Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Emmanuel Macron va-t-il nommer un Premier ministre à l’issue des consultations politiques ?
Par Henri Clavier
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« Ces rencontres doivent être suivies de la nomination d’un Premier ministre », assure un conseiller d’Emmanuel Macron avant les consultations des chefs de partis et de groupes parlementaires qui débutent vendredi 23 août. Six semaines après les résultats des élections législatives, le Président de la République n’a toujours pas nommé de nouveau chef de gouvernement. Une situation qui crispe les oppositions, notamment le Nouveau Front Populaire (NFP) qui assure être prêt à gouverner, même sans majorité absolue.
« Il est plus que temps maintenant de passer à l’action : comme dans toutes les démocraties parlementaires, la coalition arrivée en tête doit pouvoir former un gouvernement, chercher des accords au sein du Parlement et se mettre au travail. Nous y avons travaillé tout l’été. Nous sommes prêts », affirment les représentants du NFP dans une lettre adressée aux Français ce jeudi 22 août. Si la gauche déplore cette période d’attente, l’Elysée assure que le délai est raisonnable en comparaison avec le temps que prend la formation d’une coalition parlementaire chez nos voisins européens.
La fin de la période de « décantation »
Ce délai de six semaines, présenté comme une période de « décantation » par l’Elysée devait permettre de réaliser la « clarification » souhaitée par Emmanuel Macron. Et si La Droite Républicaine et le bloc central ont détaillé leurs priorités dans un pacte législatif ou pacte d’action, ces documents reprennent assez largement les propositions phares de chaque parti. Dans le cadre de ces consultations, c’est le NFP qui ouvrira le bal avec la réception des présidents de groupes et des chefs de parti, accompagnés de Lucie Castets, à 10 h 30. Chaque formation se succédera ensuite en fonction de son poids à l’Assemblée nationale, à l’exception du RN qui sera reçu lundi. Si toutes les formations politiques ont accepté de jouer le jeu, la crainte d’une répétition des rencontres de Saint-Denis reste présente.
Selon l’Elysée, avec ces rencontres Emmanuel Macron « se fixe l’objectif d’un dialogue loyal, sincère et utile » devant permettre « d’aller assez rapidement à l’issue des rencontres ». De là à imaginer la nomination d’un nouveau premier ministre dans les jours qui suivront ? Pourquoi pas assure l’Elysée qui prévient néanmoins que ces consultations seront suivies d’un temps de négociations entre les partis.
Le retour d’un Président arbitre ?
Alors que LFI divise la gauche en brandissant la menace d’une destitution si Emmanuel Macron refuse de nommer Lucie Castets, le Président de la République entend nommer un chef de gouvernement capable de durer et qui pourrait résister à une motion de censure. L’Elysée insiste d’ailleurs largement sur le rôle de garant des institutions du Président de la République, tout en rappelant que la nomination du Premier ministre est un pouvoir propre du chef de l’Etat. Battu lors des élections législatives, le bloc central mené par Emmanuel Macron pourra effectivement difficilement se passer de faire certaines concessions et devra, a minima, donner une impression de cohabitation. Les conseillers presse et communication du Président de la République distillent d’ailleurs les éléments d’une présidence plus arbitrale. Ils assurent que ce dernier se contentera de donner des « grandes orientations » et qu’il sera de la tâche du futur Premier ministre de négocier un pacte de gouvernement. Emmanuel Macron consultera également la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat lundi.
Le souhait d’une coalition large et stable
Toujours dans l’idée d’une « décantation », les consultations doivent faire apparaître les points de consensus possibles permettant de former « la majorité la plus large et la plus stable possible ». C’est en fonction de ces deux éléments que doit se faire la nomination. En insistant sur l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, l’Elysée considère que « le verdict du 7 juillet contraint tout le monde à entrer dans une logique de coalition ». Et si effectivement aucun groupe n’est proche d’une majorité absolue, les accords de coalition semblent également difficiles à nouer dans un Parlement fragmenté. Malgré ce constat, La Droite Républicaine de Laurent Wauquiez qui s’était entendue avec le bloc central pour reconduire Yaël Braun-Pivet au perchoir ne semble pas prête à rentrer dans une coalition. A gauche la situation ne semble pas plus ouverte. Même si les noms de Bernard Cazeneuve ou de Karim Bouamrane ont circulé, ils ne font pas l’unanimité et tout dépend de la marge de manœuvre accordée à ce Premier ministre, rappelait le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. « La balle est dans le camp des parlementaires », estime François Patriat, président du groupe macroniste au Sénat.
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