La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Discours sur l’état de L’Union, la campagne des européennes a commencé
Par Marie Bremeau
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A 9 mois des élections européennes, le rituel discours sur l’état de l’Union a pris cette année une dimension encore plus politique que les années précédentes. A commencer par une défense de l’action de la commission depuis quatre ans.
Ursula Von der Leyen, a surtout profité de son dernier discours comme cheffe de l’exécutif européen pour tracer ce qui pourrait être la base d’un futur programme.
Un discours « tiède » ?
Pour Nicola Beer, députée allemande (Renew Europe) le grand oral a manqué d’ambition. « Elle ne m’a pas convaincu, j’étais déçue, sur le contenu, sur la structure, également sur la température. J’ai trouvé que c’était plutôt tiède. Pour moi, ce n’était pas la réponse qu’attendent les Européens face aux grands défis. » qui les attendent.
Un ton inhabituel dans les prises de paroles du groupe Renaissance, habitué à une opposition moins frontale avec la droite européenne. « Je suis déçue car elle [Ursula Von der Leyen] a tellement d’outils à disposition et de possibilité et elle n’a pas vraiment œuvré pour les citoyens comme il le fallait. Moi j’ai vraiment peur que le résultat, c’est que cela profite aux populistes de droite ou de gauche. »
« Une forme de désincarnation »
Pour la socialiste française Sylvie Guillaume, « il y a des choses sur lesquelles on peut être d’accord, comme l’idée de l’élargissement, l’idée de faire du numérique, l’idée de mieux contrôler l’intelligence artificielle. » Mais les bons points distribués s’arrêtent là. “Globalement, j’ai trouvé ce discours très désincarné, on ne savait pas très bien à qui s’adressait ce discours, mais en tout cas pas aux citoyens! Il y avait une forme de désincarnation par rapport aux enjeux réels des gens. »
Un exercice d’équilibriste pour Ursula Von der Leyen. Si elle a défendu le projet phare de sa mandature, le Pacte vert -qui doit emmener le vieux continent à la neutralité carbone en 2050- la tonalité de son discours avait cette année une tournure résolument libérale. Au moment où l’inflation plonge des millions d’Européens dans la précarité, la faiblesse de son discours social a été remarqué.
Avancer plus vite sur la lutte contre le réchauffement
« Pour lutter contre le changement climatique, il ne faut pas avoir le pied sur le frein maintenant, il ne faut pas se contenter des mesures existantes, il faut avancer, il faut aller beaucoup plus loin, c’est un changement de modèle qu’il faut maintenant mettre dans les tuyaux, et ça on ne l’a pas du tout senti dans son message et dans son discours. Il y a eu beaucoup de choses vraiment très très pro-business, on sentait qu’elle s’adressait vraiment aux entreprises», regrette Sylvie Guillaume.
Des signaux clairement à destination de sa famille politique, le parti populaire européen, qu’elle cherche à rassurer en vue des élections et de sa probable entrée en campagne pour un deuxième mandat à la tête de la Commission.
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