Si une semaine après le renversement du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron est sur le point de nommer un nouveau Premier ministre, la situation politique française inquiète particulièrement les eurodéputés à Bruxelles que certains comparent à celle en Allemagne.
Elections européennes 2024 : « Il y a deux projets qui s’opposent, le nôtre et celui du Rassemblement National », affirme Prisca Thévenot
Par Stephane Duguet
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Un peu moins de dix heures avant le premier débat de la campagne européenne, Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement et ministre en charge du renouveau démocratique a lancé une première pique : « Il n’y a pas de petites, de moyennes et de grandes antennes. Partout dans nos démocraties où l’Etat de droit règne, le débat doit pouvoir avoir lieu, un débat éclairé avec l’ensemble des forces politiques ».
Une précision apportée pour pointer l’absence de Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National, qui a choisi d’être représenté lors de ce débat organisé et diffusé sur Public Sénat à 17 heures depuis le Parlement européen à Strasbourg. « Soyons sérieux… Et pourquoi pas Coquelicot TV ? » avait-il ironisé d’après la Tribune Dimanche. Les sept principales têtes de listes seront donc présentes sauf lui, remplacé par l’eurodéputé Thierry Mariani, plutôt proche de la Russie.
L’avance dans les sondages de la liste du RN n’inquiète pas la porte-parole du gouvernement. Jordan Bardella est donné à 31 % des intentions de vote contre 18 % pour la candidate macroniste Valérie Hayer. « Les sondages ont plutôt fait acte de cote de popularité. Et c’est vrai que le sourire ravageur de Jordan Bardella fait gagner des cotes de popularité. Mais est-ce que c’est ça qui fait gagner en puissance politique pour la France en Europe ? Je ne suis pas sûre », tacle Prisca Thévenot selon qui « à partir de ce soir, nous allons voir celles et ceux en campagne pour défendre des indemnités et celles et ceux en campagne pour promouvoir des idées ».
« Europe puissante » contre « Europe honteuse »
L’ancienne députée Renaissance défend le gouvernement et le président de la République d’installer un duel avec le Rassemblement National. « Il ne faut pas en faire une élection de mi-mandat », martèle la ministre tout en affirmant « qu’il y a deux projets qui s’opposent, le nôtre et celui du Rassemblement National », oubliant donc d’évoquer les autres listes de Les Républicains (LR), du Parti Socialiste et Place Publique, du Parti Communiste, de la France Insoumise, des Écologistes ou encore de Reconquête.
Selon Prisca Thévenot, le 9 juin 2024, les électeurs auront le choix entre un projet « où nous voulons regarder sans naïveté, mais en responsabilité l’Europe en disant que nous avons besoin d’une Europe puissante » et « en face une Europe un peu timide voire honteuse ». La ministre chargée du renouveau démocratique estime que le thème central de la campagne sera « le quotidien des Français et que force est de constater que l’agression du Kremlin en Ukraine a des conséquences dans le quotidien des Français », évoquant notamment l’inflation et les prix du gaz et de l’électricité.
Le premier débat des européennes se déroule d’ailleurs juste après l’adoption symbolique par un vote mardi à l’Assemblée nationale et mercredi au Sénat sur l’accord bilatéral de sécurité signé entre la France et l’Ukraine le 16 février. Les insoumis et les communistes ont voté contre, le RN s’est abstenu quand une minorité de LR ont fait le choix soit de l’abstention soit du rejet de ce document. « C’était une séance de clarification des pouvoirs politiques vis-à-vis des Français », considère Prisca Thévenot. La porte-parole du gouvernement rejette d’ailleurs les accusations de l’opposition d’instrumentaliser ce débat sur l’Ukraine organisé en pleine campagne européenne : « La mort de Navalny, les attaques répétées de Medvedev, les cyberattaques, les formes d’ingérences ce sont des calendriers imposés ».
« Durcissement de ton du Kremlin »
La ministre chargée du renouveau démocratique est d’ailleurs revenue sur la cyberattaque qui a visé pendant plusieurs semaines de février à mars, France Travail, anciennement Pôle Emploi. Près de 43 millions d’utilisateurs de la plateforme pourraient s’être fait dérober leurs informations personnelles comme le nom, prénom, date de naissance, numéro de sécurité sociale, mais aussi adresse mail, postale et numéro de téléphone. « Je tiens à rassurer sur le fait que les données bancaires n’ont pas été divulguées », insiste Prisca Thévenot.
La découverte de cette cyberattaque intervient quelques jours après une attaque d’ampleur sur les services de l’Etat. Si l’implication de la Russie reste à déterminer dans ces deux derniers cas, la ministre précise qu’il y a « un durcissement de ton du Kremlin ». Une situation sur laquelle le président de la République va certainement réagir. Après le débat sur les élections européennes, Emmanuel Macron interviendra dans les journaux de TF1 et France 2 pour parler de la guerre en Ukraine.
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