Européennes : avec François-Xavier Bellamy, LR pose le premier jalon d’une campagne essentielle à sa survie

Les Républicains ont acté, à l’occasion d’un Conseil stratégique mardi 16 janvier, la candidature de François-Xavier Bellamy pour les élections européennes de juin 2024. La composition de sa liste n’est pas encore connue. Le parti, déjà à la traîne dans les sondages, joue gros en accordant de nouveau sa confiance à l’eurodéputé, qui n’avait pas dépassé les 9% en 2019.
Romain David

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C’est officiel, François-Xavier Bellamy mènera, pour la seconde fois, la liste LR aux européennes. Prétendant à sa succession depuis de longs mois déjà, l’eurodéputé a vu sa candidature validée lors d’un Conseil stratégique qui s’est tenu ce mardi matin au siège du parti, rue de Vaugirard à Paris. « Je ne doute pas que collectivement nous serons à la hauteur de l’enjeu qui se dessine », a expliqué l’intéressé à la sortie de cette réunion. « L’objectif c’est de gagner, de faire le plus grand nombre de voix possibles. Elles seront décisives pour construire une Europe qui renforce nos démocraties et nous redonne la capacité de maîtriser notre destin », a-t-il martelé.

Éric Ciotti, le patron des LR, a salué sa conception de la politique « basée sur des valeurs, sur des idées et du travail ». « La politique ce n’est pas de la com’, du strass et des paillettes, un casting que l’on change au gré des humeurs et des coteries », a-t-il taclé. Une manière de cibler le nouveau gouvernement, qui a vu rentrer Rachida Dati au ministère de la Culture et Stéphane Séjourné au Quai d’Orsay, l’eurodéputé ayant pourtant été pressenti pour mener la liste Renaissance. Le nom d’Olivier Véran circule désormais pour prendre la relève.

LR à la traîne

Exception faite du camp présidentiel, la quasi-totalité des têtes de liste est désormais connue. Entrés tardivement dans la bataille, Les Républicains semblent vouloir accélérer, une manière aussi de dépasser la séquence du remaniement qui a vu la nomination de huit ministres issus des rangs de la droite. Le parti, déjà largement noyauté par la macronie, n’entend pas se laisser étouffer. « La droite est à un moment de potentielle disparition, c’est de cela dont il s’agit », a averti le député Aurélien Pradié mardi matin, en arrivant au siège du parti.

La campagne est donc une manière de passer au chapitre suivant – même si Éric Ciotti assure s’en tenir au calendrier qu’il s’était fixé -, un chapitre à hauts risques toutefois si l’on en croit les enquêtes d’opinion. Dans un sondage Elabe publié le 13 janvier, la liste du Rassemblement national caracole en tête des intentions de vote (28,5 %), suivi, avec près de dix points d’écart, par celle du camp présidentiel (18 %), puis par la liste de gauche du Parti Socialiste et de Place Publique (9,5 %) et, seulement à la quatrième place, par celle des LR (8,5 %), à égalité avec Les Verts (8,5 %). Ils sont talonnés par la France insoumise (7,5 %). Reconquête et le PCF arrivent en queue de train, avec respectivement 5 % et 3 % des intentions de vote.

Choix par dépit ou stratégique ?

« Il faut dire que l’on ne part pas de très haut », admet le sénateur LR des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi. La déconfiture historique de 2019 est encore dans toutes les têtes. La liste LR, déjà emmenée par François-Xavier Bellamy, était passée de la deuxième à la quatrième place avec 8,48 % des suffrages. Cette déroute avait fini par pousser Laurent Wauquiez à quitter, une semaine plus tard, la présidence du parti. Cet épisode a pu soulever des hésitations sur le profil de François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie, tenant d’une droite conservatrice. Mais le parti a connu d’autres revers électoraux, autrement plus cuisants, notamment avec 4,78 % à la présidentielle.

« C’est la première fois depuis très longtemps que l’on a un député européen dont les Français entendent parler, qui savent qu’il bosse au Parlement européen. C’est un très bon choix, il a défendu nos intérêts avec beaucoup d’énergie sur la question de l’électricité, du Pacte vert, sur le Pacte migratoire… Certains au Parlement attendent cette élection pour faire des sièges, mais on se demande ce qu’ils en font. François-Xavier Bellamy, lui, agit », salue Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale.

« Tout le monde considère que c’était le bon choix. Son bilan est positif, et il a les capacités pour exister dans le débat face à des monstres médiatiques comme Jordan Bardella », abonde Roger Karoutchi. « LR n’a pas dit son dernier mot. Il a la tête bien faite, il est pédagogue, il est jeune… », énumère son collègue Marc-Philippe Daubresse.

Se démarquer

À 38 ans, François-Xavier Bellamy permet en effet à LR de se maintenir au milieu d’un casting particulièrement jeune, l’une des particularités de la campagne qui s’annonce : Jordan Bardella (RN) a 28 ans, Raphaël Glucksmann (PS) 44 ans, Marie Toussaint (Les Verts) 36 ans, Manon Aubry (LFI) et Marion Maréchal (Reconquête) 34 ans, et Léon Deffontaines (PCF) 27 ans.

Surtout, François-Xavier Bellamy devra porter un message politique clair pour se démarquer de ses concurrents, alors que LR se retrouve pris en tenaille entre les macronistes et l’extrême droite. « La ligne est connue. L’Europe est utile et nécessaire, pour la paix et pour le développement économique. En revanche, elle s’est bureaucratisée. Il faut que la France récupère sa souveraineté sur les enjeux stratégiques nationaux, comme l’immigration, pour pouvoir mettre fin à l’impuissance publique », détaille Marc-Philippe Daubresse. La droite entend donc incarner une sorte de juste milieu entre les positons eurosceptiques du Rassemblement national et d’une partie de la gauche. Pas sûr, toutefois, que cela lui permette de se démarquer pleinement du camp présidentiel, Emmanuel Macron ayant fait de la reconquête de la souveraineté économique et industrielle l’un de ses grands thèmes politiques.

Début février, une commission d’investiture sera chargée de valider les derniers ajustements au sein de la liste de François-Xavier Bellamy. La question de la colistière est posée (la loi sur « la parité » oblige les partis politiques à présenter sur leurs listes un même nombre d’hommes et de femmes, avec une alternance des candidats de chaque sexe). Agnès Evren, qui avait occupé cette place en 2019, a mis fin à son mandat après avoir été élue sénatrice en septembre dernier. Eurodéputée depuis 2014, Nadine Morano pourrait éventuellement devenir numéro deux. « Je n’ai pas de pensées spontanées à ce propos. Attendons la commission d’investiture », répond Roger Karoutchi. « Les Français se fichent éperdument de savoir qui est le numéro deux », balaye Marc-Philippe Daubresse. « Ce qu’ils veulent, c’est de l’action ! »

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