La majorité se cherche toujours une tête de liste pour mener la campagne des européennes. Un feuilleton sans fin, qui commence à nourrir l’agacement des soutiens d’Emmanuel Macron, alors que les principaux partis politiques sont déjà en ordre de bataille, à commencer par le Rassemblement national, qui caracole en tête des sondages. « Il va falloir activer les choses. La campagne européenne ne doit pas se limiter uniquement à un débat entre Gabriel Attal et Marine Le Pen ou Monsieur Bardella. Donc il va falloir que la majorité accélère sur ce sujet », s’est agacé le maire de Reims Arnaud Robinet, membre d’Horizons le parti d’Edouard Philippe, ce mercredi au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.
En début de semaine, le député européen Gilles Boyer, également proche de l’ancien Premier ministre, avait tiré le premier la sonnette d’alarme dans une interview accordée au Figaro, dénonçant « l’absence de réflexion collective » et plaidant pour une candidature de l’ex-ministre des Transports Clément Beaune, plutôt associé à l’aile gauche de la macronie. « Je ne connais pas suffisamment Clément Beaune pour savoir s’il peut être la tête de la liste d’union de la majorité présidentielle », nuance Arnaud Robinet qui appelle Renaissance à trancher rapidement cette question.
La nécessité d’un débat entre candidats
Pour l’heure, et en l’absence de candidat identifié, Emmanuel Macron et Gabriel Attal donnent le tempo de cette drôle de campagne, sans liste ni programme. Le Premier ministre s’est d’ailleurs dit « prêt » à un débat avec Marine Le Pen sur l’agriculture, alors que le monde rural donne à nouveau de la voix à quelques jours du Salon de l’Agriculture. « Il devrait surtout accepter le débat que lui a proposé notre tête de liste et président du Rassemblement national », lui a rétorqué la cheffe de file des députés RN dans un post sur X.
« Il peut y avoir un débat entre la cheffe de file du RN et le Premier ministre sur les sujets européens, sur les sujets nationaux et pas uniquement sur la question de l’Europe. Mais laissons ensuite les têtes de liste, les candidats, débattre entre eux avec de vraies propositions et une vraie vision sur ce que doit être l’Europe, sur la place de la France dans l’Europe de demain », commente Arnaud Robinet.
« Ce que j’attends c’est un programme, une vision de l’Europe »
Il reproche au camp présidentiel d’antagoniser le RN, une stratégie peu efficace selon lui en l’absence de débat de fond. « Aujourd’hui, le seul argument de la majorité à laquelle j’appartiens, c’est qu’il faut combattre le RN. Mais ce message n’est plus audible pour nos concitoyens. Moi, ce que j’attends de l’élection européenne, c’est un programme, une vision de l’Europe », martèle le maire de Reims.
« Ne perdons pas trop de temps. Il faut à chaque fois expliquer ce que l’Europe apporte dans notre quotidien et donner une vision claire et nette de ce que nous souhaitons pour l’Europe, de la place de la France dans l’Europe. Et arrêtons l’argument unique ou cette campagne unique contre le RN », souligne encore l’élu.
« Il faut faire des propositions. Il faut parfois bousculer un certain nombre de choses, ne pas avoir peur d’être innovant, d’être offensif », conclut Arnaud Robinet.