Elections européennes, déficit, sécurité : Marine Tondelier dénonce un moment de « backlash écologiste »

Sur le plateau de Bonjour Chez Vous, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a dressé le tableau d’un mouvement de retour de bâtons global envers l’écologie. Des résistances dont pourrait être victime au premier chef, la campagne de Marie Toussaint pour les élections européennes.
Camille Romano

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il n’est pas facile d’être écologiste en 2024. Invitée de la matinale de Public Sénat, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a regretté la période de « backlash écologiste » actuelle, qui pèse selon elle sur la campagne de Marie Toussaint, tête de liste aux élections européennes pour le parti.

« On gagne ensemble et on perd ensemble, et mettre toute la responsabilité des difficultés environnementales sur une personne me paraît malhonnête. Marie Toussaint le dit depuis le début : on voit bien qu’on est dans un moment de backlash écologiste. » , défend-elle, alors qu’elle était interrogée sur les difficultés de Marie Toussaint dans les sondages. Un mouvement de « backlash écologiste », inspiré du backlash féministe, de retour en arrière et de résistance conservatrice à des mouvements plus progressistes, comme l’a développé l’autrice américaine Susan Faludi en 1991 avec son ouvrage « Backlash : la guerre froide contre les femmes ».

« L’écologie dérange certains intérêts économiques et financiers »

Interrogée sur une « forme de lobbying » dont la tête de liste écologiste serait « victime », Marine Tondelier acquiesce : « C’est le moins qu’on puisse dire. Tous les parlementaires le voient bien, encore sur la loi sur les polluants éternels que l’on a réussi à faire adopter à l’Assemblée nationale, vous voyez bien quels lobbies se mettent en action. » Car elle identifie ce mouvement de résistances et de recul bien au-delà de la campagne de Marie Toussaint.

« Si ce que vous me dites, c’est qu’il y a un « backlash écologiste » en ce moment, je suis obligée de le reconnaître. Je vois très bien par qui il est organisé et pourquoi. Que des intérêts divers se mobilisent contre l’environnement et l’écologie depuis des décennies, je pense que c’est massif. […] C’est un « truc » de fond : l’écologie dérange certains intérêts économiques et financiers. », explique Marine Tondelier.

Elle dénonce non seulement un lobbying actif de certains intérêts économiques, mais aussi la construction des écologistes comme d’une sorte de boucs émissaires par ces mêmes intérêts : « Cela dérange quelques intérêts, qui se mettent en action, dans un moment qui est dur dans la société, on préfère désigner les écologistes comme coupables de tout : il n’y a pas assez d’eau, c’est la faute des écolos, l’agriculture c’est de la faute des écolos, et tout cela est faux ! »

Deux poids deux mesures

La cheffe de file des Ecologistes a fustigé la coupe des budgets consacrés à l’écologie dans le cadre des 10 milliards d’économie annoncés par le gouvernement pour pallier le déficit budgétaire, un autre recul. « Quoi d’autre auraient-ils pu raboter que l’environnement ? » a-t-elle lancé. « Eux, ils doivent faire dix milliards d’économies, mais ce dont on va débattre, c’est sur quoi. […] Ce qui est sûr, c’est que l’écologie est en train de se prendre la balle : dans la loi agriculture, dans les exonérations sur le ZAN… La première balle, c’est toujours pour l’écologie. Sauf que l’écologie c’est la mère de toutes les batailles, si on la gagne cette bataille-là, on ne mènera pas les suivantes », a regretté Marine Tondelier. Tout comme les « assouplissements » de la loi ZAN, annoncés par Bruno Le Maire, sur lesquels l’écologiste semble ne pas se faire d’illusions : « J’ai bien compris que toutes les raisons seraient bonnes pour assouplir la loi ZAN. […] Il y aura toujours de bonnes raisons pour y contrevenir. »

Marine Tondelier a également dénoncé une forme de « deux poids deux mesures » en matière de sécurité, alors que des militants écologistes sont encore en garde à vue auprès des services antiterroristes, après une action « de désobéissance civile » pour dénoncer l’impact sur « le financement du terrorisme et l’environnement » du cimentier Lafarge. « Je ne pense pas que le problème terroriste en France, ce soient les militants écologistes. Personne n’est dupe des petites manigances de Gérald Darmanin là-dessus », a-t-elle conclu.

Dans la même thématique

Elections européennes, déficit, sécurité : Marine Tondelier dénonce un moment de « backlash écologiste »
2min

Politique

Face au « désarroi » des collectivités, Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, « appelle à la prise de conscience du premier ministre »

Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.

Le

Elections européennes, déficit, sécurité : Marine Tondelier dénonce un moment de « backlash écologiste »
3min

Politique

« Vous croyez que ça me fait plaisir de présenter le budget que je présente en ce moment ? » : échange tendu entre Michel Barnier et Patrick Kanner

Fustigeant les économies demandées aux collectivités territoriales dans le budget 2025, le président du groupe socialiste au Sénat a accusé le Premier ministre de « mettre à genoux les élus de la République au plan local ». « Je vous ai connu plus mesuré », lui a rétorqué Michel Barnier, sous les protestations de la gauche et les applaudissements de la majorité sénatoriale.

Le

Paris: weekly session of questions to the government
7min

Politique

Menace de Marine Le Pen de voter la censure : « Un coup de bluff », pense François Patriat

Reprochant à Michel Barnier de ne pas tenir compte des « lignes rouges » du RN sur le budget, Marine Le Pen agite la menace d’un vote d’une motion de censure par les députés d’extrême droite. Elle insiste notamment sur la hausse « inadmissible » des taxes sur l’électricité. « Ils font ça pour augmenter les enchères », selon le président du groupe RDPI du Sénat, François Patriat. « On n’est pas dans une cour de récréation, à dire si tu ne fais pas ça, je fais ça », tance le sénateur LR Cédric Vial.

Le