Blois: Anne Hidalgo Journees d Ete Parti Socialiste

Elections sénatoriales 2023 : désaccord entre la direction du PS et les soutiens d’Anne Hidalgo sur la liste à Paris

Le bureau national n’a pas investi la liste PS pour les sénatoriales de septembre. La direction demande d’avoir un siège éligible, à hauteur de son poids politique dans la capitale. Les amis de la maire de Paris refusent. « Si rien ne bouge, je prendrai dans quelques semaines mes responsabilités », menace Pierre Jouvet, responsable des élections. « Tout le monde montre ses muscles », résume un socialiste.
François Vignal

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Paris est magique. L’ancien slogan du PSG nous rappelle combien la capitale est toujours un peu à part pour les élections sénatoriales. Pas seulement en raison de son mode d’élection, mais parce que Paris est souvent source de tensions. A droite, où les LR se divisent. Mais aussi à gauche. On n’en est pas à la division, mais la composition de la liste ne va pas de soi du côté du Parti socialiste.

Le bureau national du PS, mardi soir, était censé donner l’investiture pour les listes des sénatoriales du 24 septembre et faire le point sur les accords avec les alliés de gauche (le PS a topé avec le PCF mais pas avec EELV). Le cas de Paris, qui a occupé une bonne partie du « BN », n’a pas pu être réglé. Le bureau politique n’a tout simplement pas validé la liste, concoctée par les socialistes made in Paris, c’est-à-dire proche de la maire, Anne Hidalgo. La cause du blocage ? La direction du PS, avec à sa tête Olivier Faure, demande d’obtenir une place éligible sur la liste, ce qui n’est pour le moment pas le cas. Elle s’appuie sur son score de 40 % dans la « fédé » de Paris, lors du dernier congrès. A ce titre, elle veut au moins une place de sénateur ou de sénatrice. Refus catégorique du camp d’en face. Résultat, la direction demande de revoir la copie. Et ne donne pour le moment pas l’investiture officielle…

La direction demande à la fédération de Paris de « retravailler » la liste

La liste mise sur la table jusqu’ici est menée par Rémi Féraud, sénateur PS sortant et président du groupe de Paris en commun, au Conseil de Paris, suivi de Marie-Pierre de la Gontrie, autre sortante PS. Du fait d’un accord avec le PCF, le communiste Ian Brossat, adjoint au maire d’Anne Hidalgo, est à la troisième place. Colombe Brossel, adjointe PS chargée de la propreté, hérite de la quatrième place, la cinquième place revenant à un autre sortant, Bernard Jomier, qui n’est pas membre du PS et dirige la structure « Paris en commun », émanation de la majorité municipale d’Anne Hidalgo. Voilà pour les cinq places théoriquement éligibles. De son côté, la direction pousse deux noms : Maxime Des Gayets, conseiller régional d’Ile-de-France, et Fatima Yadani, trésorière du parti.

« Aujourd’hui, la liste proposée à Paris n’est pas convenable. J’ai donc fait plusieurs propositions à la fédération de Paris en leur disant et en leur demandant de retravailler une liste qu’ils nous soumettront dans les prochaines semaines », a expliqué ce jeudi à la presse le responsable des élections du PS, Pierre Jouvet.

La direction a fait exactement trois propositions durant le bureau national : remplacer Bernard Jomier ; mettre Fatima Yadani à la place de Marie-Pierre de la Gontrie ou de Colombe Brossel, ou même prendre Laurence Rossignol, qui a finalement atterri dans le Val-de-Marne (lire notre article sur le sujet). « David Assouline (sénateur PS de Paris sortant, qui ne se représente pas, ndlr), qui était présent, a dit qu’il ne prenait aucune des trois options. Donc la liste n’est pas validée », raconte un secrétaire national.

« On va continuer à discuter avec la direction pour la convaincre que c’est la meilleure liste », soutient David Assouline

En face, on n’entend pas bouger. « Paris n’est pas un sujet pour nous. Nous avons un accord avec le PCF et Paris en commun, l’ordonnancement de la liste, et on va continuer à discuter avec la direction pour la convaincre que c’est la meilleure liste qui va faire gagner la gauche aux sénatoriales à Paris », soutient de son côté David Assouline, « il a été acté qu’on poursuit les discussions avec Pierre Jouvet ».

Pour le sénateur PS de Paris, les 40 % que pèse la ligne Faure à Paris ne sont pas un argument valable. « Bien sûr que non, car ce n’est pas du tout le critère qui a prévalu dans aucune fédération. On choisit des candidats légitimes qui peuvent gagner », avance David Assouline. Il propose plutôt de placer Fatima Yadani en sixième position, qui peut être éventuellement « éligible. Cela dépendra du vote, du nombre de listes ». Et la division qui se dessine à droite pourrait faire le jeu de la gauche. David Assouline rappelle qu’il y a 6 ans, « Marie-Noëlle Lienemann a ainsi pu être élue à la sixième place » de peu.

