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Elections sénatoriales 2023 : le groupe LR mise sur une « stabilité », sans exclure une « petite érosion »
Par François Vignal
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C’est le premier groupe du Senat et il le restera. Le groupe LR et ses 145 sénateurs, c’est un peu la colonne vertébrale de la majorité sénatoriale. Une majorité qu’il ne détient cependant pas seul, mais avec les 57 sénateurs du groupe Union centriste, avec qui il faut parfois composer, discuter, négocier. C’est pourquoi les résultats des élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre seront à suivre.
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Pour ce scrutin, où près de la moitié des sièges de la Haute assemblée est renouvelée, soit 170, il ne faut pas attendre de grandes variations. Le groupe LR anticipe globalement une « stabilité ». Reste à savoir de quel côté de la balance penchera l’issue du vote, soit quelques gains ou quelques pertes de sièges. Dans ce scrutin indirect où 95 % du corps électoral est issu des conseils municipaux, ce sont les dernières élections municipales de 2020 qui déterminent les grandes tendances. Et pour la droite, elle était bonne.
« Ce qui est l’enjeu pour le Sénat, c’est qu’il puisse maintenir son rôle qu’il a retrouvé au cœur du débat public », selon Bruno Retailleau
C’est pourquoi, à trois jours du scrutin, le président du groupe LR, Bruno Retailleau, peut aborder le scrutin avec une certaine confiance. Le patron des sénateurs LR n’exclut cependant pas un peu de perte en ligne, à la marge. Mais l’essentiel pour lui, c’est la stabilité globale. « J’attends que la majorité sénatoriale soit confortée. Ce qui est l’enjeu pour le Sénat, c’est qu’il puisse maintenir son rôle qu’il a retrouvé au cœur du débat public », avance le sénateur de Vendée. « Il faut pour ça une vraie majorité, claire et cohérente. Que ce soit le groupe d’Hervé Marseille (l’Union centriste, ndlr) ou le mien, on sera en situation de composer cette majorité », insiste-t-il, avant d’ajouter :
Reste que pour son groupe, « il peut y avoir, à quelques exceptions près, un peu d’érosion, ici ou là. Certains endroits où on va gagner, d’autres pas », admet Bruno Retailleau. En réalité, chaque président de groupe fait face à une part d’incertitude dans la dernière ligne droite, dans cette élection un peu à part où la dimension personnelle des candidats joue beaucoup, comme le mode de scrutin.
« Le scrutin proportionnel à la plus forte moyenne réserve toujours des surprises. On est sur quelques unités. Mais je ne suis pas capable de dire si c’est + 1 ou + 2 sièges, ou – 4 ou – 6 sièges. Ça peut certainement bouger. Mais je ne me risquerais pas à faire un comptage », avance Bruno Retailleau, qui semble tout de même préparer le terrain :
Bruno Retailleau rappelle qu’« en 2020 (lors du précédent scrutin), on était au fait de notre gloire, après des municipales qu’on avait largement gagnées ». Autrement dit, rien d’alarmant en cas de léger ressac. Une chose paraît certaine : les LR ne gagneront pas une dizaine de sénateurs. « On est déjà très haut », souligne un membre de la famille LR. Autrement dit, difficile d’aller plus loin.
La droite divisée à Paris, « c’est malheureusement un grand classique »
Certaines dissidences risquent de faire perdre des sièges. C’est le lot pour toutes sénatoriales. « Nos divisions sont souvent délétères. C’est souvent ce qui nous fait perdre quelques sièges », reconnaît Bruno Retailleau, « mais ça n’affectera pas la majorité sénatoriale ».
A Paris, la droite part complètement divisée. « C’est malheureusement un grand classique », glisse le président de groupe. On ne compte pas moins de trois listes : celle officielle de Catherine Dumas, soutenue par Rachida Dati, celle de l’eurodéputée et présidente de la fédération LR de Paris, Agnès Evren, et celle du sortant Pierre Charon, qui n’a pas reçu l’investiture de son parti. La droite a actuellement quatre sièges dans la capitale.
