C’est un bras de fer qui se joue entre le gouvernement et les partenaires sociaux, alors que patronat et syndicats n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le Pacte de la vie au travail, avec comme point d’achoppement, l’ouverture à la retraite progressive, réclamée par FO et la CFDT. Une ligne rouge pour le patronat, à qui le gouvernement avait demandé de ne pas engager de dépense supplémentaire, dans sa lettre de cadrage.
« Le contexte n’est pas très favorable »
Constatant que « le dialogue social n’a pas fonctionné », la ministre du Travail a expliqué qu’en l’absence d’accord sur l’emploi des seniors, « le gouvernement ne peut pas transposer, et les travaux ne peuvent pas à ce stade, continuer ». Un pessimisme encore plus grand semble également régner du côté de Catherine Vautrin à propos des négociations sur l’assurance-chômage, la ministre se définissant elle-même, comme n’étant « pas très optimiste » sur le sujet. « Le contexte n’est pas très favorable et bien évidemment, je le regrette », déplore-t-elle.
Pour autant, hors de question pour la ministre de reconnaître une quelconque responsabilité du gouvernement dans l’échec de négociations, quelques heures après l’audition du président du MEDEF en commission sénatoriale des affaires économiques, qui avait reproché au gouvernement d’agir « à front renversé » sur l’assurance-chômage, alors même que syndicats et patronat s’étaient mis d’accord sur une baisse des cotisations patronales. A cet égard, Patrick Martin a expliqué que ses premiers échanges avec le gouvernement semblaient se diriger vers la suppression de la baisse de ces cotisations, pourtant votée, que l’exécutif justifie par des « raisons budgétaires ».
« 350 000 emplois non pourvus »
« Quand il y a un chemin, il y a une solution et malheureusement, il n’y avait pas de volonté pour avoir le chemin », torpille Catherine Vautrin, pour qui « l’heure n’est pas à qui est responsable de quoi ». « Ma porte est toujours ouverte car ce qui m’importe, c’est l’emploi des seniors », assure-t-elle, jugeant nécessaire de « trouver les voies et les moyens de les accompagner ».
Quant à l’assurance-chômage, la ministre du Travail estime que le sujet est « avant tout [celui] de la capacité de celles et ceux qui sont en recherche d’emploi à aller vers l’emploi ». « Au moment où je vous parle, il y a 350 000 emplois non pourvus dans notre pays », alerte-t-elle, rappelant par-delà même, l’importance de la formation : « Toute la question, c’est comment on forme celles et ceux qui sont en demande d’emploi, pour aller vers les emplois qui ne sont pas pourvus », explique-t-elle.
Un « texte équilibré » sur la fin de vie
Interrogée également sur la fin de vie, alors que le projet de loi promis par le président de la République, a été présenté ce mercredi sur la table du Conseil des ministres, le spectre des fractures politiques a ressurgi ces derniers jours. Catherine Vautrin s’est cependant voulue rassurante, rappelant que « ce texte n’est pas venu tout seul », ce dernier ayant bénéficié d’un avis du comité consultatif national d’éthique le 13 septembre 2022, qui avait considéré « qu’il existe une voie pour une application éthique de l’aide active à mourir, à certaines conditions strictes avec lesquelles il apparaît inacceptable de transiger ». En outre, la ministre salue que le texte a été « travaillé de façon remarquable par une convention citoyenne », notamment « une partie soins palliatifs (…) portée par des professionnels ».
A ce titre, elle qualifie le projet de loi, comme étant « équilibré », ce dernier contenant « deux éléments importants » : d’une part, « un programme de soins palliatifs », sur lequel la ministre a promis 1,1 milliard d’euros, d’autre part, une partie consacrée à « l’aide à mourir ». « Tout le sujet, c’est l’équilibre entre les deux textes », nuance-t-elle, rappelant que le caractère sensible du sujet, nécessite que « chacun a[it] sa liberté de conscience ». « Ce qui est important, c’est le respect et l’écoute, de façon à garder un équilibre pour nos concitoyens », demande-t-elle. « Maintenant, place au débat parlementaire ! », conclut-elle.