Européennes 2024 : Mélenchon « fait campagne contre la gauche », déplore le sénateur PS Rémi Féraud
Par Hugo Ruaud
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Le début de la campagne pour les élections européennes de juin prochain donne une nouvelle occasion à la gauche d’exposer ses divisions. Dispersées, les quatre listes qui la composent cherchent toutes à s’accaparer son leadership. Dans cette optique, les Insoumis, qui surfent sur leur score à la dernière présidentielle, et les socialistes, conduits par Raphaël Glucksmann, en tête dans les sondages à gauche, se rendent coup pour coup. Les premiers reprochent à Raphaël Glucksmann sa proximité idéologique avec Emmanuel Macron, quand les seconds tancent la mansuétude des Insoumis à l’égard de la Russie. « Nous n’avons pas la même vision du monde, alors que l’Europe connaît à nouveau la guerre. Ce n’est pas un clivage secondaire », assure le sénateur socialiste Rémi Féraud. « La gauche ne peut pas se rassembler sur une forme d’indulgence vis-à-vis des régimes dictatoriaux, des impérialismes, de recul de la démocratie, d’une vision non universelle des droits humains », poursuit le sénateur, faisant siens les propos récents de Raphaël Glucksmann qui excluaient de rassembler la gauche autour des Insoumis.
Mélenchon appelle à punir le reste de la gauche
Jean-Luc Mélenchon, fondateur de la France insoumise et présent à titre symbolique en avant-dernière position sur la liste de Manon Aubry pour les élections européennes, considère justement ce scrutin comme une élection de mi-mandat : « L’élection européenne de 2024 prépare la présidentielle de 2027 », a-t-il expliqué à Villepinte au lancement de la campagne insoumise. Un positionnement qui, selon Rémi Féraud, relève de la posture : « Je croyais qu’il était pour la VIe République, maintenant il est dans la présidentielle tout le temps ». Mais pour Jean-Luc Mélenchon, le scrutin européen « prépare la présidentielle de 2027 » dans la mesure où il va permettre d’imposer un parti naturel pour rassembler toute la gauche derrière lui dans trois ans. Convaincu que les Insoumis sont « capables de faire l’union, tandis qu’eux, la seule chose qu’ils sont capables de faire, c’est la division », il a souhaité que « les Français de gauche les punissent » d’avoir chacun fait liste séparée pour l’échéance européenne. « Vous voyez où il en est », a réagi, consterné, Rémi Feraud. « Il fait campagne contre le reste de la gauche. Il est un facteur d’impuissance de la gauche ». Et sans surprise, le sénateur socialiste de s’opposer frontalement à l’hypothèse d’un rassemblement de la gauche derrière Jean-Luc Mélenchon en 2027. « En aucun cas. En aucun cas ce n’est possible, en aucun cas ce n’est souhaitable », a-t-il martelé. Sans le désigner comme tel, Rémi Féraud préfère vanter la personnalité de Raphaël Glucksmann, et laisse entrevoir la possibilité d’un destin de candidat à la présidentielle pour le philosophe de gauche.
Une « dynamique » Glucksmann ?
« Raphaël Glucksmann parle vrai », insiste le sénateur, pour qui « il y a une dynamique, quelque chose qui redémarre, qui recommence face à la déception qui existe à l’égard du gouvernement et à la menace de l’ED, autour de Raphaël Glucksmann ». Mieux placé, de quelques points seulement, que ses concurrents de gauche dans les sondages, le fondateur du mouvement Place Publique pourrait profiter des Européennes comme d’un tremplin pour l’élection présidentielle en cas de score honorable. Rémi Féraud appelle d’ailleurs « ceux qui ont voté Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle de 2022, dont beaucoup sont très déçus, l’ont fait par vote utile, par défaut », à rallier Raphaël Glucksmann ». « Si le score augmente et la dynamique se poursuit, cela fera du bien à la démocratie », se convainc le sénateur. « J’ai envie de dire à toutes celles et ceux de gauche, socialiste, progressistes, humanistes. Il y a avec Raphaël Glucksmann un chemin pour reconstruire la gauche dont nous avons besoin pour préparer 2027 ». Dans les derniers sondages, la liste de Raphaël Glucksmann émargeait à 10 voire 11 % d’intention de vote, contre 7 % pour la liste insoumise de Manon Aubry, et à peine plus de 8% pour les écologistes emmenés par Marie Toussaint. Une course dans la course, alors que de l’autre côté de l’échiquier politique, celle de Jordan Bardella caracole à plus de 30 % des intentions de vote.
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