Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
En marge des consultations pour Matignon, le PS prépare sa rentrée politique, revigoré par les dernières séquences électorales
Par Romain David
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C’est dans un climat de flottement que les socialistes s’apprêtent à ouvrir leur université d’été à Blois, les 29, 30 et 31 août. Le parti à la rose organise sa rentrée dans la capitale du Loir-et-Cher pour la cinquième année consécutive, avec une saveur particulière pour cette édition : l’enthousiasme des bons scores réalisés aux européennes et aux législatives, mêlé aux incertitudes d’une inextricable équation politique. Alors que le chef de l’Etat enchaîne depuis la fin de semaine dernière les consultations politiques pour tenter de débloquer la situation issue de la dissolution, la gauche continue d’appuyer la nomination à Matignon de Lucie Castets, la candidate choisie par le PS et ses alliés du Nouveau Front populaire (NFP).
« Le contexte est particulier. Nous ne savons pas, à l’heure où débutera ce campus d’été, si nous aurons un Premier ou – je l’espère – une Première ministre », confie la sénatrice socialiste de Seine-Saint-Denis Corinne Narassiguin. « Mais au fond, cela ne change rien à nos priorités. L’urgence de cette rentrée, c’est comment mener, dans les mois et les années à venir, le combat pour faire reculer l’extrême droite à partir des idées de la gauche », fait valoir l’élue. D’où le nom de ce campus : « Gagner la bataille ».
Expliquer le programme
Un campus organisé non sans une certaine précipitation, reconnaît l’un des animateurs. La campagne des législatives anticipées et les tractations entre les principaux partis de gauche sur le candidat à envoyer à Matignon ont monopolisé les cadres du parti jusqu’à la mi-juillet. Au programme, une cinquantaine de tables rondes et de débats thématiques, pour la plupart axés sur des dossiers qui ont traversé les deux dernières campagnes électorales : le financement des politiques publiques dans un contexte d’endettement, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la montée de l’antisémitisme, la mise en place de la proportionnelle intégrale, ou encore la crise politique et sociale en Nouvelle-Calédonie…
Plusieurs temps forts seront consacrés à éclaircir certains points du programme du NFP, comme la hausse du Smic à 1 600 euros, les mesures proposées pour éradiquer les déserts médicaux ou favoriser la mixité scolaire. Sur ces trois jours, les socialistes prévoient également différents moments de formation à l’attention des militants. « Ce campus, c’est aussi l’occasion de s’adresser aux militants arrivés très récemment, notamment avec la campagne de législatives », salue l’eurodéputée Emma Rafowicz, également présidente des jeunes socialistes.
Un engouement renouvelé
Conséquence de l’engouement suscité à gauche par le NFP, les préinscriptions pour cette université d’été « ont battu un record » chez les jeunes PS. « Du moins depuis que nous l’organisons à Blois », précise Corinne Narassiguin, sans être en mesure de communiquer un chiffre précis. Il est loin le temps des grands raouts socialistes à La Rochelle… même si le parti est sorti renforcé des législatives anticipées, désormais en passe de bousculer l’hégémonie de La France insoumise à gauche de l’échiquier politique. D’ailleurs, plusieurs des frondeurs de LFI sont attendus à Blois : Clémentine Autain, Alexis Corbière et Raquel Garrido. Seront également présents : Marine Tondelier, la patronne des écolos, le sénateur Ian Brossat, porte-parole du parti communiste, ou encore le député Benjamin Lucas pour Génération.s.
Mais aussi quelques personnalités : l’économiste Michaël Zemmour, l’une des figures de proue de l’opposition à la réforme des retraites, et l’actrice Judith Godrèche, pour évoquer la commission d’enquête parlementaire sur les abus et violences dans le cinéma, dont elle a été à l’initiative.
Et bien sûr, plusieurs pontes du PS ; Carole Delga présidente de la région Occitanie, Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, un temps cité comme premier ministrable, et les chefs de file des parlementaires socialistes, Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, et Patrick Kanner son homologue du Sénat, participeront à différentes tables rondes. « Bien sûr, je ne l’ai pas dit mais cela me paraît évident, Raphaël Glucksmann sera présent sur la session plénière consacrée aux parlementaires », s’empresse d’ajouter Corinne Narassiguin. L’eurodéputé, chantre d’une ligne social-démocrate pendant la campagne des européennes, a disparu du devant de la scène après la dissolution, sitôt les discussions entamées avec les écologistes et la gauche radicale.
Gouverner sans majorité
François Bonneau, le président de la région Val de Loire, ouvrira ce campus, que conclura le samedi 31, à la mi-journée, le premier secrétaire Olivier Faure. Mais le point d’orgue de ces trois jours est attendu vendredi en fin d’après-midi, avec « un grand entretien » de Lucie Castets, qui poursuit son tour de France des universités d’été des partis de gauche. À moins qu’une annonce présidentielle ne vienne bousculer ce programme.
« Le problème d’Emmanuel Macron, c’est cette façon de procrastiner, de faire de nouvelles consultations, d’être dans la recherche d’une solution qui lui permette de ne pas reconnaître le résultat des législatives… », soupire Corinne Narassiguin. « Ce que l’on veut, c’est pouvoir mettre chaque parlementaire devant ses responsabilités ».
En évoquant samedi la possibilité d’un soutien de LFI sans participation à un gouvernement Castets, Jean-Luc Mélenchon a poussé une partie des responsables de droite et du camp présidentiel à se positionner sur le programme du NFP, la plupart confirmant leur intention de censurer la gauche si celle-ci devait arriver au pouvoir. Dans ces conditions, l’hypothèse de majorités au cas par cas, telle qu’envisagée par Lucie Castets pour pouvoir réformer, semble déjà compromise. « Comment parvenir, à partir du programme du NFP, à trouver des majorités qui peuvent s’inscrire dans la durée ? Pour avoir la réponse, je vous invite à venir assister à notre campus d’été ! », balaye Corinne Narassiguin.
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