« La réalité, c’est que la liste a été adoptée telle quelle au Conseil fédéral de Paris et a été largement adoptée par les militants. Il n’y a aucune nécessité de changer », ajoute un autre socialiste parisien, qui remarque que la direction n’a pas proposé de « liste alternative aux militants ». Ce soutien de la majorité municipale relève que la ligne Faure, si elle représente 40 % chez les militants, représente beaucoup moins « chez les conseillers de Paris, où ils pèsent 10 à 15 % ». Et ce sont ces derniers qui élisent les sénateurs à Paris.

« Pour constituer la liste à Paris, il y a toujours eu un équilibre politique »

Une lecture que récuse la direction. « Pour constituer la liste à Paris, il y a toujours eu un équilibre politique dans les listes et entre les sénateurs en position éligible, au regard du poids politique de chacun dans les fédérations », soutient Pierre Jouvet, qui insiste : « Nous souhaitons que les équilibres politiques soient respectés au sein de la fédération de Paris, comme nous les avons fait respecter partout ».

Signe que le sujet crispe, lors du bureau national, la mise sous tutelle de la fédération, tout en étant écartée, a été évoquée… « Si la fédé de Paris ne respecte par la décision du BN, on la met sous tutelle et c’est le national qui la gère », lance un membre du bureau national, qui ajoute cependant aussitôt :

 La mise sous tutelle, c’est l’arme nucléaire, c’est la crise des missiles de Cuba, donc ça n’arrivera pas. Tout le monde montre les muscles. 

Un membre du bureau national du PS

« Notre objectif n’est pas qu’il y ait deux listes à Paris. Nous, on n’est pas les LR », assure Pierre Jouvet

Et ça continue. « J’aurais pu proposer mardi soir la liste que je souhaitais, l’imposer au BN et la faire voter. Cette liste aurait largement été adoptée mais nous aurions ouvert une crise et un front avec la fédération de Paris et l’Hôtel de ville. Ce n’est ni mon souhait, ni celui du premier secrétaire du PS », assure Pierre Jouvet, qui prévient cependant :

 Si rien ne bouge, je prendrai dans quelques semaines mes responsabilités. 

Pierre Jouvet, secrétaire général du PS

Le secrétaire général du parti n’exclut pas de mettre sur la table « une liste qui rassemblera tous les socialistes de Paris et toute la gauche, des communistes aux écologistes en passant par Paris en commun ». EELV a pour l’heure décidé de présenter sa propre liste, qui a deux sièges assurés, dont celui de Yannick Jadot, en seconde position.

Mais la menace ne va pas jusqu’à présenter une liste dissidente, ou plutôt officielle, car soutenue par la direction. « Notre objectif n’est pas qu’il y ait deux listes à Paris. Nous, on n’est pas la droite, on n’est pas les LR. Cela n’a aucun sens », reconnaît Pierre Jouvet. Surtout, cette seconde liste ne pourrait pas faire de siège a priori. Il n’est en revanche pas exclu que la liste parisienne ne reçoive pas d’investiture, ce qui serait in fine plutôt baroque. Mais du côté des soutiens d’Anne Hidalgo, on fait mine de ne pas s’en inquiéter car cela n’empêcherait pas à la liste de faire ses voix. Reste que l’image ne serait pas idéale et ne jouerait pas en faveur d’Anne Hidalgo.

« Pourquoi on laisserait la place ? On n’est pas des paillassons »

Ce nouvel épisode de tension, auquel le PS nous a habitué, c’est un peu la queue de comète du dernier congrès fratricide de l’hiver dernier. « Olivier Faure veut se payer Hidalgo », résume un parlementaire PS qui n’est pas élu à Paris. Du côté des Parisiens, la non-désignation aux législatives de Lamia El Aaraje, aujourd’hui à la tête de la fédé de Paris, reste toujours en travers de la gorge. « On est le seul département de France où il y avait une députée sortante qui n’a pas été réinvestie. Ça a laissé des traces immenses », lâche un soutien d’Anne Hidalgo. « Pourquoi on laisserait la place ? On n’est pas des paillassons », lance encore ce socialiste, qui espère « que la direction va être plutôt dans l’apaisement avec la fédération de Paris ». Pierre Jouvet en appelle lui la mairie de Paris à « faire les efforts nécessaires », aussi « en vue des municipales de 2026 ».

Si personne ne bouge, c’est une situation de blocage qui se dessine. « Je ne crois pas que ça va bouger à court terme », lâche un partisan de la liste proposée par la fédération de Paris. Mais à moyen terme ? Les candidats ont jusque début septembre pour déposer les listes en préfecture. Ce qui laisse encore un peu de temps pour réfléchir entre camarades.

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