Dissolution : entre « choc » et « sidération », la majorité d’Emmanuel Macron va tenter de « reprendre la main »
Après l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, « tout le monde était un peu sonné », du côté de la majorité présidentielle. L’objectif est de « retrouver du vent dans le dos et être ceux qui assument de redonner la parole aux Français », explique un ministre. De quoi pousser aussi à la « clarification », notamment côté LR. Pour les investitures, qui doivent être bouclées dans la semaine, « ça consulte dans tous les sens ».
Un lendemain de dissolution, c’est comme un lendemain de soirée trop arrosée. Il faut s’en remettre. Mais les députés de la majorité n’ont pas fait la fête ici, au contraire. C’est plutôt la douche froide. « C’était la surprise pour tout le monde », raconte un observateur de la majorité. « Hier soir, il y avait une réaction de stupeur, c’est le choc. D’abord par le résultat, ensuite par l’annonce du Président. Tout le monde était un peu sonné », raconte une conseillère de l’exécutif.
« Pour beaucoup, ça a été une sidération. Faut comprendre que les députés ont craint d’être dissous en début de mandature, de nouveau lors de la loi immigration. Puis ils ont pensé après qu’ils étaient plutôt tranquilles. Donc hier soir, c’était la surprise », explique un parlementaire Renaissance.
« Je n’ai pas une minute »
Et voilà les 250 députés Renaissance, Modem et Horizons contraints et forcés de repartir au charbon, dans une campagne expresse d’à peine trois semaines. « Je n’ai pas une minute. Je suis en train de lancer ma campagne et ce n’est pas une mince affaire », textote un député, de fait pris de court, comme tous ses collègues. Même chose pour une ministre qui est maintenant à fond sur la campagne.
Certains tentent encore de comprendre l’idée, avec la furieuse impression qu’aller maintenant devant les urnes revient à les envoyer au casse-pipe et serait de la folie. « J’entends beaucoup ça », glisse un conseiller, qui constate qu’Emmanuel Macron a gardé son côté disruptif, comme on disait en 2017 :
Le Président préserve sa capacité à surprendre tout le monde. Il n’est jamais là où on l’attend. A chaque fois, ça lui a réussi.
Un conseiller de la majorité.
Décision « assez étrange » du Président
Pour le député Modem Jean-Louis Bourlanges, ce sera sans lui. Il annonce au Figaro qu’il ne se représente pas. Une décision prise de « longue date », en cas de dissolution. Mais au passage, cette figure de l’Assemblée dit trouver « assez étrange » la décision du Président. « Seul l’accord entre une droite et une gauche modérée, soit le type de coalition mise en place par Macron en 2017, est capable d’empêcher le triomphe du Rassemblement national. Mais ils refusent cet accord », pointe Jean-Louis Bourlanges.
Pour le sénateur Renaissance des Yvelines, Martin Lévrier, « on ne peut pas faire comme si de rien n’était ». A ses yeux, il est justifié de « redonner la parole aux Français pour savoir si c’était un coup de colère, ou s’ils sont prêts à mettre les doigts dans la prise ». « Quand on est député, la confiance vient des Français », rappelle Martin Lévrier, qui reconnaît que « c’est plus facile à dire pour moi, qui suis sénateur ». Il avoue que voir le RN à Matignon, « ce serait (son) angoisse », mais il va se « battre contre ça ».
Personne n’a vu venir le coup
En sortant sa carte dissolution sur la table, Emmanuel Macron a joué la surprise du chef. Personne n’a vu venir le coup. Un ministre rencontré il y a deux semaines, n’y croyait pas. « Il sera obligé de bouger car s’il ne bouge pas, il y aura une motion de censure adoptée », avançait ce membre du gouvernement. Mais le même ajoutait : « Je ne suis pas pour dire qu’on met le RN au pouvoir. Jamais. Je suis trop attaché à mon pays »…
Une de ses collègues évoquait cependant l’hypothèse la semaine dernière. « Des gens disent qu’on pourrait faire une dissolution maintenant, et dans ce cas, il y a le RN à Matignon », glissait cette ministre, qui n’était pas adepte de l’idée, qui reviendrait à laisser le RN se griller, en étant aux manettes, en vue de 2027. Preuve peut-être que l’idée commençait à circuler dans les allées du pouvoir.