Eparpillement, divisions et listes dissidentes
Dans les Hauts-de-Seine, la droite est de nouveau divisée. La situation s’est améliorée, puisqu’il y a six ans, on comptait cinq listes à droite. Cette année, la liste officielle de Roger Karoutchi, vice-président LR du Sénat, qui compte trois sortants, doit faire face à celle de Marie-Do Aeschlimann, qui visait la quatrième place de la liste officielle, finalement confiée à Joëlle Ceccaldi, maire LR de Puteaux, qui fait face à des démêlés judiciaires.
Dans le Nord, la profusion de listes, au nombre de 16, crée l’incertitude. A droite et au centre-droit, ça se bouscule. La liste LR de Marc-Philippe Daubresse, qui joue aussi sur la fibre centriste en tant que proche de Jean-Louis Borloo, doit faire avec trois listes UDI, une liste de centre-droit de l’indépendant Dany Wattebled, sans compter une liste estampillée Horizons et une autre Renaissance. Les LR ont aujourd’hui deux sièges dans le Nord. En Essonne, les deux sortants Laure Darcos et Jean-Raymond Hugonet n’ont pas non plus réussi à s’entendre et partent chacun avec leur liste. Mais avec la poussée de la gauche dans ce département, il risque de ne pas y avoir de place pour tout le monde.
L’effet Horizons
Autre difficulté, à la marge, pour la droite : Horizons, le parti d’Edouard Philippe. « L’érosion », dont parle le président de groupe, est en effet également possible « car il y a l’émergence d’Horizons. Heureusement, ils sont divisés souvent avec Renaissance », note Bruno Retailleau. Le transfert de maires LR vers Horizons pourrait mécaniquement faire perdre un siège ici ou là, comme dans la Marne. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, a ainsi rejoint le parti de l’ancien premier ministre. Il apporte dans la corbeille de la mariée tout son lot de grands électeurs. De quoi faire élire un sénateur, avec Cédric Chevalier.
A l’inverse, d’autres territoires s’annoncent plus propices pour la droite. A Mayotte, les LR peuvent espérer gagner un siège, comme dans le Val-de-Marne, sur la liste menée par Christian Cambon.
Larcher, Primas, Cambon, Husson, Rapin, Bas : plusieurs figures de la droite sénatoriale candidates
Plusieurs figures de la droite sénatoriale sont candidates dans cette élection. A commencer par le président LR du Sénat lui-même, Gérard Larcher, qui compte sur sa liste la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas.
On peut citer aussi le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon, dans le Val-de-Marne, le rapporteur général de la commission des finances, Jean-François Husson, en Meurthe-et-Moselle, le président de la commission des affaires européennes, Jean-François Rapin, dans le Pas-de-Calais, ou encore le questeur Philippe Bas, dans la Manche, que le grand public a découvert quand il présidait la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. La présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, élue du Maine-et-Loire, a quant à elle décidé de raccrocher.
Avec les centristes, « il y a des efforts et des compromis. C’est la vie politique »
Les poids respectifs du groupe LR et de son allié de l’Union centriste ne seront pas que symboliques. Il déterminera le rapport de force politique au sein de la majorité sénatoriale. Le poids de chaque groupe définit aussi la répartition des postes, entre vice-présidences, questure, présidence de commission, etc. Mais si les changements ne sont qu’à la marge, il ne devrait pas changer ces grands équilibres.
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Sur le plan politique, ces derniers mois, les centristes n’ont pas hésité, de manière répétée, à faire entendre leur voix et leur place au sein de la majorité. Au point que ce soit parfois source d’irritation chez certains sénateurs LR. On l’a vu sur les énergies renouvelables par exemple, ou sur l’immigration, où les centristes défendent les régularisations sur les métiers en tension, quand Bruno Retailleau en fait une ligne rouge. « Sur l’immigration, on a réussi à ce qu’ils votent en commission l’arrêt de l’aide médicale d’Etat », rappelle Bruno Retailleau, « il y a des efforts et des compromis. C’est la vie politique ». « On s’entend bien avec Hervé Marseille. Quand on sent une difficulté arriver, on les anticipe, pour que ça ne prenne pas de proportion trop importante », tempère encore le patron des sénateurs LR, « après, c’est naturel que chaque groupe puisse exprimer sa singularité ». Ce n’est pas Bruno Retailleau, le premier à faire entendre sa ligne, qui dira le contraire.
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