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Européennes 2024 : après le 1er mai, la bataille pour l’hégémonie à gauche se durcit
Par Henri Clavier
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« PS salaud ! », « Palestine vivra » font partie des slogans proférés par les manifestants ayant entraîné le départ de Raphaël Glucksmann du cortège du 1er mai. Au cours d’une conférence de presse, organisée plus tard dans la journée, la tête de liste PS – Place publique pour les élections européennes a affirmé avoir été pris pour cible par des militants de La France Insoumise, de Révolution permanente ainsi que des Jeunes Communistes. Si Jean-Luc Mélenchon a condamné les actions des manifestants, ce dernier a également critiqué les propos de Raphaël Glucksmann affirmant que les violences dont il a été victime sont le « résultat de campagnes de calomnie orchestrées sur les réseaux sociaux par certains partis et dirigeants politiques ». Malgré les condamnations de Jean-Luc Mélenchon, un militant de LFI, ex-suppléant d’une candidate aux élections législatives de 2022, affirmait avoir participé à expulser Raphaël Glucksmann du cortège. « Les imposteurs ne doivent pas faire partie de nos rangs », expliquait le militant au micro de LCI.
Alors que les sondages accordent une longueur d’avance à Raphaël Glucksmann sur les autres partis de gauche, la tension s’accroît à gauche, à un peu plus d’un mois des élections.
Peut-on parler de gauches irréconciliables ?
« En guise de 1er mai, le remake des « gauches irréconciliables » ? » écrivait hier David Cormand, eurodéputé EELV et deuxième sur la liste menée par Marie Toussaint. En 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, évoquait déjà des « positions irréconciliables à gauche ». Pourtant, le PCF, EELV, le PS et LFI avaient réussi à s’entendre sur un programme commun et des investitures communes lors des élections législatives de 2022. Alors, la prise à partie de Raphaël Glucksmann durant une manifestation du 1er mai, symbole d’union pour la gauche, peut-elle véritablement acter la rupture ? « Il faut toujours être prudent avec ce type de terminologie. En politique, le mot « irréconciliable » est particulièrement fragile », souligne Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF spécialisé dans l’analyse des comportements et attitudes politiques. « Il est vrai qu’il y a une fracture sur la question palestinienne depuis le 7 octobre, mais également sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine sur la question du niveau de soutien qu’il faut apporter à l’Ukraine et de savoir si l’Ukraine doit intégrer l’Union européenne après la guerre », note Bruno Cautrès.
Si les clivages ne sont pas nouveaux, ils sont particulièrement amplifiés par l’actualité récente. Le sujet principal de l’élection, l’Union européenne est également un marqueur entre les différents partis de gauche. « Malgré cela, on a déjà connu des accords entre partis de gauche qui avaient davantage de divergence que ceux d’aujourd’hui », rappelle Bruno Cautrès en se référant notamment au programme commun conclu en 1972 entre le Parti communiste français et le Parti socialiste.
« On est dans une bataille pour l’hégémonie à gauche »
Si les gauches ne sont pas réconciliables, elles ont néanmoins décidé de se rendre coup pour coup. « On est dans une situation de très forte compétition électorale ou symboliquement la liste de gauche qui sortira la première sera renforcée, on est dans une bataille pour l’hégémonie à gauche », affirme Bruno Cautrès. Une stratégie assumée par certains partis comme EELV qui avaient immédiatement refusé la proposition des insoumis de présenter une liste commune pour les élections européennes. La tête de liste avait même été offerte au parti écologiste. « On a le sentiment que LFI est l’acteur dominant à gauche et que les autres sont presque en voie de disparition, ce qui peut expliquer la volonté des autres partis de rééquilibrer le rapport de force », analyse Bruno Cautrès.
Miser sur le résultat des élections européennes de 2024 pour rééquilibrer les rapports avec LFI pourrait cependant être une impasse. « Il ne faut pas confondre les élections européennes et la présidentielle, ce sont deux scrutins très différents, en 2019 les 14 % de Yannick Jadot n’ont pas fait de lui le leader de la gauche pour la présidentielle », rappelle Bruno Cautrès.
Composer avec un électorat volatile, peu attaché aux partis
Dans ce contexte électoral, les quatre listes de gauche semblent se partager un électorat indécis, c’est du moins ce que révèle une note de la fondation Jean Jaurès intitulée « Comprendre les dynamiques électorales ». Selon la Fondation, les électeurs de gauche seraient les plus indécis à l’approche du scrutin, et 45 % des électeurs exprimant leur intention de voter pour Raphaël Glucksmann pourraient encore changer d’avis. La volatilité des électeurs de gauche et le recul de l’attachement partisan expliquent aussi une montée des tensions entre les partis de gauche.
« Le PS, historiquement, a l’habitude d’alliances tendues à gauche, notamment avec les communistes, mais aujourd’hui il y a beaucoup de ressentiment envers LFI en particulier à cause d l’importante animosité sur les réseaux sociaux », relève Bruno Cautrès qui estime qu’il s’agit sans doute d’une des raisons pour laquelle Raphaël Glucksmann pointe LFI malgré la condamnation par Jean-Luc Mélenchon de la prise à partie du candidat PS-Place publique. Par ailleurs, Raphaël Glucksmann, qui n’a jamais caché son rejet de la Nupes, entend fédérer un électorat de centre-gauche déçu par Emmanuel Macron et un autre, plus à gauche, déçu par Jean-Luc Mélenchon. Dans une autre note, la Fondation Jean Jaurès estimait que 38 % des intentions de vote pour Raphaël Glucksmann ont voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2022 et 30 % pour Emmanuel Macron. « Dans cette configuration, la meilleure stratégie pour Raphaël Glucksmann c’est de puiser dans les viviers de voix de LFI et du centre-gauche », assure Bruno Cautrès.
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