Elections sénatoriales 2023 : quelle place pour les femmes ?
Le scrutin de septembre permettra-t-il de renforcer la place des femmes au Sénat ? Au Parti socialiste, on veut « faire du PS le premier parti féministe de France », avec plus de sénatrices à la clef. Au groupe LR, qui compte autant de femmes que le groupe PS, on ne revendique pas « la volonté de présenter une femme pour une femme », mais plutôt « le meilleur candidat. Et ça peut souvent tomber sur un homme », reconnaît la sénatrice Dominique Estrosi Sassone.
Les sénatoriales du 24 septembre verront la moitié des sièges de la Haute assemblée remis en jeu. Et combien de femmes élues ? La place des femmes dans les candidatures est un enjeu à chaque élection, en particulier pour occuper une place éligible.
Il faut avoir en tête que les sénatoriales comptent deux types de scrutin : uninominal dans les départements élisant un ou deux sénateurs. Ici, pas de parité obligatoire. Et scrutin de liste à la proportionnelle dans les départements élisant trois sénateurs et plus. Ces listes sont obligatoirement paritaires, c’est-à-dire avec une alternance homme/femme ou femme/homme. Et bien souvent, celui ou celle, qui occupe la première place a plus de chance d’être élu(e)…
« La féminisation est un objectif extrêmement prégnant au PS »
Les investitures, que les partis ont quasiment bouclées, sont donc essentielles pour le nombre de femmes élues. Au Parti socialiste, on revendique de laisser la place aux femmes, du moins quand cela est possible. Globalement, les sortants sont reconduits.
Au groupe PS, on compte actuellement 23 sénatrices pour 41 sénateurs, soit 36 % de femmes. 33 des 64 sièges sont renouvelables. Pour l’heure, « nous avons investi 40 candidats dans 35 départements », a annoncé jeudi, lors d’une conférence de presse sur les sénatoriales, Pierre Jouvet, chargé des élections au Parti socialiste. Une dizaine de départements restent à régler. Dans ces investitures, « la féminisation est un objectif extrêmement prégnant. Le premier secrétaire, Olivier Faure, a fixé comme objectif la parité femme homme », explique-t-il. Une volonté qui a certainement aidé la sortante Laurence Rossignol a obtenir l’investiture dans le Val-de-Marne. Le responsable insiste, affichant l’ambition de son parti :
Alors qu’on compte « 12 sénatrices PS sortantes dans ce renouvellement, à l’issue du scrutin, nous ferons progresser le nombre de sénatrices socialistes à l’intérieur du groupe. Et j’espère, nous pourrons arriver à avoir entre 17 et 20 sénatrices élues en septembre », soutient Pierre Jouvet.
« Volonté de montrer le nouveau visage du PS »
Parmi les nouvelles candidates, le secrétaire général du PS cite « Marion Canales, dans le Puy-de-Dôme », adjointe au maire de Clermont-Ferrand, « Corinne Narassiguin », secrétaire nationale du PS à la coordination et aux moyens, une proche d’Olivier Faure, « Fatoumata Sow », qui occupe la seconde place dans les Hauts-de-Seine, ou encore « Audrey Linkenheld », première adjointe de Martine Aubry à Lille, et numéro deux dans le Nord, derrière le président de groupe, Patrick Kanner. Elles ont toute une chance, voire la certitude pour certaines, de faire leur entrée au Palais du Luxembourg.
« Autant de nouveaux visages que le PS souhaite mettre en avant dans les prochaines années », affirme le responsable des élections, qui revendique une « volonté de montrer le nouveau visage du PS ». Un visage féminisé et plus jeune. Il souligne au passage que le parti « a baissé la moyenne d’âge (des candidats) de près de 10 ans, par rapport aux dernières sénatoriales. Elle est aujourd’hui d’un peu plus de 50 ans ».
Presque autant de femmes au Sénat qu’à l’Assemblée
Si on est encore loin de la parité, la place des femmes progresse au Sénat. A l’issue du dernier renouvellement de 2020, on comptait 118 femmes, ce qui représentait 34% des effectifs. Soit 16 sénatrices de plus que lors des sénatoriales de 2017 (102 femmes, soit alors 29% du total). Aujourd’hui, le Sénat atteint 35% de femmes. Soit quasiment le même niveau qu’à l’Assemblée nationale, qui a 37% de députées. Le niveau y a un peu reculé entre 2017 et 2022.
