La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Enquête électorale : 73 % des Français n’ont pas confiance dans la nouvelle Assemblée nationale
Par Simon Barbarit
Publié le
Malgré une forte participation, les dernières élections législatives n’ont pas réconcilié les Français avec la politique. C’est ce qui ressort de l’enquête électorale d’Ipsos réalisée pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès, le CEVIPOF et l’Institut Montaigne » auprès d’un large échantillon (11 204 personnes) du 26 juillet au 1er août.
En effet, 73 % des personnes interrogées déclarent ne pas avoir confiance dans l’Assemblée nationale. 56 % des personnes interrogées ont un sentiment négatif des résultats du scrutin. Un pourcentage qui monte à 86 % chez les électeurs du RN.
De même, 67 % estiment également que la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée a eu des conséquences négatives pour la France.
« L’idée d’un monde politique qui serait à part des autres »
Ce rejet ne concerne pas que les institutions. L’image des personnalités politiques est également particulièrement négative dans l’opinion. Aucune des personnes citées dans cette enquête n’obtient plus d’opinions favorables que défavorables. Jean-Luc Mélenchon arrive en tête avec 83 % d’opinions défavorables contre 13 % d’opinions favorables, suivi d’Emmanuel Macron (69 % contre 27 %), François Hollande (67 % contre 27 %), Éric Ciotti 65 % contre 24 %. A noter que Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont pas cités. 73 % des Français estiment par ailleurs que le président de la République devrait s’en tenir à un rôle d’arbitre neutre qui facilitera les négociations entre les partis, quels qu’ils soient. « La défiance des Français envers les politiques et leurs institutions ne se résume pas au simple rejet d’un Président qui n’en ferait qu’à sa tête. La situation de blocage actuel à l’Assemblée accroît cette idée d’un monde politique qui serait à part des autres. Et ce sentiment risque de s’accroître chez les électeurs du RN qui ont vu leurs députés ne pas avoir eu accès aux postes clés au Palais Bourbon. On peut mettre ça en perspective avec un élément qui ressort des derniers baromètres de confiance en la vie politique du CEVIPOF. 75 % des Français considèrent que c’est par le vote que l’on fait changer les choses. Ce qui est assez peu par rapport à d’autres démocraties, en Europe du Nord, notamment », analyse Bruno Cautrès, politologue chercheur au CNRS et au CEVIPOF.
« Les trois blocs se rejettent les uns, les autres »
Un autre enseignement de cette enquête porte sur l’appréhension de la tripartition de la nouvelle Assemblée. « Les trois blocs se rejettent les uns, les autres. Nous avons eu des résultats comparables à une élection proportionnelle, mais le personnel politique n’en tire pas les enseignements », relève Bruno Cautrès. Alors que 76 % des Français souhaitent la mise en place d’un scrutin proportionnel, la culture du compromis ne transparaît pas non plus chez les électeurs. Ainsi, une coalition Nouveau Front Populaire n’est plébiscitée que chez les électeurs de gauche, une coalition Nouveau Front Populaire et Ensemble n’est souhaitée que par les électeurs de gauche et du camp présidentiel, et ainsi de suite selon les cas de figure proposés. A niveau global, chaque bloc est soutenu équitablement par une partie des Français pour former un gouvernement. Une coalition du Nouveau Front Populaire est souhaitée par 47 % des personnes interrogées, une coalition d’Ensemble et des Républicains par 48 % et une coalition du Rassemblement National et ses alliés par 45 %.
Barrage républicain
On observe que la perception du barrage républicain diffère selon les électorats. 63 % des électeurs du NFP ne regrettent pas leur choix d’avoir voté au second tour pour un candidat Ensemble dans un duel face au RN. Un chiffre qui tombe à 54 % pour les électeurs Ensemble et 38 % pour les électeurs LR qui ont voté pour le NFP face au RN. D’ailleurs 45 % des personnes interrogées considèrent que le Front Républicain « est une tactique permettant aux partis traditionnels de conserver le pouvoir ».
Enfin, concernant l’hypothèse d’une démission d’Emmanuel Macron, les Français sont divisés. 51 % y sont favorables. Le pourcentage monte à 77 % chez les électeurs LFI et 76 % chez ceux du RN.
Méthodologie
Enquête réalisée du 26 juillet au 1er août 2024 auprès de 11 204 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrites sur listes électorales,
âgées de 18 ans et plus. Échantillon interrogé par Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région.
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