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Elections sénatoriales 2023 : EELV espère « renforcer le groupe écologiste de quelques sièges »

Alors qu’un tiers du groupe écologiste est renouvelable, soit 4 sièges sur 12, son président, Guillaume Gontard, n’a pas d’inquiétude pour le conserver. EELV mise notamment sur Paris et la Loire-Atlantique pour gagner deux ou trois sièges. Mais la division à gauche pourrait compliquer les choses. Beaucoup dépend de l’issue des discussions avec le PS.
François Vignal

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Un tiers. C’est la part du groupe écologiste du Sénat qui est renouvelable lors des sénatoriales du 24 septembre prochain. La moitié des postes de la Haute assemblée est en effet en jeu et le groupe écologiste – solidarité et territoires, son nom entier, compte 4 sièges sur 12 concernés. Au Sénat, il faut être 10 pour former un groupe. Mais la situation n’inquiète pas Guillaume Gontard, à la tête du groupe depuis sa création en 2020, et lui-même renouvelable.

« Conserver le groupe serait le minimum. On n’imagine pas que le groupe s’affaiblisse. On n’est jamais sûr de rien avec une élection, mais on est plutôt dans une dynamique de renforcer le groupe. C’est lié à la dynamique issue des dernières municipales, où les écologistes ont progressé », souligne Guillaume Gontard. « A minima, l’objectif est de renforcer le groupe de quelques sièges », confirme Olivier Bertrand, délégué aux élections d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui espère muscler ainsi le « pilier parlementaire » du parti, « composé des trois groupes – Assemblée nationale, Parlement européen et Sénat ».

Un cru moins facile que les sénatoriales de 2020 pour les écologistes

Reste que le cru des sénatoriales précédentes était bien meilleur pour les écolos. Les départements du Rhône, de la Gironde, des Bouches-du-Rhône ou du Bas-Rhin, qui étaient renouvelables en 2020, avaient envoyé des sénateurs EELV, après la vague verte aux municipales avec des victoires à Lyon, Bordeaux, Marseille avec le Printemps marseillais ou Strasbourg. Car pour rappel, ce sont les grands électeurs, composés à 95 % des conseillers municipaux, qui élisent les sénateurs. « On sait bien que c’était sur la série d’avant que les gains étaient le plus importants », reconnaît Guillaume Gontard. Mais le sénateur de l’Isère espère malgré tout non seulement conserver ses quatre sièges, mais aussi « gagner quelques personnes de plus ».

Sur le papier, Europe Ecologie-Les Verts défend globalement une union entre les différentes composantes de la gauche. « Notre objectif est de renforcer le poids et les approches politiques de la gauche et des écologistes au Sénat. On est donc favorables à une logique d’union qui permet souvent de meilleurs résultats électoraux », avance Olivier Bertrand, délégué aux élections d’EELV, qui croit même qu’« il est possible de dépasser les 100 sièges à gauche, si nous arrivons à cet accord ». Les trois groupes de gauche (PS, PCF et écologiste) comptent actuellement 91 sénateurs au total. « Si on le fait correctement et si chacun est raisonnable, si on arrive à travailler ensemble avec des accords nationaux qui respectent tout le monde, c’est possible et on y a tous intérêt, avec chaque groupe qui sera renforcé », défend aussi Guillaume Gontard, qui croit aussi la barre des 100 élus atteignable.

En Isère, le président de groupe Guillaume Gontard espère l’union

Quand on regarde un peu plus le détail, il y a encore du travail pour trouver l’union dans certains territoires. Dans son département de l’Isère qui est renouvelable, Guillaume Gontard espère bien être réélu. Le président de groupe, qui n’a lui-même pas sa carte à EELV – le groupe rassemble plus largement – mise sur une union de la gauche, à l’image de la ville de Grenoble, qui apporte le gros des voix. « On est avec le PCF, EELV, des écolos non encartés, Génération. s et certains issus du PS. On discute avec LFI, je n’ai pas de soucis à les associer », soutient le sénateur de l’Isère, alors que LFI défend l’idée d’un accord national qui rééditerait l’union de la Nupes – ce qui n’en prend pas le chemin.

