Jordan Bardella a participé dimanche soir à son premier débat avec les autres têtes de liste pour les élections européennes. Un exercice auquel le président du Rassemblement national, qui fait largement la course en tête avec environ 30 % des intentions de vote, s’était dérobé jusqu’à présent. Sans surprise, le protégé de Marine Le Pen a été très largement ciblé par ses rivaux lors de la soirée. Invitée ce lundi matin de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Manon Aubry, tête de liste LFI, n’a pas hésité à enfoncer le clou : « Jordan Bardella n’est pas du parti à la flamme mais à la flemme nationale », a-t-elle ironisé.
« Il a déposé 21 amendements en cinq ans, quand j’en ai déposé 3 500 », a estimé Manon Aubry. « Pardon, mais pour des gens qui prétendent défendre la valeur travail, c’est lui qui est un assisté et un profiteur. Il est payé par l’argent public à ne rien faire au Parlement européen. »
« Jordan Bardella est aussi une espèce de ballon de baudruche en matière sociale, mais il ne défend jamais l’intérêt des travailleurs », tacle encore l’eurodéputée. « Je l’ai vu à l’audition du Medef, il y a quelques semaines, faire sa danse du ventre devant le patronat pour leur promettre de leur donner les pleins pouvoirs. La réalité, c’est que Jordan Bardella est le larbin des grands patrons, et qu’il s’oppose systématiquement à la taxation des super-profits, à la taxation des super fortunes, à la hausse du salaire minimum », a encore voulu dénoncer Manon Aubry.
LFI épingle la rémunération de Raphaël Glucksmann, le PS dénonce une « fake news »
LFI a lancé en fin de semaine dernière une campagne de communication autour des « rémunérations annexes » des eurodéputés, ces émoluments touchés par les élus en plus de leur salaire au Parlement européen. « Il est obligatoire de les déclarer mais malheureusement, vous les déclarez en fourchette. Vous ne déclarez pas le montant exact, mais vous cochez une case avec une fourchette. Un quart des députés en touchent, pour la plupart elles proviennent des lobbies ou d’Etats étrangers. Je propose de les interdire », explique Manon Aubry. « Je m’y engage pour ma liste : aucun de nos élus ne touchera le moindre centime et je demande aux autres têtes de liste de s’y engager. »
Sur un visuel largement relayé sur les réseaux sociaux, et titré « ces députés qui s’en mettent plein les poches », LFI a fait figurer six élus européens qui sont ciblés pour des sommes touchées en marge de leur fonction. Parmi eux, plusieurs adversaires de Manon Aubry : Valérie Hayer (majorité présidentielle), François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Raphaël Glucksmann (Place publique – Parti socialiste).
Sauf que le parti à la rose s’est largement ému de voir son poulain ainsi brocardé. Sur l’affiche LFI, Raphaël Glucksmann est accusé d’avoir touché entre 12 000 et 60 000 euros de rémunération annexes. Toutefois, il ne s’agit pas de sommes versées par les lobbies ou des puissances étrangères mais de droits d’auteur, Raphaël Glucksmann ayant publié une petite dizaine de livres, dont deux essais depuis son élection en 2019 comme député européen. Sur X, Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS a dénoncé une « fake news ». « Raphaël Glucksmann n’a jamais reçu d’argent des lobbies mais des droits d’auteur comme nombre de LFI qui vendent des livres. Retire ce truc qui te déshonore », écrit-il à l’attention de Manon Aubry.
« Je comprends que les socialistes soient un peu fébriles, leur vice-présidente grecque Eva Kaili, ndlr] a été prise la main dans le sac avec des centaines de milliers d’euros qui venaient du Qatar et s’est retrouvée au cœur d’un scandale de corruption », relève Manon Aubry, toujours au micro de Public Sénat. « J’ai mis sur cette affiche les montants des rémunérations annexes. Était-ce vrai ou faux ? C’était vrai », assume la candidate LFI. « Je ne regrette absolument pas, maintenant charge aux socialistes de s’engager sur ma proposition et, rassurez-vous, les droits d’auteur de Raphaël Glucksmann ne seront pas concernés par cette mesure », ajoute-t-elle.