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Européennes 2024 : que contient le programme des Écologistes ?
Par Henri Clavier
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Lancés dans la campagne depuis le 2 décembre, les Écologistes ont publié, au début du mois de mai, leur programme et leurs propositions pour l’Union européenne. Un enjeu majeur pour le parti qui avait réalisé un score surprise lors du dernier scrutin en récoltant 13,4 % des voix. Si historiquement les élections européennes sont l’occasion pour les écologistes de réaliser leurs meilleurs scores, cette fois-ci la tâche s’annonce nettement plus compliquée. Aujourd’hui, la liste portée par Marie Toussaint (eurodéputé sortant) est annoncée aux alentours de 5 % des intentions de vote par les différents sondages. Un certain nombre d’eurodéputés sortant figurent sur la liste ainsi que d’autres profils dits « d’ouverture ». En fin de liste, on note la présence de trois anciens candidats à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, Eva Joly et Noël Mamère. Le numéro 2 de la liste, David Cormand, défend une « certaine constance des écologistes sur les questions européennes » et souhaite en faire une force.
Peu connue, Marie Toussaint essaye de défendre, au long des 171 pages du programme, une vision écologiste de l’Union européenne tandis que l’écologie est presque devenue un thème secondaire de la campagne, alors qu’il était central en 2019. La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, déplorait, dès le 11 avril, un « backlash écologiste » et dénonçait le « mauvais rôle » que tiennent aujourd’hui les écologistes. Ainsi, les mesures découlant du Pacte vert européen ou des dispositions tendant à verdir la politique agricole commune ont été largement critiquées notamment durant les manifestations des agriculteurs. Régulièrement, les mesures d’adaptation au changement climatique et à ses effets ont été perçues comme une menace pour le pouvoir d’achat. Pour faire décoller une campagne qui dure depuis plus de six mois, Marie Toussaint cherche à montrer une écologie accessible et dépasser la formule « la fin du mois contre la fin du monde ».
Un traité environnemental européen pour orienter le fonctionnement de l’UE
« Sauver le climat et faire face à l’urgence sociale avec un État providence écologique européen », peut-on lire sur la couverture du programme des écologistes en guise de slogan. Le parti de Marie Toussaint défend donc un approfondissement de l’Union européenne et de son action en faveur de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour donner vie à leur slogan, les Écologistes proposent donc de restaurer les fondations de l’Union européenne en adoptant un Traité environnemental européen. L’objectif ? en finir avec « l’idéologie du tout-croissance » et donner une nouvelle orientation aux politiques européennes en faisant du traité la « base idéologique de l’Union européenne », affirme David Cormand. L’adoption du traité doit permettre de coordonner les politiques économiques des Etats membres en imposant le respect des limites planétaires tout en créant un budget carbone national.
Le traité est pensé comme un acte d’entraînement pour le reste des politiques de l’Union européenne afin de « construire une économie de la bifurcation écologique et sociale ». Afin de réaliser cette « bifurcation écologiste », les Verts proposent de créer un statut juridique pour le vivant, mais également de modifier certaines règles bancaires afin d’obliger à investir 6 fois plus dans les énergies renouvelables que dans le fossile. Des mesures, qui selon la liste de Marie Toussaint, doivent permettre d’atteindre les 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2040 et d’engager 260 milliards d’euros par an d’investissements publics européens supplémentaires pour la transition écologique. Pour accélérer cette transition, les écologistes souhaitent aussi une reprise en main publique des six principaux groupes pétroliers européens.
Accompagner la « bifurcation sociale et écologique »
Soucieux de ne pas tomber dans le « greenwashing » ou dans l’écologie chic, le parti Ecologiste veut s’assurer que l’Union européenne fonctionne de plus en plus comme un État providence compensant les effets négatifs que la transition peut avoir. Parmi ces mesures, on retrouve l’idée d’un droit de véto social permettant d’écarter l’application d’une mesure si celle-ci touche principalement les populations les plus défavorisées. Un système de protection sociale doit permettre de lutter contre la pauvreté énergétique et la privation alimentaire. Un arsenal de mesures doit permettre de ménager pouvoir d’achat et protection de l’environnement comme l’instauration d’une TVA verte afin d’abaisser les taxes sur les produits européens décarbonés. Une législation permettant de favoriser les entreprises respectueuses de l’environnement et concentrant leurs activités au sein de l’Union européenne doit permettre d’accompagner la bifurcation « sociale et écologique ».
Toujours dans ce souci d’adaptation, les écologistes proposent de développer le vélo et le rail en créant un « ticket climat » afin de faciliter les mobilités du quotidien à un tarif raisonnable. Le trafic aérien est en revanche identifié comme une source de pollution et Marie Toussaint souhaite bannir les vols intérieurs, dès lors qu’il existe une alternative en moins de 4 h 30.
Agriculture et pêches, des propositions à contre-courant ?
Si Marie Toussaint défend une écologie protectrice, elle juge également qu’il faut approfondir le Pacte vert européen. « Ce sera soit le pacte brun, un mélange de climato-scepticisme et d’extrême droite, soit le pacte vert », prévient la tête de liste qui défend la possibilité d’appliquer de nouvelles normes environnementales aux agriculteurs sans que cela se fasse au détriment de leur pouvoir d’achat. Un combat largement porté par Benoît Biteau, eurodéputé sortant et agriculteur bio. Ce dernier plaide pour une refonte de la politique agricole commune permettant de subventionner les exploitations en fonction du nombre d’emplois plutôt qu’en fonction de la surface de l’exploitation. Le programme propose également de réguler les prix afin d’assurer aux agriculteurs un prix minimum à hauteur du coût de production. Enfin, les écologistes souhaitent réduire de 50 % l’utilisation des pesticides d’ici 2030. Pour les écologistes, pas question d’abandonner l’interdiction des pesticides malgré la récente crise agricole. « On n’est pas dans une posture défensive, de l’extrême-droite aux libéraux, on a essayé de faire porter le chapeau de la crise agricole aux écologistes, pour nous les réponses n’ont pas changé », affirme David Cormand.
Alors que la liste écologiste intègre le pêcheur Charles Braine à la 16e place, Marie Toussaint souhaite lutter contre la surpêche, mettre fin aux subventions pour les activités les plus dommageables pour l’environnement ou encore revoir l’octroi des quotas de pêche.
« J’aime bien parler de souverainisme fédéraliste, si l’on veut continuer à vivre en démocratie il faut la renforcer au niveau européen »
Sur le thème de la souveraineté, la liste écologiste plaide pour un renforcement de l’intégration européenne et continue d’adhérer à un projet fédéraliste. « L’inspiration fédéraliste reste puissante. Si l’on parle de souveraineté et de puissance du peuple c’est l’échelon européen qui permet d’agir au mieux. J’aime bien parler de souverainisme fédéraliste, si l’on veut continuer à vivre en démocratie il faut la renforcer au niveau européen », avance David Cormand. Les écologistes visent la suppression de l’unanimité au Conseil de l’Union européenne sur les sujets liés à la fiscalité et aux affaires étrangères. « Sortir de l’unanimité permet de renforcer la compatibilité des armées et des arsenaux européens, cela permet aussi d’agir pour une fiscalité plus juste », juge David Cormand.
En faveur d’un approfondissement et d’un élargissement de l’Union européenne, les écologistes se défendent de toute naïveté et assurent que l’élargissement doit être précédé par une réforme profonde des institutions. « On n’est pas dans un élargissement béat, il faut renforcer ces conditions, notamment au niveau des garanties démocratiques », lance David Cormand.
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