Reste à voir ce que fera le PS alors que le sortant et ex-secrétaire d’Etat, André Vallini, pourrait ne pas se représenter. Il faudra aussi savoir quelles sont les intentions de l’ex-PS Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble, qui a lancé le mouvement « Territoires singuliers ». De son côté, Guillaume Gontard « lance un appel au PS. On aurait quelque chose d’important à afficher, en termes symboliques, avec une liste de large regroupement des écologistes et de la gauche ».

En Loire-Atlantique, le sortant Ronan Dantec face à deux listes PS

En Loire-Atlantique, les écologistes peuvent avoir quelques espoirs. Le sénateur sortant, Ronan Dantec, se représente et espoir bien faire gagner un siège à son groupe. S’il n’est pas non plus encarté à EELV, il a le soutien officiel du parti. Membre de « Territoires 44 », qui fédère des élus écolos et de gauche du département, il mènera la liste, suivi de Mahel Coppey, vice-présidente de Nantes métropole. Enfin si rien ne bouge. Car du côté du PS, il y a pour l’heure deux listes.

Alors que les sortants Michelle Meunier et Yannick Vaugrenard ne se représentent pas, les socialistes locaux se livrent une bataille interne. D’un côté, Karine Daniel, ancienne suppléante de Jean-Marc Ayrault, a obtenu l’investiture. Elle est contestée par Philippe Grosvalet, ancien président PS du département. Celui qui s’était retiré va « reprendre du service », annonçait le 1er juin Ouest France, pour lancer sa liste dissidente aux sénatoriales. « L’argument, c’est qu’il n’y a pas d’élu de Saint-Nazaire sur la liste. Mais ce sont surtout des soutiens de Bernard Cazeneuve », décrypte un élu local. Autrement dit, des logiques plus nationales propres au PS.

Une division qui semble « ubuesque » à Ronan Dantec, qui pourrait en réalité tirer profit de la situation. « Si ça reste avec 3 listes, c’est-à-dire 2 listes PS et une liste d’union Territoires 44-EELV, qu’on va élargir encore, on peut aller chercher le deuxième siège et le PS n’aura pas d’élu », pense le sénateur sortant. Ronan Dantec « continue à souhaiter une liste unique, mais il faut que le PS garantisse qu’il n’y a pas de liste dissidente ». En cas d’union, le plan prévoit de laisser la première place à la socialiste Karine Daniel, Ronan Dantec serait en second, suivi de l’élue EELV en trois. De quoi faire élire deux femmes et ce qui permettrait au groupe écolo de gagner, là aussi, un siège, la gauche pouvant faire élire trois sénateurs en cas d’union.

Yannick Jadot à Paris

A Paris, renouvelable comme toute l’Ile-de-France, les choses semblent maintenant plus simples, après le psychodrame interne, lors de la désignation des candidats. La liste EELV sera menée par Antoinette Ghul, suivi de l’ancien candidat EELV à la présidentielle, Yannick Jadot. Le scrutin parisien étant un peu à part, ce sont les conseillers de Paris qui élisent les sénateurs. On peut donc savoir encore plus précisément le rapport de force. Après leur progression aux dernières municipales, les écolos savent qu’ils ont théoriquement deux sièges assurés dans la capitale, contre un aujourd’hui (celui d’Esther Benbassa, qui avait été exclue du groupe écologiste).

Durant le processus de désignation interne, Alice Coffin, militante féministe, antiraciste et proche de Sandrine Rousseau, avait dénoncé les conditions de la consultation militante et revendiquait la première place. Malgré un recours, la direction du parti n’a pas donné suite, au grand dam d’Alice Coffin, qui a dénoncé « une absence de démocratie ».

Situation complexe dans le Val-de-Marne, qui dépend des discussions avec le PS

Dans le Val-de-Marne, la situation est pour le moins complexe. Le groupe dispose d’un sénateur EELV, avec Daniel Breuiller. Il est devenu sénateur en juillet 2022, quand Sophie Taillé-Polian a démissionné après son élection comme députée. Celle-ci avait été élue sénatrice en 2017, mais sous les couleurs du PS, avant de rejoindre Générations. s puis le groupe écologiste, en 2020.

