Européennes : « Aujourd’hui, l’Europe est surtout guidée par des critères financiers », tance Pierre Larrouturou
Par Alexis Graillot
Publié le
Tic-tac, tic-tac. Le compte à rebours avant les élections européennes du 9 juin est bel et bien lancé. Si 38 listes sont sur la ligne de départ, seulement quelques-unes d’entre elles franchiront la barre fatidique des 5 %, seuil nécessaire pour envoyer des députés au Parlement européen.
Créditée entre 0 et 0.5 % des intentions de vote, la liste conduite par l’actuel député européen, Pierre Larrouturou, écarté pour cette élection, de la liste de Raphaël Glucksmann, se veut le défenseur d’une Europe guidée par des « critères sociaux », et non plus des « critères financiers ».
Aller vers le « bien-être social »
Pour le créateur du parti « Nouvelle donne », issu d’une scission avec le Parti socialiste en 2013, l’Europe doit changer de paradigme, en cessant de défendre les intérêts des marchés : « Je suis pour une Europe qui s’intéresse à la vie quotidienne des gens, une Europe qui fait baisser les factures, qui lutte contre la précarité, qui protège le revenu des agriculteurs, qui donne du boulot à tout le monde », explique le professeur d’économie.
« Aujourd’hui, l’Europe est surtout guidée par des critères financiers », se désole-t-il, réclamant « des critères sociaux », au lieu des règles de déficit et d’endettement fixées par le traité de Maastricht. « Il y a quelque chose d’obscène de nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour les systèmes de santé, pour les retraites », continue Pierre Larrouturou, déplorant qu’il n’y ait « jamais eu autant d’argent sur les marchés financiers ». A contrario, celui qui est l’actuel rapporteur général du budget européen, souhaite « changer l’Europe qui va vers le bien-être social au lieu d’aller uniquement vers la compétitivité ».
Construire un « traité de l’Europe sociale »
Pour ce faire, le porte-parole de Nouvelle donne appelle à un « électrochoc démocratique », via la construction d’un « traité de l’Europe sociale », théorisé par Jacques Delors, à la fin des années 1980, alors président de la Commission européenne.
Souhaitant faire adopter un tel traité via un « référendum paneuropéen », Pierre Larrouturou se veut notamment proactif sur la question du climat, et milite pour la mise en place d’une taxe sur la spéculation. « Aujourd’hui, il suffit de Bruno Le Maire (NDLR : actuel ministre de l’Economie et des Finances), porte-parole du lobby bancaire, pour bloquer la taxe sur la spéculation », via le mécanisme de veto de l’Etat. « Demain, Bruno Le Maire serait un électeur parmi 40 millions », explique le professeur d’économie. Ce traité sur le climat permettrait également la mise en place d’une « banque du climat », qui bénéficierait de 300 milliards d’euros chaque année, via les fonds récoltés par cette taxe.
En outre, Pierre Larrouturou souhaite « aller voir concrètement les solutions qui marchent le mieux partout », prenant notamment appui sur l’exemple espagnol, et la TVA à 0 % mise en place par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, sur les produits de première nécessité, ou encore le système d’allocation d’autonomie, créé au Danemark, qui permet à toute personne à ses 18 ans de disposer d’une allocation de 1000 euros, en partie pour financer ses études et son logement.
Pour aller plus loin