Européennes 2024 : François-Xavier Bellamy déroule son programme et se présente comme le seul candidat du « vote utile »

Entouré d’Eric Ciotti et d’Annie Genevard, la tête de liste Les Républicains a présenté mardi un programme pour tenter de sortir de l’ombre de Jordan Bardella et Valérie Hayer.
Hugo Ruaud

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Dénoncer la politique européenne d’Emmanuel Macron d’un côté, pointer du doigt le bilan du Rassemblement national qu’il juge famélique, de l’autre : en présentant son programme pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy tente de se frayer un chemin dans une campagne jusqu’ici prise en étau entre les listes de Jordan Bardella et Marion Maréchal, et celle de Valérie Hayer pour la majorité. Aux journalistes qui lui demandent ce qui le différencie encore des deux listes d’extrême droite, François-Xavier Bellamy répond en tapant volontiers sur le Rassemblement national, et rappelle que ce parti, au niveau européen au moins, a un bilan. « J’entends, partout, en France, des gens me dire qu’ils ont essayé la gauche, la droite, le centre, mais qu’ils n’ont pas essayé le Rassemblement national. A l’échelle européenne, c’est inexact : cela fait 10 ans que les Français font confiance au Rassemblement national aux élections européennes. Ils sont arrivés en tête en 2019, et en 2014. Qu’est-ce qui a changé pour la France, pour les Français ? », demande François-Xavier Bellamy, avant de dénoncer les « changements de pied » du parti à la flamme « sur la Pac, sur l’Otan, sur le Brexit ».

Souverainisme

 

Pour se distinguer encore de Jordan Bardella, l’ancien professeur de philosophie, fort de cinq années réputées actives et sérieuses entre Strasbourg et Bruxelles, répète à l’envi son principal argument : voter LR, c’est voter utile. « Nous sommes la seule liste qui peut permettre aux Français de faire demain la décision », martèle le Versaillais. Le parti de droite siège en effet au Parlement européen sous la bannière du PPE, le parti majoritaire. Il est donc en mesure d’influencer la politique communautaire, contrairement notamment au Rassemblement national de Jordan Bardella dont le chef de file LR assimile les votes à des « voix perdues », car sans influence sur le cours des choses à Strasbourg. Et pour affirmer l’argument du vote utile, François-Xavier Bellamy a présenté mardi un programme destiné à séduire l’électorat conservateur, autour d’un mot-clé : le souverainisme, décliné aux thèmes économiques, agricoles, énergétiques, militaires, et bien sûr au sujet de l’immigration, structurant dans le discours des Républicains depuis de nombreuses années. Ce programme, destiné à « sortir des crises que traversent la France et l’Europe » permet aussi à François-Xavier Bellamy de dénoncer le bilan d’Emmanuel Macron, synonyme selon lui d’un « affaiblissement ». « Notre continent tout entier traverse une crise très profonde », insiste la tête de liste LR, déplorant « le décrochage de l’Europe dans le monde, et le décrochage de la France en Europe ». Éric Ciotti, président du parti, présent aux côtés de son candidat pour présenter le programme, évoque « un projet responsable et sérieux », et compare la campagne des Républicains à « un chemin que nous empruntons avec nos valeurs, nos convictions, sans rien concéder ».

 

Quid d’Ursula von der Leyen ?

Reste que le parti de droite va devoir faire des choix, s’il ne veut rien concéder. Peut-il continuer à faire partie du PPE, principal force politique européenne – et principale arme de l’argument du « vote utile », tout en étrillant régulièrement le bilan d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, issue du même parti ? A la fin de l’hiver, en pleine crise agricole avaient même annoncé ne pas soutenir Ursula von der Leyen dans sa quête d’un second mandat à la tête de la Commission, l’accusant d’avoir cédé « aux sirènes de la décroissance » avec le Pacte vert européen. Les Républicains font d’ailleurs de la « souveraineté alimentaire », et donc de l’agriculture, l’un des piliers de leur programme. Augmenter le budget de la PAC, inscrire l’agriculture dans le droit européen comme étant d’intérêt général européen majeur, et surtout « abroger les textes européens qui nuisent à nos agriculteurs en prônant la décroissance ». Mardi, François-Xavier Bellamy persiste et signe : « Nous souhaitons une alternance à la tête de la Commission européenne », promet le député européen, assurant qu’Ursula von der Leyen est loin de faire l’unanimité au sein des députés PPE.

Libérer l’économie et réarmer les Etats

 

Pour sortir l’Union européenne du marasme économique, Les Républicains mettent en avant un programme libéral, prônant « une mandature de la déréglementation » et la lutte contre « le délire normatif européen ». « L’Europe ne se reconstruira qu’en rendant la liberté à ceux qui travaillent », insiste François-Xavier Bellamy, pour qui « c’est la prospérité qui doit guider notre travail en matière économique ». Les Républicains trustent par ailleurs des positions plus dures en matière d’immigration, proches de celles du Rassemblement national ou de Reconquête : dix mesures censées « maintenir la cohésion du continent européen » qui visent à renforcer le contrôle au frontière, transférer la gestion des demandes d’asile dans des centres d’accueil fermés situés aux frontières extérieures de l’UE, ou encore à rendre plus difficile le regroupement familial. Pour se distinguer des partis d’extrême droite, Les Républicains misent en revanche sur la géopolitique : tandis que le Rassemblement national adopte une position ambiguë face au régime de Vladimir Poutine et la guerre qu’il mène en Ukraine, le parti de François-Xavier Bellamy propose d’apporter « un soutien massif à l’Ukraine pour repousser l’agression russe », ou encore d’imposer « à chaque Etat membre de l’Union européenne de consacrer chaque année au moins 3 % de son PIB et la défense et consolider l’Otan ».

 

Se montrer dur sur l’immigration, inflexible avec la Russie et renvoyer dos à dos les bilans européens des macronistes et du Rassemblement national : telle semble être la recette employée par François-Xavier Bellamy pour exister dans cette campagne. En 2019, son score de 8,48 % était paru comme un échec cuisant pour le parti de droite. Cinq ans plus tard, le même score pourrait être perçu comme un succès, tant les sondages se montrent pessimistes.

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