Dans ce département, la gauche tente l’union mais rien n’est fait. Le PCF mènera la liste avec Pascal Savoldelli, suivi théoriquement d’une socialiste, le PS étant la seconde force du département. Mais mécontent de n’avoir que la troisième place, derrière le PS, dans les Hauts-de-Seine, alors que les écolos revendiquent davantage d’élus, EELV demande maintenant la seconde place dans le Val-de-Marne pour compenser… sauf si le parti obtient gain de cause dans « le 92 ». Le tout se mêle à une lutte des places au sein du PS, qui concerne notamment la sortante Laurence Rossignol. Une commission électorale du Parti socialiste se réunit justement ce lundi après-midi. Elle est censée régler ces difficultés, où il faut en gros réussir à faire rentrer du 40 dans une pointure 38. Un bureau national du PS devra encore tout valider mardi soir. En lien avec ces discussions, l’obtention d’un éventuel accord national entre PS et EELV, toujours en cours de discussion, pourrait permettre de trouver une issue favorable à chacun. Du moins dans un monde idéal.

Dans le Morbihan, EELV mise sur Thérèse Thiéry, sœur de Jean-Yves Le Drian

Dans le Morbihan, le sortant Joël Labbé a décidé de raccrocher les crampons, après deux mandats de suite. Pour prendre sa succession, EELV a décidé de soutenir Thérèse Thiéry, qui n’est autre que la sœur de Jean-Yves Le Drian, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Emmanuel Macron, et ancien ministre de la Défense de François Hollande, quand le Breton était encore socialiste. Ancienne maire de Lanester, elle a le soutien de Joël Labbé. Thérèse Thiéry n’est pas membre d’EELV mais siégera au groupe écologiste, si elle est élue. Ce qui n’est pas encore fait. Car dans le Morbihan, le socialiste Simon Uzenat, qui a été désigné par les militants comme chef de file pour le PS, entend bien se présenter aussi de son côté. Quant à la représentante de LFI, Marie-Madeleine Doré-Lucas, elle a appelé au rassemblement de la gauche, sans écarter se présenter elle-même… Un petit jeu de multiplication des listes qui pourrait s’avérer perdant-perdant pour la gauche dans le département. A moins qu’une solution sorte du chapeau de la commission électorale de ce lundi, du côté du PS.

« Pour gagner dans le Morbihan, il faut vraiment une liste de rassemblement », met en garde Guillaume Gontard, qui dit au PS local, qui demande la première place : « Cela fait partie des discussions, mais à un moment, on ne peut pas tout avoir », soutient le président du groupe, qui défend l’idée « qu’on ne touche pas aux sortants, et qu’on n’aille pas enlever à un groupe ce qu’il a déjà ». Une forme de pacte de non-agression entre groupes, du moins pour les sortants.

Un siège de plus chez les Français de l’étrangers ?

Concernant les sénateurs représentant les Français établis hors de France, où le groupe dispose déjà d’une sénatrice, avec Mélanie Vogel, Guillaume Gontard n’exclut de pouvoir gagner un des 6 sièges renouvelables. « C’est le même corps électoral (que dernière la fois), logiquement, on devrait avoir aussi un siège », soutient le sénateur de l’Isère. Le conseil fédéral d’EELV a désigné comme candidate Mathilde Ollivier.

En Indre-et-Loire, les écologistes avaient remporté lors des municipales de 2020 la ville de Tours, avec Emmanuel Denis, membre d’EELV, à la tête d’une liste d’union de la gauche. Pour les sénatoriales, EELV a désigné Sabrina Hamadi. Elle pourrait faire équipe avec le socialiste Pierre Roiron, selon La Nouvelle République. Elle occuperait la seconde position, qui est atteignable, mais reste cependant hypothétique. Là aussi, l’issue de la commission électorale du PS, qui impactera l’équilibre général entre formations, sera important. « On en saura plus demain matin », lâche un responsable d’EELV. Que ce soit en Indre-et-Loire ou ailleurs, le nombre de listes à gauche sera déterminant sur le nombre d’élus final. Dans les départements élisant plus de trois sénateurs, qui sont à la proportionnelle, les dissidences ont souvent pour conséquence de faire perdre des sièges.

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