Chez les écolos, on fait aussi de la féminisation un étendard. D’autant que le petit groupe écologiste, composé de 12 membres, est plutôt masculin. On n’y compte que 3 femmes.
« Notre groupe n’est pas franchement paritaire. C’est lié à l’histoire. On a pour le coup un déficit important », reconnaît le président de groupe, Guillaume Gontard, même si « le non cumul a bien amélioré les choses, en terme de rajeunissement et de féminisation. Et ça a permis d’avoir des élus beaucoup plus impliqués ». « Sur les candidatures, évidemment, l’objectif c’est d’arriver à favoriser au maximum les femmes, tout en tenant compte des sortants, ce qui est extrêmement complexe », explique-t-il, avant de résumer :
Dans ses investitures, EELV a donc fait de la place aux femmes, comme pour « les Français de l’étranger », ou « à Paris, avec Antoinette Guhl », qui mènera la liste, et non le plus médiatique Yannick Jadot, ancien candidat à la présidentielle, qui occupera la seconde place. Elle reste éligible. Si la parité permet d’imposer plus de femmes, elle limite paradoxalement aussi leur arrivée, si la volonté est là. « Forcément, ce n’est pas possible de mettre deux femmes à la suite pour favoriser la féminisation, ce qui aurait pu être le cas par exemple à Paris. On est contraint », note Guillaume Gontard.
Dans le Morbihan, où le sortant Joël Labbé ne se représente pas, EELV a apporté son soutien à Thérèse Thiéry, par ailleurs sœur de Jean-Yves Le Drian. Mais ici, le PS entend présenter son candidat, un homme, avec Simon Uzenat, premier fédéral du Morbihan, que le parti juge mieux placé. Ce qui est source de tension avec EELV et l’une des causes de l’absence d’accord, pour le moment, aux sénatoriales, avec le PS. « Il y avait une règle assez claire, c’est de favoriser les sortants. Mais le fait qu’il y ait cette candidature dans le Morbihan va empêcher une femme d’être élue. A un moment, il faut peut-être être en accord avec ce qu’on dit », pointe Guillaume Gontard, qui ajoute : « C’est un point de blocage que le PS devrait lever tout de suite. Ça détendra tout le monde derrière ».
Le groupe LR compte aujourd’hui un peu plus d’un tiers de femmes
A droite, au groupe LR, on compte 53 femmes pour 92 sénateurs, soit 36% de sénatrices, comme au groupe PS. Pour le scrutin 2023, pas moins de 65 sièges LR sur 145 sont en jeu. Pour l’heure, 18 femmes ont été investies et 24 hommes. « On est quasi à l’équilibre », explique-t-on. Mais il faudra encore attendre la totalité des investitures.
Le mode de scrutin a son importance ici. Dans les départements à la proportionnelle, « ce sont les listes chabadabada, un homme une femme. Mais dans les scrutins élisant moins de trois sénateurs, là, vous pouvez avoir vraisemblablement peut-être plus d’hommes. D’autant plus que vous avez plus d’hommes en candidats sortants. Et l’idée, c’est de donner quand même une prime aux sortants, qui sont généralement investis », explique la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, vice-présidente du groupe LR. Une certaine inertie, due à une place historiquement prépondérante des hommes, limite ainsi l’arrivée de femme :
La parité parfois contournée par les sortants
Parfois, les sortants, à l’occurrence des hommes, contourne la parité pour lancer chacun leur propre liste. C’est le cas cette année dans l’Oise, département à la proportionnelle, où l’alternance homme/femme est donc la règle sur les listes. Les trois sortants du groupe LR, Jérôme Bascher, Edouard Courtial et Olivier Paccaud vont présenter chacun leur propre liste de droite, espérant ainsi conserver leur siège, ce qui serait impossible, en cas d’une seule liste, où le troisième homme se retrouverait au mieux à la cinquième position. Chez les LR, on avait vu la même chose il y a six ans dans la Manche, où Philippe Bas et Jean Bizet avaient présenté chacun leur liste.
