Législatives : la proportion des femmes menacée de recul dans le futur hémicycle

Elections législatives : la parité dissoute ?

La part des femmes dans les candidatures aux législatives est sensiblement plus basse qu’en 2022. Une donnée qui ne devrait pas aider à féminiser davantage l’Assemblée nationale, qui comptait 37 % de députées avant la dissolution.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est l’une des victimes collatérales de la dissolution et des législatives : la parité. La proportion des femmes investies a nettement décliné par rapport à la campagne de 2022. Le temps très court laissé aux partis pour présenter des candidats – à peine une semaine – est l’un des facteurs d’explication. Il y a deux ans, on comptait 44,2 % de candidates, une donnée qui s’était améliorée par rapport aux trois élections législatives précédentes. Le scrutin actuel rompt avec cette tendance, puisque la part des femmes recule de trois points, pour retomber à 41,1 %.

Il faut remonter aux législatives de 2012 pour retrouver un niveau aussi faible (40 %), le plus faible jamais enregistré avec le scrutin de 2002 (40 % également), qui ont suivi l’instauration de la loi de la parité en 2000.

Le recul concerne toutes les formations politiques. Les plus exemplaires restent l’Union de la gauche et le Rassemblement national, qui ont investi 48 % de femmes. En 2022, la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) était à 51 %, et le RN à 49 %.

La majorité présidentielle (Ensemble !) comprend 45 % de candidates, contre 48 % il y a deux ans. C’est à droite que les déséquilibres sont les plus marqués. Parmi les candidats étiquetés LR par le ministère de l’Intérieur, on ne compte que 33 % de femmes, c’est trois points de moins par rapport aux précédentes législatives.

Conséquences sur le financement des partis

Pour rappel, pour inciter les partis politiques à proposer une présence équilibrée des hommes et des femmes dans les candidatures, des pénalités sont imposées depuis 2000 aux partis politiques. En cas d’écart de plus de 2 % du nombre total de ces candidats (c’est-à-dire une répartition qui va au-delà de 49 % – 51 %), les subventions versées aux partis sont diminuées. Les Républicains étaient particulièrement concernés par ce phénomène, avec un manque à gagner de près de deux millions d’euros.

Quant aux candidats dits « union de l’extrême droite », correspondant aux candidats d’Éric Ciotti soutenus par le RN, on totalise 82,5 % d’hommes contre 17,5 % de femmes, soit un écart de quasiment 1 à 5, qui devrait conduire à une amende particulièrement salée, menaçant une très grande partie du financement public.

La part des députées avait diminué en 2022

En 2022, malgré un nombre record de femmes dans les candidatures, le nombre de députées avait reculé à l’issue des élections, passant de 38,7 % à 37,3 %. Cette année, avec un nombre de candidatures plus bas, le risque est réel de voir cette part, au mieux stagner, au pire diminuer.

Car il ne suffit pas d’aborder la parité sous le seul angle de l’équilibre hommes-femmes au niveau national, il faut également se pencher sur les chances d’éligibilité des femmes au niveau de  la circonscription. Et c’est aussi là que le bât blesse. Selon une étude conduite par Le Monde, les femmes sont souvent envoyées dans les circonscriptions les plus difficiles à gagner.

Par exemple, si le RN figure parmi les partis les plus exemplaires au niveau du nombre de candidates, le tableau est moins flatteur s’agissant de leurs chances de victoires. Le Monde indique que dans les territoires où il a surperformé aux européennes (les circonscriptions où il a recueilli 6 points de plus par rapport à sa moyenne nationale), les deux tiers des candidats investis sont des hommes. Un exemple frappant dans la ville de Paris : la fédération locale du RN se félicite d’avoir choisi en totalité des femmes pour les 18 circonscriptions. Mais leurs chances de succès les 30 juin et 7 juillet sont proches de zéro, étant donné les scores structurellement plus faibles du parti dans la capitale.

Le Monde indique que c’est au niveau du Nouveau front populaire que les femmes sont en meilleure position, en proportion, de l’emporter.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Elections législatives : la parité dissoute ?
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le

Elections législatives : la parité dissoute ?
2min

Politique

Face au « désarroi » des collectivités, Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, « appelle à la prise de conscience du premier ministre »

Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.

Le