dans 93% des communes  

La liste du Rassemblement national est arrivée en tête aux européennes dans plus de 32 000 communes sur 35 000. Le vote en faveur de la majorité présidentielle s’effondre de manière homogène sur le territoire, quand les grandes villes laissent place à un duel entre socialistes et Insoumis. Retour sur la géographie de ces élections européennes en France.
Alexandre Poussart

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Une domination sans partage de la carte électorale. C’est l’un des enseignements à tirer de la victoire du Rassemblement national aux élections européennes en France, dimanche soir. La liste de Jordan Bardella (31,4% des voix) est arrivée en tête dans 93% des communes. En moyenne, le RN réalise des scores homogènes, au-dessus de 30% des suffrages en moyenne, quelque soit la taille des communes, et arrive même tête dans les villes de plus de 200 000 habitants (26% de moyenne). “Ce parti ne représente plus seulement la France des périphéries mais son ancrage territorial ressemble à celui de la droite historique avec des spécificités propres au RN”, explique Tristan Haute, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Lille, et spécialiste des comportements électoraux. 

Une progression marquée dans certains territoires

La liste de Jordan Bardella reste forte dans les bastions historiques de son parti : les départements du Nord-Est de la France (50% dans l’Aisne, 47% dans le Pas-de-Calais et en Haute-Marne), du Sud (43% dans le Var et dans les Pyrénées-Orientales). Et il réussit une progression dans d’autres territoires, comme l’axe Saône-Rhône  (37,7% en Saône-et-Loire contre 25% en 2019, 36% dans le département de la Loire contre 24% il y a 5 ans), la Bretagne (28% dans le Morbihan contre 20% en 2019) et même Marseille (30% des voix). Pour la première fois, le parti de Marine Le Pen arrive en tête en Île-de-France avec 18,7% des voix, contre 14% en 2019, ce qui était à l’époque moitié moins que le score de la majorité présidentielle. “Je pense que la Seine-et-Marne joue son rôle de locomotive, c’est un territoire mi-urbain mi-rural. Nous faisons près de 35%, donc c’est ça qui tire”, analyse auprès de l’AFP le sénateur RN de Seine-et-Marne Aymeric Durox.

Renaissance s’effondre sur tout le territoire

Du côté de la liste de la majorité présidentielle (14,6% des voix), un effondrement s’opère partout sur le territoire, avec en moyenne des scores entre 13% et 16%, quelque soit la taille des communes. “Le vote Renaissance ne possède pas de zones de force, il est très bas un peu partout y compris dans des villes habituellement favorables à la Macronie”, analyse Tristan Haute. Même si Renaissance arrive en tête dans l’Ouest parisien, il perd son ancrage dans l’Ouest du pays, comme en Mayenne et dans les Pyrénées-Atlantiques (18% des voix contre 25% aux dernières élections européennes). “Une partie de leurs électeurs se sont reportés vers Raphaël Glucksmann”, explique Tristan Haute. 

A gauche, une victoire en trompe l’oeil des socialistes sur les Insoumis

La géographie du vote en faveur de la liste de Raphaël Glucksmann (13,8% des voix) se superpose aussi sur celle du vote en faveur des écologistes aux européennes de 2019 emmenés à l’époque par Yannick Jadot (13,5%). Une liste PS-Place publique qui s’en sort bien dans les villes moyennes entre 10 000 et 50 000 habitants (16% de moyenne) et qui arrive en tête dans plusieurs grandes villes notamment de l’Ouest : Rennes (25%), Nantes (23,8%), Toulouse (21%), Paris (22% contre 8% en 2019). 

“En réalité, les résultats du PS ne sont pas si satisfaisants car dans beaucoup de bastions de gauche, la liste Glucksmann fait des bons scores, mais arrive derrière les Insoumis qui possèdent aussi un véritable ancrage territorial avec des zones de force”, nuance Tristan Haute.

La liste de la France Insoumise (9,9% des voix) a tiré dimanche soir son épingle du jeu électoral dans les grandes villes de plus de 200 000 habitants (13% des voix en moyenne) et réalise de fortes progressions dans certains bastions comme la Seine-Saint-Denis (37% des voix contre 11% en 2019), le Val-de-Marne (21% contre 7% il y a 5 ans). Elle arrive en tête du scrutin dans plusieurs villes comme Lille (25%), Montpellier (24%), Grenoble (22%), Strasbourg et dans la majorité des arrondissements marseillais. “Ces scores vont jouer un rôle important dans la négociation des investitures entre les partis de gauche pour les législatives, car les députés Insoumis sortants ont des arguments pour montrer qu’ils peuvent gagner des circonscriptions.” 

L’ancrage territorial du parti Les Républicains se réduit comme peau de chagrin

A droite, le faible score de la liste de François-Xavier Bellamy (7,2%) acte la disparition des derniers bastions du parti Les Républicains. Même si sa liste arrive en tête dans le XVIe arrondissement de Paris (25% des suffrages), elle continue de sombrer dans des territoires qui lui étaient plutôt favorables : en Haute-Loire, le département de Laurent Wauquiez (10,7% des voix contre 19,5% en 2019), le Cantal (13% contre 16,7% il y a 5 ans). 

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