La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Elections législatives : qui à gauche pour Matignon ?
Par Flora Sauvage
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Bras de fer pour Matignon. Si le Nouveau front populaire a fêté sa victoire dimanche au soir du second tour des législatives anticipées, désormais l’enthousiasme est retombé, car aucun des trois blocs à l’Assemblée nationale n’a obtenu une majorité suffisante pour gouverner seul. Dans ce numéro d’équilibriste, afin d’éviter une motion de censure, le Nouveau front populaire doit trouver une personnalité qui rassemble au-delà de la gauche. Selon Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’université de Lille et politologue spécialiste de la gauche, « là on est dans le dur » car personne ne se projetait dans l’hypothèse d’une dissolution, ainsi la gauche « n’était absolument pas préparée à l’éventualité de gouverner ». Et puis, « elle était trop préoccupée par ses querelles internes pour anticiper ce scénario ».
Négociations en cours
Débutées dès le soir du second tour, les négociations se poursuivent mercredi 10 juillet entre les différentes composantes du Nouveau front populaire pour tenter de faire émerger le nom d’un candidat au poste de Premier ministre. Car entre la France insoumise, le Parti socialiste, les Ecologistes et le Parti communiste, les divergences sont nombreuses. Pas facile donc de parvenir à proposer au chef de l’Etat un nom pour Matignon. Selon Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, « la logique institutionnelle » dicte à Emmanuel Macron de prendre un Premier ministre issu des rangs du NFP. Mais à ce poste les candidats sont nombreux.
Aucune obligation de nommer un Premier ministre de gauche
La logique politique veut qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche mais l’article 8 de la Constitution indique que « le Président nomme le Premier ministre ». C’est tout. Rien n’indique que le Premier ministre doit être issu de l’Assemblée nationale, encore moins qu’il doit être député du groupe majoritaire.
Jean-Luc Mélenchon dénonce le « coup de force » d’Emmanuel Macron
Peu après les résultats du second tour dimanche soir, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est apparu le premier sur les écrans de télévision pour acter la victoire du Nouveau front populaire. Le triple candidat à l’élection présidentielle a affirmé à plusieurs reprises ces dernières semaines : « Je ne m’exclus pas, je ne m’impose pas ». Mais le chef de file de LFI est trop clivant pour les alliés de LFI et fait figure d’épouvantail pour une partie des électeurs de gauche. Depuis le Parlement européen à Bruxelles ce mercredi, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé le « coup de force » d’Emmanuel Macron qui a dissout le Parlement et n’appelle personne pour constituer un gouvernement.
Clémence Guetté, une Insoumise à Matignon ?
En coulisses, Jean-Luc Mélenchon pousse « sa » candidate Clémence Guetté, la députée LFI du Val de Marne. Moins connue du grand public que Mathilde Panot, présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale, ou Manuel Bompard, le coordinateur du parti, Clémence Guetté a coordonné le programme de Jean-Luc Mélenchon en 2022 qui a inspiré la Nupes puis le Nouveau front populaire. Le chef de file des Insoumis rappelle aussi qu’une règle à l’initiative d’Olivier Faure stipulait que « le premier des groupes à l’intérieur de la coalition proposerait le nom du Premier ministre ».
Un Premier ministre socialiste
Mais le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure ne l’entend pas de cette oreille. Il s’est dit « prêt à assumer » la fonction de Premier ministre, dans un « dialogue avec ses partenaires » du Nouveau front populaire. Celui qui a été réélu député dans la 11è circonscription du Val de Marne a le profil qui pourrait plaire au plus grand nombre. La présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga estime que la gauche « doit élargir son socle » et propose une coalition autour des socialistes « avec les communistes, les écologistes, les Insoumis qui sont dans une logique de positif et une partie des Renaissance ».
L’hypothèse Marine Tondelier
Mais pour Rémi Lefebvre, il va falloir trouver une alternative car « il ne sera pas possible de rassembler autour d’un Insoumis ou d’un socialiste », qui serait trop clivant pour LFI. Alors qu’un ou une écologiste comme Marine Tondelier pourrait « faire le job ». Dès le lendemain des résultats, la Secrétaire nationale des Ecologistes a établi le portrait-robot du futur ou de la future Premier(e) ministre : être aligné sur notre programme, une figure qui doit apaiser et réparer le pays, faire consensus, compétence et expérience ». A 37 ans, la cheffe de file des Ecologistes a été révélée au grand public lors du rassemblement de la gauche dans l’entre-deux tours.
La dissolution fût une erreur selon une majorité de Français
Selon un sondage Elabe pour BFMTV paru mercredi, sept Français sur dix ne sont pas satisfait de la nouvelle composition de l’Assemblée nationale, estimant que la décision de dissoudre la chambre basse fût mauvaise. Un Français sur deux estime selon ce sondage que si le NFP se met d’accord pour sur une personnalité à proposer comme Premier ministre, Emmanuel Macron doit la charger de former un gouvernement.
La lettre aux Français d’Emmanuel Macron
Trois jours après les élections législatives, dans une lettre adressée aux Français mercredi, le chef de l’Etat a finalement rompu le silence et demandé « à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal ». Ajoutant « c’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. D’ici là, le gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine ».
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