« 100 jours » : « Des jours avec et des jours sans »
Après sa prise de parole en amont du Conseil des ministres vendredi dernier, Emmanuel Macron a décidé de s’exprimer à nouveau ce lundi, depuis Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Le chef de l’Etat a réitéré son soutien à la Première ministre, un « choix de la confiance, de la continuité, et de l’efficacité. » Le Président de la République s’est montré plutôt satisfait du bilan de ces fameux « 100 jours. »
« On nous expliquait que le pays serait à l’arrêt et qu’il n’y aurait plus de déplacement possible sans les casseroles », s’est ainsi félicité Emmanuel Macron, en vantant le nombre de textes votés depuis l’élection de la nouvelle Assemblée nationale, tout comme vendredi dernier. Politiquement, le Président a reconnu qu’Élisabeth Borne n’avait pas réussi à « élargir la majorité », comme il lui en avait fixé l’objectif. « Elle a essayé », a-t-il concédé, avant d’ajouter qu’il n’y avait « pas de majorité de rechange », et qu’il fallait donc construire des « majorités d’échange », texte par texte, pour les faire passer.
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Emmanuel Macron enfile encore la casquette de ministre de l’Education nationale
La nomination de Gabriel Attal ne semble pour le moment pas avoir changé une constante de ces derniers mois : un investissement personnel très fort d’Emmanuel Macron sur les questions liées à l’éducation. Le débarquement de Pap Ndiaye ne semble pas y avoir changé grand-chose, le chef de l’Etat continue de rentrer dans les détails de l’application des réformes concernant l’Education nationale. Revalorisation par le « pacte » enseignant, remplacements, nombre d’élèves par classe, ajustements de la réforme du bac ou de Parcoursup : Emmanuel Macron a longuement développé la feuille de route qui attend Gabriel Attal à la rentrée, en s’engageant à ce qu’il y ait « un professeur devant chaque classe ».
Violences urbaines : Emmanuel Macron en reste à l’autorité parentale et à « l’ordre public numérique »
C’était en revanche la première prise de parole du chef de l’Etat depuis les violences urbaines qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre le 27 juin dernier. Le Président de la République a dénoncé des « violences inqualifiables », qui ont « heurté tous nos compatriotes. » D’après lui, c’est bien « le retour à l’ordre qui a prévalu. » « L’ordre, l’ordre, l’ordre », a même scandé le chef de l’Etat, qui en a appelé au « retour de l’autorité » dans « chaque famille », pointant le « cadre familial fragilisé » d’enfants issus de familles monoparentales ou de l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Emmanuel Macron a tout de même appuyé la nécessité de « revoir notre politique de répartition des difficultés », qui se concentrent parfois « dans les mêmes quartiers », ainsi que leur prévention par « l’Ecole et l’accompagnement. » Mais le chef de l’Etat est vite revenu au diagnostic posé dans un premier temps en posant à nouveau la question des « réseaux sociaux. » « Beaucoup de ces jeunes ont organisé ces émeutes, parfois des concours, par certains réseaux. On doit d’abord mieux protéger nos adolescents des écrans et de manière partenariale avec les plateformes, arriver à faire retirer les contenus appelant manifestement à la violence », a notamment détaillé Emmanuel Macron, appelant même à mettre en place un « ordre public numérique. »
Police : « nul n’est au-dessus des lois », y compris les forces de l’ordre
Après la charge dans Le Parisien du Directeur Général de la Police Nationale (DGPN), Frédéric Veau, contre le placement en détention provisoire d’un policier à Marseille dans le cadre d’une enquête sur des violences policières commises en marge des émeutes début juillet, Emmanuel Macron n’a pas souhaité « commenter » ces propos. « De là où je suis en tant que garant des institutions, c’est une décision prise par un magistrat, je ne me prononcerai pas », a développé le Président de la République.
Le chef de l’Etat a ménagé la chèvre et le chou sur ce sujet, pointant d’abord la nécessité de « comprendre l’émotion » des forces de sécurité intérieure après un « déferlement de violence inédit », tout en rappelant que « nul n’est au-dessus des lois », y compris les forces de l’ordre. « Je ne voudrais pas que l’on se trompe de débat et je comprends l’émotion qu’il y a chez nos policiers, confrontés à la violence la plus extrême, il faut entendre cette émotion tout en faisant respecter l’Etat de droit pour tous », a conclu Emmanuel Macron.
Ecologie : un plan de transition écologique « secteur par secteur » à « la fin de l’été »
Au niveau de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, « les cinq dernières années, on a fait deux fois plus vite que les cinq précédentes », a rappelé Emmanuel Macron. « Si l’on veut tenir notre cap de 2030 et 2050, il va falloir faire deux fois plus vite encore sur les cinq années devant nous », a ajouté le chef de l’Etat avant de confirmer l’annonce « à la fin de l’été » d’une planification écologique, « secteur par secteur. »
« On va demander à tous les secteurs d’avoir des objectifs et il y aura des moyens qui vont avec », a assuré Emmanuel Macron en promettant de l’investissement public. » Alors que l’exécutif multiplie les promesses d’économies budgétaires, comment dégager le financement ? « On fera des économies sur certains sujets, mais on va investir plusieurs milliards en plus » dans la planification écologique, a assuré le Président de la République.
Vers un 49.3 sur l’immigration ? « La Constitution prévoit des chemins pour les textes »
Le projet de loi immigration est bloqué en commission des Lois du Sénat depuis mars dernier, et le gouvernement ne l’a toujours pas mis à l’agenda parlementaire en séance. « Dès la rentrée, le ministre de l’Intérieur doit travailler avec la majorité relative, mais aussi les forces d’opposition qui ont fait des propositions », pour le finaliser, a assuré Emmanuel Macron en ciblant les Républicains et leurs deux propositions de loi sur le sujet : « J’ai bon espoir que les oppositions républicaines qui veulent que le pays soit mieux protégé dans ses frontières et qu’il y ait moins d’immigration clandestine, que l’on raccompagne mieux vers leur pays d’origine ceux qui n’ont rien à faire chez nous, voire qui troublent l’ordre public ou sont dangereux, nous aident à bâtir un texte avec détermination, sincérité et engagement. »
Mais une fois cet appel du pied politique posé, le Président de la République ne ferme aucune porte au niveau de la méthode pour faire passer le texte. « Après, la Constitution prévoit des chemins pour les textes, et j’aurai la responsabilité pour que l’efficacité soit au rendez-vous », a prévenu le chef de l’Etat, ne fermant ainsi pas la porte à l’utilisation du 49.3 à disposition du gouvernement sur la session parlementaire en dehors de textes budgétaires. Sur le fond, Emmanuel Macron a réaffirmé la ligne d’une « réponse humaniste, française, mais efficace. »