Européennes 2024 : quelles sont les principales mesures du programme de Valérie Hayer ?

Valérie Hayer présentait, ce lundi, 48 propositions de son programme pour que « l’Europe ne meure pas ». Parmi les mesures mises en évidence, un « Plan Europe 2030 », destiné à compléter le Pacte vert, un investissement 100 milliards pour le réarmement de l’UE, l’inscription du droit à l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux ou encore une hausse des moyens de Frontex.
Simon Barbarit

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« On aimerait bien trouver la martingale. On appuie sur un bouton et hop, on grimpe de 4 points d’un coup. » Clément Beaune le consent, le discours de la Sorbonne du chef de l’Etat n’a pas provoqué le sursaut espéré dans les sondages. La liste Renaissance de Valérie Hayer est toujours largement distancée par la liste RN de Jordan Bardella et voit arriver dans son rétroviseur celle de Raphaël Glucksmann (PS-Sens Publique).

A un mois du scrutin, dont les résultats s’annoncent décevants pour la majorité présidentielle, Valérie Hayer cherche toujours un déclic.

Sous le slogan « on l’a dit, on l’a fait », la présidente du groupe Renew au Parlement a d’abord mis en avant le bilan de la mandature qui s’achève : la relance de l’économie européenne après la crise du covid-19 grâce à un emprunt commun de 800 milliards, le recrutement de 10 000 gardes-frontières à l’agence Frontex, le Pacte asile-immigration, ou le Pacte vert.

Dans son programme, où Valérie Hayer pose aux côtés du chef de l’Etat sur la couverture, figurent 48 propositions que Valérie Hayer et les porte-parole de la campagne Nathalie Loiseau, Marie-Pierre Védrenne et Clément Beaune ont déclinées, ce matin dans le QG du 8e arrondissement de Paris. Des propositions en faveur « d’une Europe puissante qui porte nos valeurs », comme l’a qualifiée la candidate lors de sa conférence de presse, prenant soin de se distinguer « des projets de divisions de nos sociétés » portées par l’extrême-droite.

Un plan de 1 000 milliards d’investissements

Sa mesure phare, un grand plan d’investissement intitulé « Plan Europe 2030 » doté de 1000 milliards d’euros, sur fonds publics et privés a pour but de compléter le Pacte vert dans 5 domaines : l’énergie, les transports, le numérique, la santé et l’espace. Parmi les objectifs, on retient : 10 millions de véhicules propres produits en Europe, un avion vert européen, le doublement de la part du fret ferroviaire et des trains de nuit, un plan Marie Curie massif pour des vaccins et traitements européens contre le cancer, et la création de « premiers petits réacteurs nucléaires européens ».

Réarmer l’Union européenne

« Une enquête, la semaine dernière, a montré que deux tiers des Français voulaient davantage de défense européenne, c’est aussi en écoutant les Français que nous avons conçu ce programme », a mis en avant Nathalie Loiseau. La liste Renaissance entend donc investir 100 milliards d’euros et mobiliser la Banque européenne d’investissement « pour réussir le réarmement de l’Europe ». « Il est nécessaire pour continuer de soutenir l’Ukraine et pour dissuader des agresseurs de se prendre à l’UE », a estimé l’ancienne tête de liste en 2019.

Renforcement de Frontex

Sur le volet immigration, Valérie Hayer préconise d’accroître le nombre de gardes-frontières et garde-côtes européens jusqu’à 30 000 agents. La majorité présidentielle souhaite que l’Agence européenne, Frontex puisse aussi intervenir dans les territoires d’Outre-mer « pour faire face à l’immigration illégale et aux trafics ». Après avoir montré leur inefficacité au niveau national, elle propose d’ériger au rang européen « les mesures de rétorsions », comme la baisse de délivrance de visas Schengen, pour les Etats faisant preuve de mauvaise volonté dans le retour de leurs ressortissants arrivés illégalement sur le territoire européen. En parallèle, le programme propose de doubler le nombre de retours volontaires, jusqu’à 200 000 par an.

Sur le volet fiscal, les macronistes proposent d’étendre la taxe carbone aux frontières à de nouveaux secteurs, comme l’automobile, ou encore le ciment et l’acier importé dès 2026. Ils veulent aussi imposer « un bouclier commercial européen », avec des droits de douane automatiques et massifs en réponse à tout tarif douanier contre les entreprises européennes, et des « règles miroirs » pour les importations.

IVG dans la charte des droits fondamentaux

Emmanuel Macron l’avait annoncé après la révision de la Constitution, la liste entend œuvrer pour inscrire le droit à l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Au rang des valeurs européennes à défendre, la majorité présidentielle promeut un « bouclier démocratique contre les ingérences étrangères », qui comprend l’interdiction des financements extra-européens en faveur des partis politiques, ou porter la majorité numérique à 15 ans. « Avoir un contrôle d’identité systématique […] pour renforcer notre bouclier contre les assauts d’un monde numérique non régulé », a estimé Clément Beaune.

« Pour démocratiser l’Union européenne de l’intérieur », comme en 2019, elle souhaite instaurer des listes transnationales pour les élections européennes et veut « déployer le vote à la majorité » et non plus à l’unanimité des 27, « en matière de sanction, d’Etat de droit, de fiscalité ». « Ceux qui disent : vous bradez la souveraineté française, mentent. Qui aujourd’hui est bloqué par les droits de véto ? C’est nous, qui défendons des propositions ambitieuses pour l’Europe », a assuré l’ancien ministre.

Élisabeth Borne sur la liste

Rappelons que 5 formations politiques sont alliées à Renaissance sur cette liste, le Modem, Horizons, l’UDI et le Parti radical. Derrière la tête de liste, Valérie Hayer, Bernard Guetta (RE), Marie-Pierre Vedrenne (MoDem), Pascal Canfin (RE) et Nathalie Loiseau (Horizons), figurent dans l’ordre aux premières places. A la 11e place, logiquement éligible, on retrouve l’UDI, Valérie Devaux, conseillère municipale d’Amiens. Laurent Hénart (16e), président du parti Radical est, lui, à une place plus incertaine.

Dans la journée, l’ancienne Première Ministre Élisabeth Borne a annoncé qu’elle figurera sur la liste en position non-éligible, tout comme les autres ténors de la majorité, Edouard Philippe et François Bayrou.

 

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