C’est l’une des victimes collatérales de la dissolution et des législatives : la parité. La proportion des femmes investies a nettement décliné par rapport à la campagne de 2022. Le temps très court laissé aux partis pour présenter des candidats – à peine une semaine – est l’un des facteurs d’explication. Il y a deux ans, on comptait 44,2 % de candidates, une donnée qui s’était améliorée par rapport aux trois élections législatives précédentes. Le scrutin actuel rompt avec cette tendance, puisque la part des femmes recule de trois points, pour retomber à 41,1 %.
Il faut remonter aux législatives de 2012 pour retrouver un niveau aussi faible (40 %), le plus faible jamais enregistré avec le scrutin de 2002 (40 % également), qui ont suivi l’instauration de la loi de la parité en 2000.
Le recul concerne toutes les formations politiques. Les plus exemplaires restent l’Union de la gauche et le Rassemblement national, qui ont investi 48 % de femmes. En 2022, la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) était à 51 %, et le RN à 49 %.
La majorité présidentielle (Ensemble !) comprend 45 % de candidates, contre 48 % il y a deux ans. C’est à droite que les déséquilibres sont les plus marqués. Parmi les candidats étiquetés LR par le ministère de l’Intérieur, on ne compte que 33 % de femmes, c’est trois points de moins par rapport aux précédentes législatives.
Conséquences sur le financement des partis
Pour rappel, pour inciter les partis politiques à proposer une présence équilibrée des hommes et des femmes dans les candidatures, des pénalités sont imposées depuis 2000 aux partis politiques. En cas d’écart de plus de 2 % du nombre total de ces candidats (c’est-à-dire une répartition qui va au-delà de 49 % – 51 %), les subventions versées aux partis sont diminuées. Les Républicains étaient particulièrement concernés par ce phénomène, avec un manque à gagner de près de deux millions d’euros.
Quant aux candidats dits « union de l’extrême droite », correspondant aux candidats d’Éric Ciotti soutenus par le RN, on totalise 82,5 % d’hommes contre 17,5 % de femmes, soit un écart de quasiment 1 à 5, qui devrait conduire à une amende particulièrement salée, menaçant une très grande partie du financement public.
La part des députées avait diminué en 2022
En 2022, malgré un nombre record de femmes dans les candidatures, le nombre de députées avait reculé à l’issue des élections, passant de 38,7 % à 37,3 %. Cette année, avec un nombre de candidatures plus bas, le risque est réel de voir cette part, au mieux stagner, au pire diminuer.
Car il ne suffit pas d’aborder la parité sous le seul angle de l’équilibre hommes-femmes au niveau national, il faut également se pencher sur les chances d’éligibilité des femmes au niveau de la circonscription. Et c’est aussi là que le bât blesse. Selon une étude conduite par Le Monde, les femmes sont souvent envoyées dans les circonscriptions les plus difficiles à gagner.
Par exemple, si le RN figure parmi les partis les plus exemplaires au niveau du nombre de candidates, le tableau est moins flatteur s’agissant de leurs chances de victoires. Le Monde indique que dans les territoires où il a surperformé aux européennes (les circonscriptions où il a recueilli 6 points de plus par rapport à sa moyenne nationale), les deux tiers des candidats investis sont des hommes. Un exemple frappant dans la ville de Paris : la fédération locale du RN se félicite d’avoir choisi en totalité des femmes pour les 18 circonscriptions. Mais leurs chances de succès les 30 juin et 7 juillet sont proches de zéro, étant donné les scores structurellement plus faibles du parti dans la capitale.
Le Monde indique que c’est au niveau du Nouveau front populaire que les femmes sont en meilleure position, en proportion, de l’emporter.