Les trois hypothèses sur la table d’Emmanuel Macron dimanche soir
Mais tout est resté secret jusqu’à la dernière minute. Un membre du gouvernement, présent dimanche soir lors de réunions autour du chef de l’Etat, raconte les options qui étaient sur la table du Président. « Il y avait 3 hypothèses : le premier ministre remet sa démission à 20h02, elle et refusée ou acceptée ; le référendum : un seul, plusieurs espacés ou un référendum à tiroir. Les thèmes évoqués : les institutions, avec la proportionnelle et la limitation du nombre d’élus, l’écologie, l’économique et sociale ou le régalien. Certains sont allés jusqu’à proposer la question », raconte cette ministre, « et la dissolution », piste donc choisie. La seule, aux yeux d’Emmanuel Macron, permettant de répondre à la situation politique.
Lors de la réunion des ministres, convoqués dimanche soir à 22 heures, certains ont laissé leur « body langage » parler pour eux. Certains étaient comme « figés », s’amuse une ministre, qui mime ses collègues… « On était plusieurs à avoir dit que si on ne fait pas un accusé de réception, ça allait mal se passer », raconte la même, qui reconnaît pudiquement qu’elle n’était « pas nécessairement dans ce niveau d’audace et de calendrier. Mais collectivement, on est arrivés à l’idée que cette question de la dissolution allait se poser ».
« L’idée, c’est de ne pas donner l’impression qu’on est là juste pour durer car la soupe est chaude »
« On se positionne en responsabilité, on ne pourra pas dire qu’on n’a pas entendu », veut croire un membre de la majorité présidentielle. « Le Président a dit qu’on n’avait pas décidé de godiller », « l’idée, c’est de ne pas donner l’impression qu’on est là juste pour durer car la soupe est chaude, sous les ors de la République », lâche un détenteur de marocain, qui assure qu’« on ne fait pas de calculs politiques ». Et d’ajouter :
Quitte à embrasser une situation politique différente, autant reprendre la main et retrouver du vent dans le dos et être ceux qui assument de redonner la parole aux Français.
Un ministre.
S’il faut une dissolution, alors autant la lancer tout de suite, histoire de rester (encore un peu) le maître des horloges pour Emmanuel Macron. « Le Président a voulu reprendre la main, ne pas se laisser imposer les choix », explique un responsable de la majorité. De quoi aussi prendre tout le monde de court. Les députés de la majorité, certes. Mais aussi une gauche divisée et la droite perdue. Si la gauche part éparpillée, les candidat macronistes pourraient plus facilement se retrouver au second tour, et espérer l’emporter. Et les députés de droite devront, eux, choisir.
C’est « la clarification » qu’on espère au gouvernement, « où est-ce que chacun habite ? ». Un message envoyé à « ceux qui ont un pied dedans, un pied dehors ». « Ce n’est pas je vous aime bien les jours de pleine lune », raille une ministre, qui croit « possible qu’il y ait des alliances avec certains LR ».
Pour les investitures, « du cas par cas, avec une capacité à tendre la main aux LR et au PS »
Dès dimanche, le ministre Stéphane Séjourné, numéro 1 de Renaissance, a affirmé que des députés de l’opposition pourront être investis, s’ils font « partie du champ républicain » et à condition d’adhérer à « projet » partagé.
« Ça va être du cas par cas, avec une capacité à tendre la main aux LR et au PS, le cas échéant », explique une source au sein de la majorité. « Et les LR, comme les autres, doivent regarder les résultats dans leur circo, et voir quelles sont les chances de gagner ». Il faut que les escargots dégorgent en somme. « Les 24 ou 48 prochaines heures vont permettre d’y voir plus clair », glisse-t-on.
