Emmanuel Macron au 20 heures : une manière de « sauver le soldat Valérie Hayer qui coule, coule, coule », moque Sébastien Chenu
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L’intervention fait débat. A trois jours du scrutin européen, Emmanuel Macron s’exprimera jeudi dans les journaux de 20 heures de TF1 et France 2, en marge des commémorations du débarquement. Le président, interviewé par Gilles Bouleau et Anne-Sophie Lapix, évoquera notamment l’actualité internationale et en particulier la question du conflit russo-ukrainien. A l’annonce de cette intervention télévisée, les oppositions ont immédiatement réagi, fustigeant une manière détournée de faire campagne pour les élections européennes. « Donc jeudi vendredi samedi, ce sera « Fidel Macron » sur toutes les chaînes pour commémorer et s’exprimer sans contradicteur à 20 heures, bref pour faire campagne à un moment où plus personne ne pourra lui répondre », a par exemple twitté le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Opposants de droite comme de gauche réclame le décompte du temps de parole présidentiel du temps de campagne de Valérie Hayer. « Cela prêterait à sourire si cela ne participait pas des mêmes vieilles techniques pourries d’accaparement des chaînes nationales », tacle Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l’Assemblée nationale. « On voit le président qui s’impose pour sauver à tout prix le soldat Hayer qui coule, qui coule, qui coule », ironise l’élu du nord de la France, à l’heure où la liste de Valérie Hayer récolte à peine la moitié du score de celle de Jordan Bardella dans les enquêtes d’opinion. Mais Sébastien Chenu voit dans cette intervention présidentielle un nouveau moyen de mettre la pression sur l’exécutif : « A partir du moment où le président s’implique à ce point dans le débat des élections européennes, il faudra qu’il tire des conséquences si la liste qu’il soutient n’est pas à la hauteur des enjeux. Si la liste de Valérie est battue, il faudra qu’il dissolve », soutient Chenu. En pleine confiance dans un contexte de sondages largement favorables au parti d’extrême droite, les cadres du Rassemblement national réclament régulièrement la dissolution de l’Assemblée nationale, convaincus d’arriver en tête et donc au pouvoir en cas d’élections législatives.
Vote utile
Sur l’enjeu des élections européennes, Sébastien Chenu place le seuil de la victoire du RN – et donc de la défaite des macronistes – relativement bas : « Au-dessus de 22 %, on le vivra comme une victoire », explique le député, qui se réfère au score du Rassemblement national lors du scrutin de 2019, mais espère néanmoins « tangenter les 30 % ». Dans toutes les enquêtes d’opinions publiées ces dernières semaines, la liste de Jordan Bardella est attendue au-dessus de la barre des 30 %, à 32, 33, voire 34 %. Mais seul comptera le score effectif du 9 juin, raison pour laquelle Sébastien Chenu enjoint ses électeurs à se déplacer, et à « voter utile ». « Il faut donner de la force à l’opposition, il faut envoyer un signal politique fort, envoyer un carton rouge à Emmanuel Macron », insiste le député d’extrême droite. « Il y a un seul tour, un seul vote, c’est la liste de Jordan Bardella ». Car face à ces sondages optimistes, le RN peut craindre une forme de démobilisation de son électorat. Soit via une abstention, soit via un vote accordé à l’autre liste d’extrême droite, Renconquête !, ou encore au parti LR du conservateur François-Xavier Bellamy. « Il n’y a pas beaucoup d’intérêt d’avoir un député zemmouriste qui se balade ou un député LR de plus », martèle le député. Malgré les sondages flatteurs, la campagne du Rassemblement national n’est pas à l’abri des polémiques. La dernière en date est née de deux affiches publiées par les équipes du parti d’extrême droite. L’une met en avant le témoignage d’un gendarme, l’autre celui d’un militaire. Tous deux assurent voter pour le RN lors du scrutin du 9 juin. Le général Christian Rodriguez, directeur de la gendarmerie nationale, y voit une entorse au « statut militaire ». « Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message. Et le moins qu’on puisse attendre, c’est que vous respectiez le gendarme et son statut, dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences », a ajouté le militaire. « Qu’il s’occupe de son boulot », lui répond sèchement Sébastien Chenu, qui ne comprend pas « cette fausse polémique ». « On dit aux gendarmes, aux policiers : votez pour nous, nous sommes avec vous », réitère le député.
Faire tomber le gouvernement
Conscient qu’il y a peu de chance que le président de la République cède à la demande du Rassemblement national de dissoudre l’Assemblée nationale à l’issue du scrutin européen, Sébastien Chenu tente par tous les moyens de faire tomber le gouvernement. Lundi après-midi, deux motions de censure seront examinées à la chambre basse. Pour cela, le parti à la flamme aura besoin des votes de la France insoumise et des LR. Convaincu que ces motions de censure peuvent « permettre de renverser le gouvernement », Sébastien Chenu enjoint le reste des oppositions à les voter. « Soyez des gens libres, pensez à vos électeurs à qui vous dites matin, midi et soir que vous êtes l’opposition, mais lorsque vous arrivez à Paris, vous refusez de faire vaciller le gouvernement », affirme le député. « Ça ne nous engage pas davantage. Ça ne nous engage pas demain à travailler un accord de gouvernement. Nous utilisons tous les moyens que la Constitution nous donne pour essayer de faire tomber ce gouvernement qui fait tant de mal aux Français ». Pour convaincre ses collègues députés des autres bancs de l’Assemblée, Sébastien Chenu insiste sur les « mensonges », « l’insincérité » et « l’incompétence » du gouvernement, qui mène selon lui à « la situation catastrophique de nos finances publiques ». Vendredi, le cabinet Standard and poor’s a décidé de dégrader la note de la France, de AA à AA-, peu convaincus par les objectifs de Bercy concernant les déficits de l’Etat. Une décision qui offre aux oppositions une nouvelle fenêtre de tir pour critiquer la politique du gouvernement, à quelques jours des élections européennes. Une fenêtre de tir dont Sébastien Chenu profite pour tancer le bilan de Bruno Le Maire, « qui s’occupe des finances de la France entre deux romans », et dont le maintien au gouvernement est selon lui « un non-sens ».
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