« Il y a une tendance naturelle à mettre des hommes en 1 et des femmes en 2 », constate Laure Darcos, sénatrice LR de l’Essonne. Il y a 6 ans, elle occupait la seconde place derrière Jean-Raymond Hygonnet, qui était alors à la tête de l’union des maires locale. Elle est alors élue à quelques voix près. Pour le scrutin de 2023, on lui propose à nouveau la seconde place. Mais la gauche ayant progressé, elle n’est pas sûre d’être élue. « Je n’ai rien contre Jean-Raymond, j’espère qu’on sera élus tous les deux, mais il n’y avait aucune raison que je me retrouve à cette place de numéro 2, comme on m’a invité à le faire. Je n’ai pas démérité, je suis à la tête de la fédération LR et je suis la dernière parlementaire LR du département », souligne Laure Darcos. Résultat, chacun fait sa liste. Ce qui parle aux élues, raconte Laure Darcos :
« Ce sont souvent plus des hommes qui conduisent les listes »
Dans les départements à la proportionnelle, Dominique Estrosi Sassone reconnaît que « ce sont souvent plus des hommes qui conduisent les listes ». Mais il y a aussi l’exemple inverse : « En Seine-et-Marne, Anne Chain-Larché conduit la liste, à Paris, c’est une femme aussi, avec Catherine Dumas qui se représente, comme Laurence Garnier en Loire-Atlantique ».
Mais globalement, pour Dominique Estrosi Sassone, il ne faut pas avoir « la volonté de présenter une femme pour une femme. Il y a un calcul politique légitime à faire, en regardant les personnalités et qui est le meilleur candidat, qui peut rassembler. Et ça peut souvent tomber sur un homme ».
« Les femmes, il faut aller les chercher, les convaincre »
Reste que les hommes sont encore solidement ancrés aux postes électifs. Comment expliquer cette évolution, encore parfois lente, par endroits ? « Le monde politique a commencé à s’ouvrir avec des femmes qui prennent des responsabilités, mais qui rentrent dans les responsabilités parlementaires plus tardivement », explique Dominique Estrosi Sassone. « Il y a aussi des femmes qui ne sont pas forcément intéressées, ou pas très partantes pour occuper des fonctions parlementaires. Passer d’un mandat local à parlementaire, ça fait encore réfléchir des femmes, sur la disponibilité, les journées passées à Paris. Souvent, il y a plus de candidats hommes. Les femmes, il faut aller les chercher, les convaincre », constate la vice-présidente du groupe LR.
Même si les choses évoluent, l’enjeu du partage des responsabilités familiales peut aussi jouer, avec la question « des enfants », pense la sénatrice des Alpes-Maritimes : « Quand vous êtes plus jeune, vous avez forcément des enfants en bas âge, ça demande une organisation. Il n’y a pas que ça, mais les enfants jouent certainement ».
Des femmes « capables de mener tout de front »
« Il y a encore cette vision du parlementaire masculin. Des femmes maires, dans les communes plus rurales, pensent que le naturel, c’est de voir des sénateurs homme », constate Laure Darcos
Mais elle sent que les mentalités évoluent, « avec les changements, dus d’ailleurs à la gauche, avec la parité dans les conseils départementaux, avec des binômes homme/femme depuis 2015 ». En 2017 et 2020, elle a vu arriver une nouvelle génération de jeunes sénatrices dans son groupe, comme « Christine Lavarde », « Alexandra Borchio Fontimp », une proche d’Eric Ciotti, ou « Elsa Schalck », des femmes « capables de mener tout de front », qui arrive à allier vie politique et vie de famille.
« On ne peut pas faire confiance aux hommes pour nous promouvoir », pense Nathalie Goulet
Le binôme paritaire pour les élections départementales « a fait émerger des tas de talents chez les femmes », pense aussi Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne. Ça avance donc, mais les femmes doivent encore se battre, pense la sénatrice centriste. « Quand on ne se représente pas et qu’on est une femme, il faut essayer de placer une femme à sa place. Je pense que c’est la bonne méthode. C’est comme ça qu’il faut faire. On ne peut pas faire confiance aux hommes pour nous promouvoir », soutient Nathalie Goulet, qui se représente en septembre dans son département. Elle ajoute : « Les femmes sortantes doivent veiller à préparer leur succession genrée. S’il y a un siège de femme qui se libère, il y aura beaucoup plus d’hommes que de femmes qui voudront le récupérer ».
Nathalie Goulet renvoie à la « formule de Françoise Giroud. On aura une vraie égalité entre hommes et femmes, quand à un poste important, on mettra une femme incompétente ».
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