Pour « les investitures, ce sont les trois chefs de partis, Stéphane Séjourné, François Bayrou et Edouard Philippe, auquel on ajoute le président de l’UDI, Hervé Marseille, et le Président », explique une source gouvernementale, selon qui « il faut être clinique et mettre les meilleures personnes aux meilleurs endroits ». L’attitude d’Horizons, qui a réuni à nouveau son bureau politique ce lundi, sera scruté. Edouard Philippe devait échanger dans la journée avec Emmanuel Macron. « Ça consulte dans tous les sens » entre députés, raconte un observateur aux premières loges.
« Cela ne sert à rien de taper sur le RN, ça les victimise »
Mais avec seulement deux semaines de campagne, à partir du dépôt des listes, comment convaincre ? « Cela ne sert à rien de taper sur le RN, ça les victimise », pense-t-on dans la majorité, préférant « donner une vision ». Mais « ça ne peut pas être 25 idées et un programme de 352 pages », prévient-on. Les stratèges de la majorité misent plutôt sur « 4-5 idées fortes pour mener campagne ». Emmanuel Macron, encore lui, va donner le cap dans la semaine, avant de s’envoler pour le G7.
Et les macronistes assurent jouer la gagne. Ils veulent y croire, malgré les vents contraires. « Je pense que les gens qui ont voté pour Jordan Bardella dimanche ne partagent pas toutes les idées du RN […] Je pense que le RN n’aura pas la majorité », avance François Patriat, président du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat, invité de la matinale de Public Sénat. « Ce scrutin, transformé en scrutin national, ne sera pas le même scrutin », pense ce fidèle d’Emmanuel Macron.
« On prend le risque de perdre, mais pour avoir la chance de gagner »
Une majorité relative pour le RN est aussi une possibilité sérieuse. Dans ce cas, certains imaginent déjà une forme « d’union nationale » et de « coalition », alliant droite et une partie de la gauche, pour éviter l’extrême droite à Matignon. Mais dans ce cas, ce serait une forme de cohabitation, où Emmanuel Macron devra accepter de lâcher du pouvoir.
Une ministre avoue que tout semble possible. « On prend le risque de perdre, mais pour avoir la chance de gagner », lance-t-elle. Pile ou face. Jouer l’avenir de sa famille politique et du pays sur une dissolution très incertaine, pari risqué.
Un livre enquête paru ce jeudi documente l’état de connaissance de l’institution catholique sur les accusations de violences sexuelles dont faisait l’objet, dès les années 50, l’abbé Pierre. Les journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin révèlent, entre-autres, que le Vatican était au courant depuis les années 50 des agissements de cette icône médiatique de la seconde partie du XXe siècle.
Alors qu’une nouvelle épidémie de chikungunya sévit à La Réunion, Philippe Mouiller et Élisabeth Doineau, président et rapporteure générale de la commission des affaires sociales du Sénat sont allés à Mayotte, puis à La Réunion pour établir les conséquences du virus sur le territoire réunionnais.
Ce jeudi, Véronique Louwagie, ministre déléguée du Commerce, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Elle a annoncé que la mesure visant à baisser le seuil d’exonération de la TVA pour les micro-entreprises, ferait l’objet d’une concertation avec les parlementaires “début mai”.
Les Républicains ont plus que doublé leur nombre d’adhérents, à un mois du vote qui doit départager Laurent Wauquiez de Bruno Retailleau pour la présidence du parti. L’Ile-de-France rassemble le quart des militants, l’ancienne région de Laurent Wauquiez plus de 16 %. Dans son fief de la Haute-Loire, « on est passé de 200 à plus de 2000 adhérents », revendique le sénateur Laurent Duplomb. « Les fiefs vont s’égaliser, c’est le reste de la France qui fera la différence », selon Max Brisson, soutien du ministre de l’Intérieur.
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