La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Européennes 2024 : à quoi pourrait ressembler le Parlement européen au soir du 9 juin ?
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La campagne des européennes bat au rythme des enquêtes d’opinion au niveau national. Dans chaque État, les observateurs scrutent le plus souvent les intentions de vote entre les différentes formations politiques locales. Mais c’est bien la synthèse de 27 élections à travers le continent qui fixera le rapport de force politique au sein du Parlement européen pour les cinq années à venir.
À moins d’une semaine de la clôture du scrutin, les dernières projections de l’hémicycle (établies par Europe Elects, Politico, ou encore les travaux des politologues Simon Hix et Kevin Cunningham) confirment les grandes tendances de ces derniers mois, avec les incertitudes propres aux sondages. La composition du Parlement revient aux électeurs et à leurs bulletins de vote, beaucoup de paramètres sont en jeu et la question des affiliations peut aussi complexifier l’exercice. Ces projections laissent entrevoir un glissement du centre de gravité du Parlement européen vers la droite, et une progression marquée des droites radicales ou des formations d’extrême droite qui pourrait perturber la mécanique habituelle à l’œuvre à Strasbourg et Bruxelles.
Vers une stabilité du PPE et des sociaux-démocrates, les deux mastodontes historiques
Pas de changement majeur concernant les deux principaux partis européens. Le Parti populaire européen (PPE) devrait sans suspens rester en tête. En léger repli depuis le mois de mars, le noyau de centre droit pourrait néanmoins conserver plus ou moins le même poids qui le caractérisait dans le Parlement sortant, à savoir environ un quart des sièges. Selon la plateforme d’agrégation de sondages Europe Elects, le PPE pourrait remporter environ 180 sièges dimanche, sur les 720 en jeu.
En deuxième position, le groupe S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) de centre-gauche bénéficie d’un petit rebond depuis le printemps. Les sociaux-démocrates pourraient sortir de cette séquence électorale à un niveau finalement proche de leurs effectifs dans l’hémicycle actuel. Sur la base des différentes enquêtes compilées, Europe Elects estime que S&D pourrait recueillir 138 sièges, soit 19,17 % des sièges (contre 19,72 % dans le Parlement sortant).
Affaiblissement des centristes et des libéraux de Renew
Les décomptes risquent d’être moins flatteurs concernant Renew Europe (RE), qui risque notamment d’être pénalisé par Renaissance et France et la perte d’élus Ciudadanos en Espagne. Le groupe le plus central au Parlement, stable dans les projections depuis mars, perdrait un continent important par rapport à aujourd’hui. Forts de 14,47 % des parlementaires à l’heure actuelle, les libéraux et centristes pourraient tomber à 11,94 % du Parlement européen (86 membres), selon la projection d’Europe Elects, soit un passage de 102 à 86 sièges, dans un hémicycle qui en compte 15 de plus comparé à la dernière législature.
Sur la base actuelle des sondages et de ces projections d’Europe Elects, les trois groupes centraux du Parlement européen totalisent 56,11 % des voix dans l’hémicycle. Les politologues Simon Hix et Kevin Cunningham, dans leurs derniers calculs, l’estiment à 55,28 %. De quoi assurer malgré tout une majorité informelle, mais moins confortable, surtout dans l’éventualité de défections lors de ces votes clés disputés. Les trois forces combinées sont fragilisées, puisqu’elles représentent, additionnées, 59,15 % dans le Parlement actuel.
Poussée des nationaux-conservateurs et de l’extrême droite
C’est à la droite du PPE que les changements seront sans doute les plus perceptibles. Les droites radicales et l’extrême droite sont annoncées en forte progression.
Issu à l’origine d’une scission des conservateurs britanniques avec la droite européenne, le groupe des conservateurs et réformistes européens (ECR) pourrait représenter 10,42 % des sièges du Parlement européen (75 sièges), selon la projection Europe Elects, contre 9,79 % dans l’actuel hémicycle. Le groupe, qui devrait être dominé par les eurodéputés de la Première ministre italienne Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia), comprend également les eurodéputés polonais du parti Droit et justice (PiS), les Espagnols de Vox, les Démocrates du Suède, le Parti démocratique civique de République-Tchèque. En février, le parti Reconquête d’Éric Zemmour a annoncé son ralliement au groupe.
Selon les travaux de Simon Hix and Kevin Cunningham, le groupe ECR pourrait même occuper 10,83 % de l’hémicycle, soit un niveau pas si éloigné de Renew Europe. En fonction de la recomposition dans la droite de l’hémicycle, et des marges d’erreurs, on voit que la troisième marche du podium au Parlement européen est incertaine.
Le groupe Identité et démocratie (ID) pourrait quant à lui disposer de 9,44 % des sièges (68), selon Europe Elects. Aujourd’hui, le groupe comprend principalement des eurodéputés de la Lega italienne et du Rassemblement national français.
Ce serait un bond important en comparaison de son poids actuel (6,95 %). Cette projection tient compte de l’exclusion de la délégation de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), décidée après les multiples scandales impliquant l’un de ses responsables, Maximilian Krah.
Combinés, les deux groupes pourraient donc peser près de 20 % des voix dans l’hémicycle, sans compter les autres voix eurosceptiques présentes aujourd’hui parmi les non-inscrits : l’AfD, et le Fidesz de Viktor Orbán, qui a annoncé rejoindre l’ECR après les élections. Le Premier ministre hongrois s’active pour un rapprochement des nationaux-populistes et nationaux-conservateurs. Marine Le Pen répète aussi à qui veut l’entendre l’importance de constituer un « super-groupe » dans cette extrême droite européenne. La tâche s’annonce ardue étant donnée les divergences idéologiques au sein de cette myriade de partis eurosceptiques. Déjà courtisée par la droite européenne, Giorgia Meloni estime qu’elles pourraient être déjà en mesure de peser davantage. « Il y a des marges pour construire une majorité différente au Parlement européen et donc une Europe différente avec des politiques différentes », déclarait-elle le, lundi 27 mai.
Affaiblissement des écologistes
Sur la gauche des sociaux-démocrates, des changements sont aussi à attendre le 9 juin. Le groupe des Verts pourrait reculer sensiblement, passant de 10,21 % des sièges à 7,78 % dans la projection Europe Elects, principalement sous l’effet de résultats sans doute moins bons que prévu en France et en Allemagne. Sa tête de file Terry Reintke rappelle toutefois que cette force peut constituer un point d’appui pour la coalition sortante, alors que certains élus PPE lorgnent vers les conservateurs de l’ECR.
Pour finir, le groupe de la Gauche (The Left) au parlement européen (GUE/NGL), pourrait légèrement renforcer ses troupes, en passant d’un poids de 5,25 %, à 5,42 %, selon Europe Elects.
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