La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Elections européennes, déficit, sécurité : Marine Tondelier dénonce un moment de « backlash écologiste »
Par Camille Romano
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Il n’est pas facile d’être écologiste en 2024. Invitée de la matinale de Public Sénat, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a regretté la période de « backlash écologiste » actuelle, qui pèse selon elle sur la campagne de Marie Toussaint, tête de liste aux élections européennes pour le parti.
« On gagne ensemble et on perd ensemble, et mettre toute la responsabilité des difficultés environnementales sur une personne me paraît malhonnête. Marie Toussaint le dit depuis le début : on voit bien qu’on est dans un moment de backlash écologiste. » , défend-elle, alors qu’elle était interrogée sur les difficultés de Marie Toussaint dans les sondages. Un mouvement de « backlash écologiste », inspiré du backlash féministe, de retour en arrière et de résistance conservatrice à des mouvements plus progressistes, comme l’a développé l’autrice américaine Susan Faludi en 1991 avec son ouvrage « Backlash : la guerre froide contre les femmes ».
« L’écologie dérange certains intérêts économiques et financiers »
Interrogée sur une « forme de lobbying » dont la tête de liste écologiste serait « victime », Marine Tondelier acquiesce : « C’est le moins qu’on puisse dire. Tous les parlementaires le voient bien, encore sur la loi sur les polluants éternels que l’on a réussi à faire adopter à l’Assemblée nationale, vous voyez bien quels lobbies se mettent en action. » Car elle identifie ce mouvement de résistances et de recul bien au-delà de la campagne de Marie Toussaint.
« Si ce que vous me dites, c’est qu’il y a un « backlash écologiste » en ce moment, je suis obligée de le reconnaître. Je vois très bien par qui il est organisé et pourquoi. Que des intérêts divers se mobilisent contre l’environnement et l’écologie depuis des décennies, je pense que c’est massif. […] C’est un « truc » de fond : l’écologie dérange certains intérêts économiques et financiers. », explique Marine Tondelier.
Elle dénonce non seulement un lobbying actif de certains intérêts économiques, mais aussi la construction des écologistes comme d’une sorte de boucs émissaires par ces mêmes intérêts : « Cela dérange quelques intérêts, qui se mettent en action, dans un moment qui est dur dans la société, on préfère désigner les écologistes comme coupables de tout : il n’y a pas assez d’eau, c’est la faute des écolos, l’agriculture c’est de la faute des écolos, et tout cela est faux ! »
Deux poids deux mesures
La cheffe de file des Ecologistes a fustigé la coupe des budgets consacrés à l’écologie dans le cadre des 10 milliards d’économie annoncés par le gouvernement pour pallier le déficit budgétaire, un autre recul. « Quoi d’autre auraient-ils pu raboter que l’environnement ? » a-t-elle lancé. « Eux, ils doivent faire dix milliards d’économies, mais ce dont on va débattre, c’est sur quoi. […] Ce qui est sûr, c’est que l’écologie est en train de se prendre la balle : dans la loi agriculture, dans les exonérations sur le ZAN… La première balle, c’est toujours pour l’écologie. Sauf que l’écologie c’est la mère de toutes les batailles, si on la gagne cette bataille-là, on ne mènera pas les suivantes », a regretté Marine Tondelier. Tout comme les « assouplissements » de la loi ZAN, annoncés par Bruno Le Maire, sur lesquels l’écologiste semble ne pas se faire d’illusions : « J’ai bien compris que toutes les raisons seraient bonnes pour assouplir la loi ZAN. […] Il y aura toujours de bonnes raisons pour y contrevenir. »
Marine Tondelier a également dénoncé une forme de « deux poids deux mesures » en matière de sécurité, alors que des militants écologistes sont encore en garde à vue auprès des services antiterroristes, après une action « de désobéissance civile » pour dénoncer l’impact sur « le financement du terrorisme et l’environnement » du cimentier Lafarge. « Je ne pense pas que le problème terroriste en France, ce soient les militants écologistes. Personne n’est dupe des petites manigances de Gérald Darmanin là-dessus », a-t-elle conclu.
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